ÉDITORIAL L'un des derniers plaisirs dans ce monde devenu si bizarre
On est pas prêt de voir du foot à la TV. En tout cas, l'affaire semble mal embarquée après le constat ce lundi de l'appel d'offres resté infructueux de la Ligue de football. Canal Plus et BeinSport, son partenaire désormais, ont boudé. Quelques acteurs se sont manifestés mais leur offre reste bien en-deçà des attentes du monde du football. Même Amazon, qui aurait pourtant les moyens d'être ambitieuse, a joué petit bras selon les derniers échos de la presse sportive. Il faut dire que la crise sanitaire est venue mettre en péril une équation économique déjà fragile. Une incertitude bien sûr amplifiée par Mediapro qui avait surestimé ses capacités financières en proposant il y a quelques années, une offre démentielle pour acquérir 80% de la Ligue 1. Mais la crise liée au coronavirus n'a rien arrangé. Elle a même scellé le sort de nombreux clubs. Plus de supporters dans les stades, plus de billetterie, plus de droits TV. C'est le début de la fin. Aujourd'hui, c'est toute l'économie des clubs qui est en danger. Les petits comme les grands. Et ne parlons même pas des spectacles offerts devant nos écrans. Sans ambiance, sans passion, plus d'intérêt pour les compétitions. Et c'est le football lui-même qui n'a plus de raison d'exister. Plus localement, même si le président du Nîmes Olympique a les reins solides, il ne pourra pas financer à lui tout seul tous les frais engendrés par un championnat à vingt clubs. Il n'en a pas envie, on le comprend. Ce serait à pure perte. D'autant qu'aucune collectivité, même avec la plus grande des ambitions, ne peut aujourd'hui se permettre de financer un club d'élite. L'époque Bousquet est révolue. Reste l'État qui pourrait venir à la rescousse. Le président Emmanuel Macron et ses équipes devraient s'intéresser à la situation. Ils suivent le dossier de près apparemment. Pas question bien entendu d'imaginer un financement entièrement public des droits TV du football français. Mais il n'est pas question, en ces temps de crise grave, avec des supporters enfermés chez eux, de couper l'image et le son. C'est peut-être l'un des derniers plaisirs dans ce monde devenu si bizarre. Et même si à Nîmes la saison sportive est catastrophique, sans aucune certitude sur la capacité du Nîmes Olympique de se maintenir parmi les grands et même actuellement plus de raisons d'en douter. Une chose est sûre : on a envie de continuer à vibrer, même un peu, sur notre canapé.
Abdel Samari
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