LES SPÉCIALISTES Migrants : l'avocate Pascale Chabbert Masson explique la situation
Tous les samedis, à 7h, ne manquez pas le décryptage des spécialistes d'Objectif Gard sur un événement, un fait d'actualité, une polémique... Cette semaine, l'avocate Pascale Chabbert Masson, qui défend les droits des migrants transférés de Calais au centre de rétention de Nîmes, nous livre quelques clés pour mieux comprendra la situation.
Ce mercredi, 22 migrants supplémentaires ont été débarqués à l'aéroport de Garons en provenance de Calais. Ils ont été conduits au centre de rétention de l'avenue Clément Adler. Alors que leur remise en liberté a été demandée par le juge, une procédure d'appel a prolongé leur séjour. À l'heure actuelle le verdict n'est toujours pas connu.
Objectif Gard. Ces délocalisations de migrants venus de Calais, est-ce la première fois que cela arrive ?
Pascale Chabbert Masson. C'est récent et ponctuel. En 2009, il y avait déjà eu un démantèlement mais on était sous une autre législation. Là, le gouvernement a annoncé que cela durerait jusqu'à fin novembre à raison d'une quarantaine de migrants par semaine. Mais il est difficile de savoir le nombre exact.
Dans un précédent rapport datant de 2012, la Cimade dénonçait déjà des privations de libertés dans le centre de rétention administratif de Nîmes. La situation s'est-elle dégradée depuis ?
Par définition, un centre de rétention administratif est un lieu privatif de liberté puisque vous ne pouvez pas entrer ni sortir comme bon vous semble. Mais ce n'est pas une prison, donc vous avez certains droits, notamment celui de communiquer avec l’extérieur et d'avoir des visites dans des parloirs. La Cimade dénonçait des atteintes à ces droits là. Aujourd'hui ce n'est plus ça le problème : pour pouvoir démanteler la jungle de Calais, on a utilisé la voix de la rétention, alors que la privation de liberté dans ces centres n'a qu'un seul objectif légal, celui d'effectuer un éloignement de l'étranger pour les reconduire à la frontière notamment. Mais ce n'est pas le cas puisque rien n'est proposé dans ce sens.
Quelle autre recours possède la justice ?
C'est à l'administration de gérer cette difficulté. Je suis consciente que les conditions de vie à Calais sont terribles pour tous ces migrants.Mais est-ce que l'argent qui est utilisé pour les transporter par avions aux quatre coins de la France ne peut pas être utilisé pour construire des centres d'accueil ou leur mettre à disposition des hébergements d'urgence ? Moi ce que je dénonce, c'est que l'on utilise les centre de rétention pour des fins autres que ce que préconise la loi.
Baptiste Manzinali
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