CÉVENNES Nouvelle carte scolaire : les élus ruraux montent au créneau
La première ébauche de la carte scolaire ne fait pas les affaires de tous. En Cévennes, trois écoles communales pourraient perdre une classe chacune dès la rentrée 2021. Ce vendredi après-midi, les maires concernés se sont réunis pour s’y opposer dans la salle des mariages de la mairie de Cendras à l’initiative de Sylvain André, président de l’association des maires ruraux du Gard.
Instaurée en 1963, la carte scolaire est l'opération annuelle par laquelle l'inspection académique répartit les moyens disponibles en postes et en classes dans toutes les écoles ou communes pour la rentrée suivante. Celle qui est en cours d’élaboration ne plaît pas à tout le monde et pourrait notamment fragiliser trois écoles cévenoles, à commencer par celle de Molières-sur-Cèze.
L’école communale, jadis composée de cinq classes, en a perdu une il y a deux ans et pourrait bien s’en voir ôter une deuxième, entamant ainsi l’année scolaire 2021-2022 avec trois classes à triple niveau. « Une classe à trois niveaux ça ne donne pas envie aux parents d’inscrire leurs enfants. Certains d'entre eux qui ont les moyens pensent déjà à fuir vers le privé (à Saint-Ambroix, NDLR). On est en train de tuer le service public de la ruralité », prévient Florence Bouis, l’édile moliéroise, au cours d’une réunion entre élus dans la salle des mariages de la mairie de Cendras ce vendredi après-midi.
« C’est encore la ruralité qui trinque »
« L’égalité des chances que notre président de la République évoque souvent commence dès l’école », fait remarquer la conseillère départementale Cathy Chaulet, au regard d’une décision qui ferait se côtoyer CE2, CM1 et CM2 dans une classe de 29 élèves au sein de laquelle le décrochage serait potentiellement accentué.
L’école de Génolhac, qui compte à quelques unités près le même nombre d’élèves que l’école moliéroise, devrait connaître le même sort. Avec un éventuel passage de 82 à 76 élèves, c’est la fermeture de l’une de ses quatre classes qui se profile. « C’est encore la ruralité qui trinque », constate amèrement le maire, Guy Chéron. Enfin, l’école de Robiac-Rochessadoule (trois classes) où est à ce jour prévue la perte de cinq élèves, est elle aussi menacée. « Dans le contexte actuel, une telle décision est une maladresse du Gouvernement », estime l’élu Henri Chalvidan.
Les trois premiers magistrats ont trouvé appui chez de nombreux élus locaux, et Sylvain André, président de l’association des maires ruraux du Gard (AMR), est l’un d’entre eux. Ce dernier, maire de Cendras, est à l’origine de cette réunion au cours de laquelle il a exprimé son regret de ne pas voir « le quoi qu’il en coûte » prôné par l’État se répercuter sur l’École. Le président de l’AMR a par ailleurs insisté sur le profil « sociologique » commun des trois communes cévenoles concernées, estimant que ces dernières méritent par leurs spécificités « une attention particulière. »
« On est sans arrêt en train de se battre pour des choses qui devraient être évidentes », déplore Patrick Malavieille, conseiller départemental communiste, proposant qu’on « examine les effectifs d’élèves sur plusieurs années » plutôt que d’une année sur l’autre. Florence Bouis abonde dans le même sens en précisant qu’à cette période de l’année « on n’a pas encore assez de visibilité » et qu’il « peut y avoir beaucoup de mobilités d’ici cet été. »
Un droit de veto pour les maires
Parce que l’école est « le premier lieu d’attractivité d’un territoire », Patrick Deleuze, vice-président d’Alès Agglomération délégué à la Ruralité, qui voit s’échapper des territoires ruraux « bons nombres de services publics », considère qu’on « ne peut plus accepter ça. »
Ces points de vue donnés, le collectif s’est attelé à la transmission de ses revendications. La première d’entre elles consiste en un gel de toutes les suppressions de classes pendant la période de crise sanitaire, et la seconde à offrir aux maires des communes de moins de 3 500 habitants un droit de veto pour ce qui à trait aux fermetures de classes. Alerté en milieu de semaine par la sénatrice Vivette Lopez, le ministre de l'Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports, Jean-Michel Blanquer, ne tardera pas à recevoir ce courrier de doléances rédigé par l’AMR 30.
Corentin Migoule
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