FAIT DU SOIR Dans le Gard, la pauvreté gagne du terrain
Ce dimanche est la journée mondiale des pauvres, mais aussi la journée nationale du Secours Catholique Caritas. L’association, déclarée d’utilité publique en 1962, a publié un rapport sur l’état de la pauvreté en France et dans le Gard.
Ce rapport s’appuie sur les données collectées par des bénévoles (66 000 en France dont 500 dans le Gard) sur le terrain de l’extrême pauvreté. On y découvre que dans notre département 36% des personnes accueillies par l’association sont des étrangers. Un chiffre nettement inférieur à la moyenne nationale qui est de 43.6%. Le Gard étant fortement touché par le chômage, il n’est pas surprenant d’apprendre que 86% des bénéficiaires sur notre territoire sont sans emploi. Le Secours Catholique Caritas relève : « le manque de considération et d’accès au marché du travail qui sont le plus souvent soulignés par les personnes accueillis par l’association. Faute de travail rémunéré, elles font du bénévolat, créent ou soutiennent des activités sportives ou culturelles. » Dans le Gard, ils sont 65% à ne pas travailler car leur statut ne leur permet pas d’avoir accès au marché du travail.
Un revenu médian à 517€ dans la Gard
C’est ensuite une sorte de spirale infernale, car avec la perte du lien familial et social s’ajoute la honte de demander et de recevoir de l’aide. Les personnes en difficulté se referment parfois dans la solitude. Alors la première demande de ceux qui poussent la porte du Secours Catholique Caritas est avant tout, d'être écouté sans jugement. Aux difficultés financières il faut désormais associer la fracture numérique, car il va de soi que sans revenu, il est difficile de se payer un ordinateur et une connexion internet. Cela empêche aussi parfois de faire valoir ses droits à certaines aides. Le revenu médian selon le Secours Catholique Caritas Gardois est de 517€ contre 535€ au niveau national et 20% des malheureux ne perçoivent rien. Trois personnes sur dix n’ont pas de logement stable ou vivent dans un centre d’hébergement, à la rue, dans des squats ou une caravane. Un chiffre en augmentation de 10% par rapport à 2010.
Fort de ces constats, le Secours Catholique appelle « l’ensemble de la société à changer de regard sur les plus pauvres d’ici comme d’ailleurs. Et les pouvoirs publics à permettre à chacun de contribuer – en ouvrant notamment le droit au travail à ceux qui en sont privés – et de bénéficier de la protection minimale due à chaque être humain, en particulier l’accès inconditionnel à un hébergement. »
Mais l’espoir est toujours là et parfois les personnes en grande difficulté arrivent à se reconstruire avec l'aide du Secours Catholique du Gard qui avance quelques exemples. Comme Boris*, arrivé d’Europe de l’Est en 2013 avec seulement trois mots de français dans son vocabulaire. Une langue qu’il apprend avec l’aide de plusieurs association (dont le SC). À force de travail, il finit par apprendre la langue de Molière et désormais, c’est lui qui donne des cours de français dans une association.
19 équipes couvrent l'ensemble du département
Lamine* a quant à lui quitté le Darfour et les horreurs de la guerre en 2017. Après avoir intégré les ateliers socio-linguistiques de l’association, il obtient son permis de séjour en 2018 qui ne lui a pas été renouvelé. Malgré tout Lamine a comme projet d’ouvrir un restaurant de cuisine Soudanaise et Française. Le SC du Gard permet aussi de garder un lien avec des personnes isolées. C’est le cas de Georges* qui a bourlingué aux quatre coins de la planète et qui est veuf depuis quelques années. Le dispositif ‘Monalisa’, engagé contre l'isolement des personnes âgées, s’organise pour qu’il reçoive des visites chaque semaine.
Le Secours Catholique du Gard est présent sur tout le département à travers 19 équipes réparties en quatre grands secteurs. Les Cévennes, la Vallée du Rhône, le Sud-Gard et Nîmes. L’activité du Secours Catholique se développe également autour de projets spécifiques comme la Roulotte des Délices (camion cuisine ambulant, paniers solidaires), les Bons Voisins (projet d’habitat collectif), le Café Itinérant de Tamaris, à Alès, le Café Contact de Bagnols ou les Young Caritas (jeunes engagés dans la solidarité). En 2020, le Secours Catholique n’a pas fini de proposer son aide car la pauvreté à encore des beaux jours devant elle...
Norman Jardin
*le prénom a été modifié.
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