CÉVENNES Un ancien de l'école des Mines lance son projet d'apiculture connectée
À la tête de la start-up Connecthive Ingénierie, François Pfister, ancien enseignant-chercheur à l'IMT Mines d'Alès, lance son concept de ruches connectées, conscient que le poids de ces dernières est un indicateur marquant de leur vitalité.
Le constat donne le bourdon. L'année 2021 s'annonce désastreuse pour l'apiculture française. En cause : des conditions climatiques défavorables ces derniers mois. Le Gard ne semble pas échapper au phénomène. "Il y a d'abord eu le gel au printemps, puis la sécheresse, des fortes pluies et beaucoup de vent", déplore François Pfister, qui pointe également "l'utilisation permanente de pesticides et de fongicides", responsable d'un affaiblissement des ruches.
Et si l'observation naturaliste, bien aidée par l'intelligence artificielle, pouvait sauver les abeilles ? C'est en tout cas ce à quoi il entend contribuer, en augmentant la rentabilité des exploitations d'"au moins 20%". Pour y parvenir, cet ancien enseignant-chercheur à la retraite de l'IMT Mines d'Alès a profité de l'incubateur de l'école pour donner naissance à son concept apicole, qu'il a présenté à la presse jeudi matin, devant sa demi-douzaine de ruches implantées à Saint-Sébastien-d'Aigrefeuille, en présence d'une poignée de formateurs de l'établissement alésien, et de deux doctorants ayant intégré l'apiculture à leur thèse respective.
Le sexagénaire a conçu une balance connectée à installer sur la ruche de son choix qui devient ainsi "témoin", reflétant l'état de toutes les autres colonies. Car "le poids de la ruche est le signe de sa vitalité", justifie François Pfister. "Le souci de l'apiculteur est de détecter si sa ruche est en danger. Quand le poids devient trop bas, la colonie peut mourir de famine, première cause de mortalité des abeilles. Quand le miel prend trop de place dans la ruche, l'apiculteur doit en retirer afin de laisser de l'espace à la reine pour sa ponte. Il peut aussi s'adonner à des actions médicales pour soigner la ruche et la débarrasser d'un parasite qui nous pourrit la vie depuis plus de 50 ans : le varroa", développe-t-il.
Le peson mobile, nouvelle "arme" de l'apiculteur
Pour toutes ces raisons, le fait de connaître à distance l'état de sa ruche, par le biais de son poids, présenterait "un intérêt majeur" pour un apiculteur "professionnel comme amateur". Parce que l'installation d'une balance connectée sur chaque ruche serait trop onéreuse, François Pfister a développé un autre outil : le peson mobile.
Ce dernier se relie au smartphone de l'apiculteur par connexion Bluetooth et communique avec le serveur de l'application qui héberge les données récoltées. Ces dernières s'obtiennent très simplement. Avec son peson qu'il a bipé à une puce (carte RFID) fixée sur la ruche, l'apiculteur effectue deux pesées. Une sur la face avant de la structure qui abrite les colonies, bien au centre, et une seconde sur sa face arrière. En quelques secondes, le poids précis de la ruche est révélé.
Renouvelée régulièrement, la procédure permet d'établir des statistiques et ainsi, mieux maîtriser la productivité du rucher. "Avec les courbes, l'apiculteur professionnel qui vend des essaims pourra aussi valoriser ses meilleures colonies et les vendre plus facilement", fait apprécier l'entrepreneur, qui travaille également à filmer et modéliser les vols des abeilles en entrée et en sortie de ruche. Une démarche qu'il souhaite démocratiser dans l'optique de mieux identifier les lieux de butinage préférés des abeilles, tout en repérant plus rapidement les ruches fréquemment sujettes aux attaques de frelons asiatiques, dont la présence s'est faite remarquer ce jeudi à Saint-Sébastien-d'Aigrefeuille.
Corentin Migoule
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