ALÈS Pour sauver le site alésien de l'entreprise Crouzet, les élus du bassin font l'union sacrée
Ce mardi matin, à l'initiative de Jean-Michel Suau, conseiller départemental du canton d'Alès 1, une vingtaine d'élus locaux s'est réunie symboliquement devant l'entrée du site alésien de l'entreprise Crouzet Automatismes, voué à fermer très prochainement. Une pétition a notamment été lancée.
La dossier brûlant de la vie économique alésienne depuis le mois de décembre et l'annonce par la direction du groupe Crouzet Automatismes de la fermeture à venir de son site alésien, concernant 64 employés, n'a pas encore trouvé d'épilogue.
Des courriers ont été envoyés par les élus locaux, Christophe Rivenq, président d'Alès Agglomération, en tête, au Ministre de l'Économie et des Finances, mais ils n'ont rien donné, pas plus que la rencontre à l'Hôtel de ville avec le PDG du groupe, David Arragon, le 18 janvier dernier.
Jean-Michel Suau, élu d'opposition à la mairie d'Alès et conseiller départemental, qui s'est lui aussi emparé du dossier depuis plusieurs semaines, a réuni un contingent d'élus, "essentiellement de Gauche", ce mardi matin, devant les grilles d'entrée du site alésien de l'entreprise Crouzet Automatismes. Un choix que le communiste a qualifié de "symbolique", d'autant qu'il n'aurait pas été "approprié de réunir autant de personnes (une vingtaine d'élus locaux) dans une salle."
Il n'est qu'un "pion"
Le conseiller départemental, accompagné de son binôme, Geneviève Blanc, a d'abord rappelé le contexte dans lequel intervient ce "capitalisme sauvage" : "Le site alésien de Crouzet va fêter ses 50 ans cette année et a employé jusqu'à 1100 personnes à l'époque." Et d'ajouter : "On est face à une entreprise qui fait 25 millions d'euros de chiffre d'affaires par an. C'est une affaire qui marche !"
Ces points abordés, Jean-Michel Suau, qui attend impatiemment la publication de l'étude menée par le cabinet Syndex, s'est aussi souvenu que l'entreprise Crouzet a bénéficié du crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE), du crédit recherche et développement, et plus récemment, de 20 millions d'euros de prêt garanti par l’État (PGE). "Il serait un comble que ces prêts initialement prévus pour soutenir l'emploi servent au contraire à financer les licenciements", a-t-il martelé. "Au-delà de la sauvegarde des emplois, il en va de la défense de l'économie du bassin alésien", a quant à lui exprimé Paul Planque, tête d'affiche du Printemps alésien.
Si début février Christophe Rivenq a demandé aux actionnaires de Crouzet de changer de PDG, Jean-Michel Suau considère que ce dernier, David Arragon, n'est qu'un "pion" qui obéit à des "logiques financières d'un prédateur spéculatif" : LBO, actionnaire depuis 2018, venu faire ce qu'il sait faire de mieux : de l'investissement.
"Si l'État veut exiger des choses, il le peut"
Ce mardi matin, la vingtaine d'élus présente s'accordait à souligner le timing de ce plan de sauvegarde de l'emploi : celui d'une crise sanitaire qui "peut laisser croire à la population que l'entreprise est vraiment en difficulté", a imaginé Sylvain André, maire de Cendras, qui croit beaucoup à un soulèvement populaire pour sauver le site alésien de Crouzet : "Si l'État veut exiger des choses, il le peut. Mais pour ça il faut qu'il y ait une pression de l'opinion publique."
Dans l'optique d'associer les habitants du bassin alésien à leur démarche, les élus locaux ont lancé une pétition qu'ils diffusent massivement, la déployant notamment à l'accueil de certaines mairies. Le document a déjà été signé par une trentaine de personnes, essentiellement des maires du bassin alésien et des conseillers départementaux. Dans quelques jours, "la pétition sera portée au sous-préfet d'Alès (Jean Rampon, ndlr)", a promis Jean-Michel Suau.
Face à une direction qui n'a jamais donné l'impression de vouloir plier, les chances de voir cette pétition qui demande au gouvernement d'"exiger au groupe Crouzet l'abandon du projet de fermeture de l'unité d'Alès" a peu de chance d'aboutir. Mais "toutes les batailles qui ne sont pas entamées sont déjà perdues", philosophait Serge Bord, maire de Saint-Julien-les-Rosiers, à qui l'on donnera le mot de la fin.
Corentin Migoule
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