Publié il y a 19 h - Mise à jour le 17.10.2025 - François Desmeures - 5 min  - vu 546 fois

ALÈS / BESSÈGES Le train n'arrivera à Bessèges qu'en 2030, Saint-Ambroix en 2028

La gare de Bessèges ne verra pas de passagers avant 2030

- François Desmeures

Le comité de pilotage de la ligne de chemin de fer Alès-Bessèges s'est tenu ce vendredi. Le vice-président de la Région Occitanie, Jean-Luc Gibelin, a présenté un calendrier en deux phases : l'une portant la ligne d'Alès à Saint-Ambroix, en 2028, l'autre entre Saint-Ambroix et Bessèges, en 2030. Une déception pour les élus et le collectif de défense de la ligne, tandis que la Région se débat encore dans les études environnementales. En revanche, les pôles d'échanges multimodaux progressent. 

La gare de Bessèges ne verra pas de passagers avant 2030 • François Desmeures

Plus d'un an et demi s'était écoulé depuis le dernier comité de pilotage de la ligne Alès-Bessèges, en février 2024, à la sous-préfecture d'Alès (relire ici). On venait, alors, d'apprendre que la ligne ne serait pas achevée en 2026 mais, au mieux, en 2028, en raison du besoin d'une nouvelle étude environnementale. "On avait alors appris que la Région et la SNCF ne s'étaient jamais rencontrées", ironise aujourd'hui le premier adjoint de Bessèges, Jacques Molle. Ce vendredi 17 octobre se tenait un nouveau comité de pilotage, initialement prévu début septembre.

Un peu plus de quarante personnes y ont assisté : élus du territoire, agents de l'agglo d'Alès, personnel de SNCF Réseaux ou encore collectif de citoyens pour la ligne Alès-Bessèges. "Le vice-président de la Région, Jean-Luc Gibelin, nous a présenté deux phases d'une même opération, explique le président de la communauté de communes De Cèze Cévennes, Olivier Martin. La ligne ouvrirait jusqu'à Saint-Ambroix, en 2028, puis jusqu'à Bessèges, en 2030."

"La situation fait que, notamment du point de vue environnemental, nous ne pouvons pas tout finir avant 2030, explicite le vice-président de la Région en charge des transports, Jean-Luc Gibelin : c'est sur la partie entre Saint-Ambroix et Bessèges que nichent les chauve-souris. Nous avons déposé la demande d'autorisation environnementale en juillet, confirmée en septembre. En retour, nous avons reçu un courrier de douze pages qui sont des demandes de complétude de l'État. Nous continuons bien à faire la ligne Alès-Bessèges. Et même si les gens ne voient pas de travaux, le côté concret du projet est déjà en cours actuellement."

Le report reste "une déception, avoue tout de même Olivier Martin. Bessèges est ainsi considéré comme une seconde zone, alors que c'est peut-être là où il y a le plus besoin du train. La Région avance une facilité de mise en œuvre. De Saint-Ambroix à Bessèges, le terrain est plus accidenté, plus difficile, et il y a plus de patrimoine ferroviaire." Une raison qui ne satisfait pas Jacques Molle, qui regrette de devoir s'en prendre à un camarade du même parti politique.

"Ici, on est sous oxygène, et les bombonnes seront vides en 2030"

"Je suis très en colère, entame le premier adjoint au maire de Bessèges. On est bien obligé de dire les choses... Ici, on est sous oxygène, et les bombonnes seront vides en 2030. On me dit Saint-Ambroix d'abord, Bessèges ensuite, mais je n'y crois pas. Les gens avaient cette perspective. Une fois, c'est à cause des chauves-souris, une autre fois c'est autre chose. C'est compliqué et énervant. Ici, en ville, plus personne n'ose me poser la question sur cette ligne, les gens sont désabusés."

"Il faut déjà espérer que la ligne ait vraiment avancé en 2028, soupire la maire de Molières-sur-Cèze, Florence Bouis. Je crois à la volonté que Jean-Luc Gibelin met dedans. C'est d'ailleurs une chance d'avoir un vice-président aux transports de la Région concerné au premier chef". (Jean-Luc Gibelin est aussi élu à la mairie de Salindres, NDLR) Pour Florence Bouis, et même si cette raison n'a pas été invoquée par la Région, "le phasage permet d'étaler les efforts financiers. D'ailleurs, ce qui est rassurant, c'est que la première phase coûte plus cher que la seconde (40 millions d'euros pour la première, 25 pour la seconde, NDLR). Le reste à faire sera moins important."

"J'ai rappelé que la première réunion sur la ligne datait de 2015"

Pour tempérer la discussion, le sous-préfet d'Alès aurait demandé aux maires du territoire s'ils étaient réellement prêts à recevoir de nouveaux habitants liés à la ligne. "J'ai rappelé, souligne Olivier Martin, que la première réunion sur la ligne datait de 2015. Et qu'elle est la colonne vertébrale de notre projet de territoire. Si on mène des opérations de renouvellement de l'habitat, ce n'est pas pour rien !"

"Comme l'a dit le maire de Robiac, abonde Florence Bouis, quand on travaille nos plans locaux d'urbanisme, on intègre la ligne. À Molières, j'ai un projet de rénovation de quartier, le train en est la clé !" De son côté, le collectif de citoyens, déçu par l'annonce, a "senti une grosse motivation de la part des élus présents, et tous en solidarité". Le maire de Saint-Ambroix, Jean-Pierre de Faria, serait d'ailleurs monté au créneau comme les autres, lui qui a déjà avoué ne pas avoir cru à l'utilité de la ligne, au départ, et alors que sa commune devrait être desservie dès 2028.

Les pôles d'échanges multimodaux avancent plus vite que la ligne

Citoyens et élus ont tout de même perçu des signes d'espoir dans les quelques annonces rassurantes que Jean-Luc Gibelin et les services de l'État ont partagé avec eux. D'abord, sur l'étude environnementale : "Les services de l'État ont assuré qu'elle n'aurait lieu qu'une seule fois, malgré le phasage", a noté Florence Bouis. La Région trime sur le sujet depuis de longs mois, et encore plus depuis la réouverture actée de Montréjean-Luchon. Le sous-préfet a incité Région et État à se rencontrer, arguant qu'il ne s'agissait que de petits compléments.

Autre sujet qui avance : la concertation sur la reprise, suppression ou création de passages à niveaux. "Un courrier va partir en novembre vers les administrations concernées, pour savoir quelles déviations seraient mises en place et quels passages seraient supprimés", explique un membre du collectif de défense de la ligne. "Je me suis engagé à envoyer à tout le monde le bilan de la phase de concertation sur les passages à niveaux. Cinq suppressions sont envisagées, aucun ne restera dans l'état actuel. Les gens vont donc voir se passer des choses concrètes dès 2026", rassure Jean-Luc Gibelin.

Novembre devrait aussi voir une réunion sur les pôles d'échange multimodaux, sorte de carrefour des différents modes de déplacement disponibles. "Il va falloir maintenant passer aux étapes de concrétisation, incite Jean-Luc Gibelin. Nous allons organiser un comité de pilotage pour le pôle d'échanges d'Alès, ainsi qu'une étude des mobilités avec le SMTBA" (syndicat mixte des transports du bassin alésien). Ceux de Salindres, Saint-Ambroix et de Bessèges avancent. Enfin, lors de la réunion, le représentant du président d'Alès Agglo a confirmé que la création de la halte ferroviaire aux Prés-Saint-Jean était bel et bien actée.

Moins sévère que ses homogues élus, puisqu'en première ligne, Jean-Luc Gibelin se désole néanmoins lui aussi de l'étirement des délais. "Le rapport entre la phase d'études et de travaux s'est déformé. Pour 18 mois de travaux, il faut désormais 7 à 8 ans de procédures, indispensables. Auparavant, on était plutôt sur des parts égales..." Un nouveau comité de pilotage aura lieu en 2026... La date dépendra de l'avancée des thèmes...

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