ALÈS Laïcité : les questions que les lycéens se posent
Hier après-midi, le lycée Jean-Baptiste Dumas d'Alès inaugurait la 1ère semaine de la laïcité, avec conférences, théâtre, cinéma... Pour l'occasion, une table ronde était organisée en présence de Nicolas Cadène, rapporteur général de l’Observatoire de la laïcité. Environ 150 élèves étaient présents.
Comment les lycéens perçoivent-ils la laïcité ? Quels sont ses enjeux ? C'est pour répondre aux interrogations des jeunes adolescents que quatre personnalités étaient invitées à Jean-Baptiste Dumas hier après-midi : Rainer Maria Kiesow, juriste et directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) à Paris, Frédérique Bélan, Déléguée académique à la vie lycéenne et collégienne, Salem Marchi, ancien professeur de lettres-histoire, et Nicolas Cadène, rapporteur général de l’Observatoire de la laïcité. Pendant plus d'une heure, les élèves ont posé des questions orales ou sur papier anonyme.
Comment définissez-vous la laïcité ?
Nicolas Cadène : Nous fêtons cette semaine les 110 ans de la loi 1905 qui entérine le principe de laïcité en France. Elle repose sur 3 fondamentaux : la liberté de conscience, la séparation de la religion et de l'Etat, et la liberté de religion.
Rainer Maria Kiesow : C'est une spécificité française. En Allemagne, la laïcité existe mais on paye encore un impôt d'Eglise. J'ai dû m'en acquitter quand j'étais jeune, pourtant, j'étais athée. Pour arrêter, j'ai rempli un dossier déclarant officiellement que je n'étais pas catholique.
Salem Marchi : La laïcité garantit la neutralité, pour que chacun se côtoie sans qu'aucune liberté ne soit entravée.
N'est-il pas contradictoire d'interdire le voile à l'école et de parler de laïcité ?
NC : Depuis 2004, les élèves doivent s'abstenir de montrer des signes religieux. Ce n'est pas contre une religion. On considère simplement qu'un jeune doit pouvoir se forger son opinion sans influence ni pression. Ce n'est pas une contradiction, ni un interdit.
Pourquoi l'autoriser dans l'enseignement supérieur ?
NC : Parce que les étudiants sont majeurs. Leurs choix sont considérés comme faits. L'université est un lieu de débat. En revanche, il y a des limites. On ne peut déranger les cours ou le fonctionnement de la faculté avec ses croyances.
Concernant les tenues, où se trouve la limite ?
NC : Ce soit être objectivable. Si un vêtement peut être porté par quelqu'un d'une autre confession, ce n'est pas considéré comme un signe religieux. Tout dépend aussi si cette tenue s'accompagne d'un comportement prosélyte.
On a débattu en cours de philosophie de la laïcité. Il y a certaines failles entre les principes et ce qui est réellement appliqué, je pense notamment aux subventions de l'Etat...
NC : C'est vrai. L'Etat ne subventionne pas les cultes, sauf en Alsace-Moselle. Cette région n'est devenue française qu'en 1919 et quelques cultes y sont rémunérés par le concordat. D'autres exceptions existent dans certains DOM-TOM. Au total, 4 millions de Français ne sont pas soumis à la loi de 1905. Il faut aussi citer les aumôneries dans les prisons, qui sont payées par l'Etat.
Pourquoi ne pas proposer des cours du fait religieux ?
NC : Ça va être renforcé de manière interdisciplinaire.
Quel sera l'impact du résultat des élections régionales sur la laïcité ?
NC : Il n'y aura pas de modification de la loi. Mais l'extrême-droite souhaite "délaïciser" l'Etat civil. Ce serait l'Eglise qui marquerait l'Etat civil, ce serait lourd de conséquences. Accorder un droit à certaines religions et pas à d'autres diviserait davantage que ne rassemblerait. C'est une instrumentalisation du principe de laïcité.
Dans la Constitution, la République française est laïque. Un gouvernement peut voter une loi allant à son encontre ?
NC : Non. Mais on peut modifier la Constitution. Pour cela, le vote parlementaire suffit et un référendum n'est pas nécessaire.
Tout le programme de la Semaine de la laïcité, organisé par le Conseil de vie lycéenne
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