Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 21.06.2021 - coralie-mollaret - 5 min  - vu 1655 fois

FAIT DU JOUR La Gauche à la reconquête du Département

Vincent Bouget, candidat de l’union de la Gauche sur le canton de Nîmes 3, et Amal Couvreur, candidate sur le canton de Nîmes 2 (Photo : Coralie Mollaret)

Ce premier tour des élections départementales est encore une fois, hélas, marqué par la faible participation (25,15% à 17 heures) sur l’ensemble du Gard. En revanche, ceux qui se sont déplacés aux urnes ont porté la Gauche qui sera présente dans tous les seconds tours à Nîmes comme à Alès.

And the winner is... l’abstention ! Ce dimanche, seulement 26% des électeurs se sont déplacés aux urnes pour les Départementales et Régionales. Un double scrutin qui a laissé indifférent la grande majorité des 543 000 électeurs gardois. Pour autant, le conseil départemental est présent dans notre quotidien à travers l’aide sociale à l’enfance, le maintien à domicile des personnes âgées, la construction et l’entretien des collèges ou encore des routes départementales.

Reportées en raison de la crise sanitaire, les Départementales permettent l'élection des conseillers départementaux. Depuis 150 ans, c’est la Gauche qui est au pouvoir dans le Gard. La majorité PS-PCF-EELV est élue sur onze cantons, contre dix pour la Droite, et deux pour le Rassemblement national. Depuis le scrutin de 2015, la Gauche vit au rythme de la majorité relative. En clair : elle négocie avec son opposition de Droite, trouve des compromis, pour voter ses budgets et ainsi permettre à la collectivité de fonctionner.

La Gauche renforcée par son accord historique

François Seguy et Fatima El Hadi (Photo Anthony Maurin).

Pour avoir les mains libres, la Gauche a rassemblé, ce qui n’a pas toujours été le cas. Un pari payant puisque l’union a fait leur force. À Nîmes comme à Alès, la Gauche est présente au second tour dans les sept cantons. Une vague qui a fait boire la tasse - c'est la grosse surprise du soir - au sénateur Les Républicains et élu départemental sortant, Laurent Burgoa (22,03%), sur le canton de Nîmes 3. Fort de ses soutiens, le binôme composé du communiste Vincent Bouget (34,72%) et de son alliée écologiste, Dominique Andrieux-Bonnet, s’est hissé au second tour face au Rassemblement national.

Même prouesse de la Gauche sur le canton de Nîmes 4 avec le binôme France insoumise - Parti socialiste, incarné par François Séguy et Fatima El Hadi (33,79%). Enfin sur le canton de Nîmes 2, les sortants se renforcent et sèment le Rassemblement national avec 44% des suffrages ! « Nous sommes présents sur des seconds tours là où nous n’étions plus en 2015 ! C’est une fierté d’avoir sorti le Rassemblement national sur certains cantons comme à Alès », se réjouit Arnaud Bord, chef de file du PS du Gard.

Son allié communiste, Vincent Bouget, souligne aussi que les candidats de Gauche aux élections départementales ont pu profiter de la dynamique de la très populaire présidente socialiste de l’Occitanie, Carole Delga. À l’heure où nous écrivons ces lignes, la sortante devance l’extrême-Droite avec 36,6% des suffrages contre 23,5% pour Jean-Paul Gaurraud.

Abstention : à qui profite le crime ? 

Patrick Scorsone et Nathalie Nury sont à un souffle du RN à Roquemaure (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

Enfin, troisième facteur permettant à la Gauche de sortir son épingle du jeu : l’abstention. On l’a vu aux dernières Municipales, la Gauche bénéficie encore d’un solide réseau de militants qui, en cas de forte abstention, fait mécaniquement grimper les scores de ses candidats. Sur Alès 2, l’union de la Gauche représentée par Claude Cerpédes et Christiane Thomas met en difficulté l’élu sortant, maire de Saint-Privat-des-Vieux, Philippe Ribot, que beaucoup pensaient favori. Comme quoi, la tempête qui a frappé Alès dimanche après-midi n’a pas douché les militants communistes !

Dans le Gard rhodanien, l’exemple est encore plus frappant. Les forces vives de la majorité départementale étaient en grandes difficultés. Le canton de Bagnols ne comptait pas moins de six listes ! Un record dans le Gard… La raison ? Les "anti-Pissas" qui voulaient en découdre avec l’élu sortant et sa binôme Sylvie Nicolle. Que nenni… Avec une faible abstention, Alexandre Pissas fait la différence (27,31%) en mobilisant ses troupes, laissant au bord de la route ses détracteurs, dont le binôme centriste Marie Seube - Claude Roux (16,67%). Alexandre Pissas se qualifie donc au second tour face au Rassemblement national arrivé en tête avec 36,52%. Reste à savoir si ce dernier bénéficiera du report de voix de ses ennemis pour battre l’extrême-Droite ?

Scénario similaire à Pont-Saint-Esprit. Les sortants de la Gauche unie, Christophe Serre et Carole Bergeri, devancent le Rassemblement national avec 40%, soit neuf points de plus que le score réalisé par la femme de Gilbert Collard, Anne-Marie. Dans la bataille, la Gauche écarte le binôme dissident constitué de Catherine Chantry et Fred Mahler, maire de Goudargues (16,58%). Enfin à Roquemaure, la sortante Nathalie Nury a profité de la dynamique d’union de la Gauche pour se qualifier au second tour (31,24%) face au Rassemblement national (32,78%) et évincer au passage son ancien binôme, Philippe Pécout.

La Droite en net recul

Élu depuis 2011, Le Républicain Laurent Burgoa (à droite) a été battu dès le premier tour des élections départementales sur le canton de Nîmes 3 (Photo : Coralie Mollaret)

S'il y a des gagnants, il y a forcément des perdants. Hier soir, la Droite avait mauvaise mine. Surtout Laurent Burgoa, la mâchoire serrée, qui concède : « Ça me paraît compliqué de gagner le conseil départemental au regard des premiers résultats. » Il faut dire que dès le départ, la Droite était absente sur quatre cantons (Bagnols, Rousson, Le Vigan et Quissac) et qu'il est impossible dans ces conditions de réaliser le grand chelem.

Certes, la Droite a réussi à évincer son ennemi centriste, Thierry Procida, sur le canton de Nîmes 1, mais ses candidats des cantons d’Aigues-Mortes et de Marguerittes ont été battus. La sortante Les Républicains, Caroline Breschit, et son nouveau binôme, Arnaud Fourel, n’ont pas réussi à se maintenir au second tour (22,65%). Idem sur le canton de Marguerittes où la Droite incarnée par le maire de Manduel, Jean-Jacques Granat, et l’adjointe de Bouillargues, Marie-Pierre Tronc, rate d’un cheveu sa qualification pour le second tour (23,99%), laissant le champ libre à un duel entre le maire de Marguerittes, Rémi Nicolas (24,05%), et le Rassemblement national (35,85%).

L’extrême-Droite plie mais ne rompt pas

Le binôme Rassemblement national Corine Martin - Jean-Louis Morelli est largement en tête à Bagnols, avec 40,94% des voix. (Marie Meunier / Objectif Gard)

Si, en 2015, le parti de Marine Le Pen était présent dans tous les cantons, ce n’est pas le cas six ans plus tard. Après des élections municipales compliquées, le RN souffre toujours d’un manque d’implantation. Contrairement à la Gauche, la forte abstention n’a pas joué en sa faveur, ne lui permettant pas de se qualifier sur les cantons d’Alès. Pire ! sur le canton de Nîmes 4, l’extrême-Droite est aussi évincée. C’est pourtant un territoire sur lequel elle nourrissait de grands espoirs en raison des derniers règlements comptes liés au trafic de drogues qui excèdent les habitants. Déception aussi sur le canton de Nîmes 2 où l’un des cadres du Rassemblement national, Yoann Gillet, se qualifie péniblement au second tour (31%) derrière les sortants, Christian Bastid et Amal Courveur.

En revanche, le Rassemblement national est en bonne position pour confirmer ses victoires de 2015 dans les cantons de Vauvert et de Beaucaire. À Beaucaire, le Rassemblement national aux affaires parvient à mobiliser ses troupes en faveur de Jean-Pierre Fuster et Élisabeth Mondet (51,72%), arrivés largement en tête devant Catherine Climent et Frédéric Étienne (17,67%). À noter aussi qu’à Marguerittes, Bagnols et Aigues-Mortes, l’extrême-Droite n’est pas battue d’avance… Le scrutin du second tour, dimanche prochain, réserve encore son lot de surprises.

Tony Duret et Coralie Mollaret 

Coralie Mollaret

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