FAIT DU SOIR Fermée par le préfet du Gard, l'association Les Portes de Jillaq plaide sa bonne foi
Lundi dernier, nos confrères de la radio RTL dévoilaient une intervention à Nîmes dans un centre d'accueil périscolaire pour enfants musulmans à la suite de signalement auprès de la Cellule de lutte contre l'islamisme et le repli communautaire (CLIR) mise en place par le gouvernement il y a deux ans. L'association mise en cause s'exprime sur Objectif Gard.
Emmanuel Macron et le ministère de l'Intérieur ont fait de la lutte contre l'islamisme un enjeu prioritaire depuis quelques années. Le projet de loi confortant les principes républicains débattu à l'Assemblée nationale ces derniers jours vise également à cette lutte contre toute forme d'éducation séparatiste islamiste.
Depuis deux ans, la Cellule de lutte contre l'islamisme et le repli communautaire (CLIR) qui réunit des représentants de l'État et des enquêteurs a pour objectif de contrôler des structures soupçonnées de promouvoir l'islam politique. Il y a quelques jours à Nîmes, c'est l'association Les Portes de Jillaq qui a donc vu débarquer une dizaine de personnes des services de l'État, du parquet de Nîmes, des services de l'Éducation nationale, des services fiscaux et Urssaf et même des pompiers. Sans rencontrer de difficultés particulières, comme l'indique la préfecture, les enquêteurs ont constaté à l'intérieur des locaux de l'avenue du Maréchal Juin, 47 jeunes répartis sur 300m². Ainsi qu'une animatrice en charge de ces enfants.
Fermeture immédiate de cette association
Apparemment sans documents officiels, sans déclaration préalable à la préfecture, sans preuve de compétences éducatives ou de diplômes, les services de l'État apparentent cela "à une pratique irrégulière du périscolaire les mercredis, samedis et dimanches." Le préfet du Gard décide aussitôt de prendre un arrêté préfectoral en date du 12 février pour exiger la fermeture immédiate de cette association.
"Les motifs sont nombreux", rappelle Iulia Suc, la directrice de cabinet du préfet qui représentait l'État durant la visite. "Il y a un manquement grave en matière de risques pour la santé et la sécurité physique ou morale des mineurs. Par ailleurs, il est à ce stade impossible de procéder au contrôle de l'honorabilité des intervenants en contact avec les mineurs accueillis, ni de vérifier leurs qualifications et plus largement s'assurer que les conditions dans lesquelles est organisé cet accueil sont conformes aux exigences réglementaires."
Ilham Chentir, représentant cette association nîmoise, a accepté de s'exprimer dans nos colonnes. Elle rappelle que son association "intervient dans l'accompagnent pédagogique à travers le soutien scolaire et des activités culturels et de loisirs." En ce qui concerne l'absence de déclaration préalable à la constitution d'une association : "C'est le motif évoqué par la préfecture du Gard. Or, quand une association anime des activités pour ses membres, elle n'a pas à faire de déclaration préalable. C'est en tout cas ce qui est indiqué dans le dossier des instructions départementales de 2017 du Gard pour les accueils collectifs de mineurs."
Des soupçons sur la réalité des apprentissages
Pour l'association, "un rappel à l'ordre", "le bénéfice du doute" ou "pourquoi pas une injonction aurait été peut-être plus en adéquation qu'un arrêté préfectoral mettant un terme à toute poursuite d'activités." Cet arrêt brutal pourrait être lié aux soupçons qui portent sur la réalité des apprentissages. Officiellement, l'association assure proposer du soutien scolaire. Mais selon des témoignages et signalements recueillis par la CLIR, elle organiserait notamment des cours d'arabe et des lectures régulières du Coran. "Il y a indéniablement un fonctionnement opaque de cette association", confirme la sous-préfète.
"Moi, je veux comprendre ce que nous avons fait de mal. Les services de l'État ont pris cette décision en lien avec des aspects juridiques, mais j'ai le sentiment que l'on veut nous assimiler à de la dérive sectaire ou à du repli communautaire. Où sont les preuves ?", interroge Ilham Chentir qui plaide la bonne foi : "Moi, j'ai confiance dans mon pays. Confiance car nous sommes dans un pays de droit. La liberté, cela veut bien dire quelque chose. Et en aucune façon, je souhaite me victimiser, je souhaite juste comprendre."
"Nous sommes en veille permanente", termine Iulia Suc. "On est vigilant et attentif car d'autres structures selon nos renseignements pourraient être dans la même configuration sur le département." Selon nos informations, inconnue apparemment de la préfecture, cette association aurait toutefois déposé en 2019 un permis de construire à la ville de Nîmes pour aménager ses locaux. Elle aurait obtenu un refus des services de la municipalité, en raison du risque inondation sur cet espace.
Abdel Samari
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