FAIT DU SOIR Extraction et réaménagement : l'évolution de la carrière Lafarge de Bellegarde
La carrière Lafarge de Bellegarde a participé à l'opération "portes ouvertes" organisée par l'Union nationale des industries de carrières et matériaux de construction (Unicem) à l'occasion des Journées européennes du patrimoine, ces 17 et 18 septembre.
Cela faisait bien longtemps que la carrière Lafarge de Bellegarde n'avait plus participé à une opération portes ouvertes. Presque dix ans. Mais cette année, elle est venue s'ajouter à l'agenda des équipes des sites d'extraction et de traitement, à l'occasion des Journées européennes du patrimoine. "Tout le monde connaît les arènes de Nîmes ou le Pont du Gard, des géants de pierres. Mais d'où viennent ces pierres ? Et quel est le métier de carrier et de producteur de matériau de construction ? Peu de gens le savent", démarre Julien Rigaud, responsable d'exploitation secteur granulats chez Lafarge.
L'homme, âgé de 37 ans, a une cinquantaine de personnes sous sa responsabilité répartie sur dix sites implantés dans le Gard et le Vaucluse. "Cette méconnaissance de nos métiers fait que nous avons du mal à recruter. Ces journées portes ouvertes nous permettent donc de valoriser nos métiers, de transmettre notre passion, pour pourquoi pas susciter des vocations", espère-t-il.
Les premières extractions sur la commune de Bellegarde remontent aux années 60. Celles du site Coste-Rouge d'une surface de 20 hectares situé tout près de la D6113, sont bien plus récentes, elles ont commencé en 2013. "La carrière de Bellegarde a une spécificité en termes de propriétés physico-chimiques de ses matériaux. Ils ont une caractéristique de dureté relativement rare et importante, idéale pour réaliser des couches de roulement par exemple", explique Julien Rigaud. En tout, ce sont 400 000 tonnes de matériaux - sables, graviers, galets etc - qui sont extraits par an et envoyés à la zone de traitement installée à 3km du site d'extraction, toujours sur la commune de Bellegarde.
"Ils y sont lavés, nettoyés, nous enlevons notamment la partie argileuse impropre à la construction. Ce qui fait une production finale de l'ordre d'environ 370 000 tonnes par an. À ce stade-là, ce sont des matériaux dits naturels destinés aux entreprises de béton. Ceux qui sont ensuite concassés et triés en différents calibres, sont plus à destination des centrales d'enrobé." Des sociétés qui se trouvent dans un rayon de 50 kilomètres en moyenne.
"Même si de par leur spécificité déjà évoquée, on peut retrouver ces granulats jusque dans les cours de châteaux en Vallée de Seine. Mais ça reste anecdotique, nous sommes avant tout des producteurs locaux. La fermeture de la carrière de Bellegarde mettrait en péril certaines activités et nécessiterait de mettre des camions sur les routes pour faire venir les granulats - deuxième ressource naturelle la plus utilisée dans le monde après l'eau - de bien plus loin", insiste le responsable d'exploitation. Actuellement le site bellegardais compte une quinzaine de salariés. Le nombre d'emplois indirects est de l'ordre de 60 à 70 personnes.
S'il reste encore quelques années de vie de gisement sur le site actuel, les équipes de Lafarge réfléchissent déjà à de possibles extensions à venir. Mais il faut le savoir, le réaménagement des carrières s'effectue tout au long des phases d'exploitation, jusqu'à la fermeture du site. Ainsi, in fine, trois bassins vont être créés sur le site de Coste-Rouge devenu zone naturelle d'intérêt faunistique et floristique de type 1. Le premier a déjà été réalisé. Une friche favorable à l'alimentation du Rollier d'Europe, un oiseau aux vives couleurs turquoises a été mise en place. Le second bassin, plus petit, est en cours de réalisation.
Sur ce terrain-là, une partie sera prochainement restituée au secteur agricole. "Petit à petit, la nature reprend ses droits, on peut déjà le voir sur le premier bassin", ajoute Julien Rigaud. Un aménagement converti en bassin écrêteur de crue d'une capacité de 400 000m3, désormais intégré au dispositif de lutte contre les inondations de la commune de Bellegarde. "Nous aurons réalisé cinq plans d'eau d'une capacité totale de 3 millions m3. Ce qui permet de réduire de 50 % le risque d'inondation sur la commune de Bellegarde." Toujours sur le thème de l'environnement, Lafarge s'implique "de plus en plus dans le recyclage". En fabricant notamment des granulats à partir de béton de déconstruction.
Stéphanie Marin
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