ÉDITORIAL Madame, Monsieur le maire...
Les Plantiers, Saint-Jean-du-Gard, La Grand’Combe... Depuis plusieurs mois, plusieurs maires ont décidé de rendre l’écharpe pour diverses raisons. Programmées ou pas, ces démissions interrogent.
Encore davantage quand le maire de Cannes et président de l’Association des maires de France, David Lisnard, s’inquiète du niveau jamais vu en France. Plus de 1 000 maires démissionnaires, et près de 4 000 élus depuis 2020. Comment expliquer ce phénomène ? D’abord, être maire d’une commune, ce n’est pas très bien payé. Bien évidemment, ce n’est pas la raison principale de l’engagement, mais cela y participe. Car souvent, les élus sont contraints d’exercer une activité professionnelle pour s'en sortir. Un travail qui prend du temps et n’est pas toujours conciliable avec les obligations municipales. Ensuite, le nombre de compétences transférées avec la Loi NOTRe qui tend à donner plus de pouvoir aux intercommunalités. Certains édiles considèrent que le jeu n’en vaut plus la chandelle. Il leur reste souvent que les « emmerdes ». Et puis l’irruption des réseaux sociaux dont les élus d’opposition se servent pour attaquer les décisions de la majorité pas toujours à juste titre. Il faut dire que le scrutin proportionnel de liste, qui concernait auparavant les communes de plus de 3 500 habitants, a été abaissé à 1 000 habitants. Les élus de la liste perdante ne veulent pas compter pour du beurre... Et le font savoir. C’était sans compter aussi sur des habitants plus exigeants, qui ne voient souvent que les trains qui arrivent en retard. Des élus qui subissent donc tous ces problèmes du quotidien avec moins de dotations et plus d’obligations normatives imposées par Paris, quand ce n’est pas l’Europe. Enfin, le non-cumul des mandats empêche certains maires motivés. Quand il était encore possible à l’Assemblée nationale de faire entendre la voix du terrain, du concret, désormais, pour y accéder, il faut obligatoirement se séparer du mandat exécutif local. Pour autant, la situation d’aujourd’hui n’a rien à envier à celle d'avant 2020. Déjà entre 2004 et 2015, la préfecture du Gard recensait 400 démissions chez les élus locaux, dont près d’une dizaine de maires. Mais la tendance de fond va en s’accentuant. Et 2026 ouvre de nombreuses inquiétudes. Être maire n’est pas donné à tout le monde. On le voit bien avec les parlementaires à l’Assemblée nationale. Aujourd’hui, le chef de la commune est encore la personnalité politique préférée des Français. Jusqu’à quand ? Il est temps de prendre le sujet à bras-le-corps. La crise de vocation guette…
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