Publié il y a 4 mois - Mise à jour le 20.12.2023 - Corentin Corger - 4 min  - vu 961 fois

FAIT DU SOIR La perte de cheveux chez les femmes : le combat de Laure Saujet

laure saujet comme un diadème alopécie

Laure Sujet est atteinte d'alopécie depuis ses 20 ans

- Photo Yannick Pons

Touchée par la perte de cheveux dès ses 20 ans, Laure Saujet a lancé sa chaîne Youtube "Comme un diadème" consacrée à l'alopécie. Suivie par près de 30 000 abonnés, la Vergèzoise a lancé son site de commerce en ligne qui propose des volumateurs capillaires à prix réduit. 

À 20 ans, voyant son cuir chevelu clairsemé, Laure consulte un dermatologue qui lui diagnostique une alopécie. Il s’agit d’une perte de cheveux progressive, qui contrairement à l’homme, conduit rarement à une calvitie totale. « Environ 20 % des femmes ont une alopécie à partir de 40 ans », assure Laure pour expliquer que ce phénomène est assez généralisé.

Découvrir que l’on perd ses cheveux quand on est une jeune femme de 20 ans, forcément la confiance en prend un coup. Mais l’intéressée n’en fait pas cas et continue de vivre normalement jusqu’à ses 30 ans où la perte est davantage visible. « Je m’étais toujours dit tant que les gens ne le remarquent pas ça ira. Mais là ça parlait derrière mon dos et face à moi, mes interlocuteurs fixaient mon cuir chevelu plutôt que mes yeux. »

Elle découvre alors l’existence du volumateur capillaire, une perruque seulement partielle que l’on place au-dessus de la tête. Un type de prothèse alors méconnu et forcément assimilé plutôt aux personnes âgées et pas à des trentenaires. Mais malgré les réactions de son entourage, la Parisienne franchit le cap. « Ça m’a pris des années pour oser prendre rendez-vous et franchir la porte d’une boutique de compléments capillaires. J’ai essayé le volumateur et ça a été une révélation pour moi. »

"Les prix des volumateurs sont extrêmement chers, c’est de l’abus"

Elle en porte et surtout, elle décide même de l’afficher publiquement en lançant une chaîne Youtube dédiée à l’alopécie durant son congé maternité. « Je me suis sentie bien, je ne pouvais pas garder ça pour moi. Il fallait que j’en parle ! », confie cette maman, diplômée d’un doctorat en microbiologie à l’Institut Pasteur et qui travaillait dans une entreprise de biotechnologie.

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En tant que femme, le volumateur capillaire a été une révélation pour Laure • Photo Comme un diadème

L'alopécie : un sujet encore jamais abordé sur la toile. Alors rapidement, le nombre d’abonnés et de vues grimpe. Sa première vidéo, postée il y a cinq ans et intitulée « L’alopécie : mon cauchemar, ma solution » est proche des 650 000 vues et son compte est suivi par près de 30 000 abonnés. « J’ai été contactée par énormément de femmes qui me disaient : "Je ne suis pas toute seule !" et ça les rassuraient car elles avaient enfin quelqu’un à qui s’identifier ».

Un thème concernant pour beaucoup de femmes qui avaient honte de voir leurs cheveux tomber. Mais le combat de Laure ne va pas s’arrêter là. « En boutique, les prix des volumateurs sont extrêmement chers, c’est de l’abus. Il faut compter plus de 5 000 euros sachant que tous dans les deux ans ça se renouvelle. En parallèle, je me rends compte que des marques à l’international proposent des prix hyper qualitatifs pour des produits de qualité. » Des prothèses cinq fois moins chères.

Des prothèses venues d'Asie avec du cheveu naturel

Alors Laure a une idée. Elle décide de lancer son site de commerce en ligne en cassant les prix et en proposant des volumateurs aux tarifs de 1 000, 1 500 euros. « Comme un diadème », pour renvoyer à un objet d’élégance qui sublime la femme, voit le jour en 2020, durant le covid, et dès les premiers mois les commandes affluent. Très vite, portée par cette cause, l’auto-entrepreneuse devient une véritable cheffe d’entreprise et quitte son activité dans le milieu scientifique.

Elle sélectionne ses fournisseurs en Asie où les prothèses sont faites avec du cheveu naturel. En plus de pouvoir commander du sur-mesure avec des franges ou des mèches, les clientes peuvent aussi bénéficier des conseils de la gérante. « Elles ne sont pas seules sur le site, elles peuvent envoyer des photos et poser des questions avant et après l’achat. » De la qualité et de la proximité.

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La prothèse capillaire ne se voit pas  • Photo Yannick Pons

Des volumateurs qui permettent à ces femmes de masquer l’aspect clairsemé et de rendre leur alopécie totalement inaperçue. Même à un mètre de son interlocuteur, difficile de différencier le vrai du faux. En travaillant à domicile, la mère de famille pouvait pour la première fois choisir son lieu de vie. « Mon beau-frère nous a bien vendu la région alors on s’est retrouvé à Aimargues et aujourd’hui à Vergèze. »

"Dans les médias, on ne parle que des cas extrêmes"

L’activité continue de battre son plein et le site propose de nouveaux produits avec par exemple des volumateurs avec des cheveux bouclés naturels. Au total, une centaine de références sont disponibles avec une volonté de se développer à l’international. Et si désormais la Vergèzoise a contribué à démocratiser l’alopécie à travers les réseaux mais aussi à la télévision dans l'émission "Bel et Bien" sur France 2 et dans les magazines Gala, Biba, Voici ou encore Paris Match, le travail reste encore long.

« C’est encore tellement tabou, une femme va se prendre des réflexions sur son mode de vie alors que pour un homme, perdre ses cheveux, c’est accepté. Et surtout dans les médias, on ne parle que des cas extrêmes avec des femmes totalement chauves alors que pour la majorité des femmes c’est seulement clairsemé. Du coup on ne se reconnaît pas là-dedans », conclut Laure Saujet.

Retrouver Comme un diadème sur le site Internet, Youtube et Instagram

Corentin Corger

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