NÎMES Fermeture de la mosquée de la gare : « la mairie nous a mené en bateau »
Suite à la décision de la Ville de fermer et d'évacuer la mosquée de la gare, plusieurs dizaines de fidèles se sont réunies devant le lieu de culte, ce soir.
Le sentiment qui domine, ce soir, devant la mosquée de la gare est palpable. « C'est la trahison », lâche Dominique Mimoun, vice-présidente de l'Association culturelle islamique. Sa salle de prière, située au 8 boulevard Sergent Triaire (bâtiment communal), est la plus vieille de Nîmes (1975). Les raisons de sa colère sont simples : ce matin, la mairie a annoncé la fermeture et l’évacuation du bâtiment* qui abrite ce lieu de culte.
Risque « très élevé d’effondrement », selon la Ville
En cause : le risque « très élevé d’effondrement » révélé par le bureau d’étude Véritas, à la demande de la Ville. « Depuis plusieurs mois, nous avons associé les responsables de la mosquée à nos réunions et nous les avons alerté du danger », a assuré l’adjoint à la sécurité de la ville de Nîmes, Richard Tibérino. À l’approche du ramadan, la municipalité Les Républicains sait que « la nouvelle ne fera pas plaisir ». Mais Jean-Paul Fournier assure qu’il « préfère de loin la critique que la mise en danger de la vie d’autrui (…) Normalement la mosquée peut accueillir 180 personnes, en réalité il y a 500 à 600 personnes dans ce lieu de culte ».
« Nous n’avons assisté à aucune réunion sur ce sujet », rétorque Dominique Mimoun, « et concernant ces problèmes de sécurité, comme se fait-il que la mairie voulait nous vendre la bâtiment s’il y avait d’aussi gros soucis ? La première mise en vente date de juillet 2015 ». Par ailleurs, la responsable associative explique avoir « fait une proposition d’achat pour le bâtiment en mars 2016. Mais nous n’avons reçu aucune réponse ! (...) Alors aujourd’hui, j’ai le sentiment que la mairie nous a mené en bateau ».
Incompréhension et spéculations chez les fidèles
À ses côtés, plusieurs fidèles se désespèrent : « Comment allons-nous faire ? On ne va pas aller dans les autres moquées, il n’y a pas de place… ». « La mosquée est à 5 minutes de chez moi », s’inquiète Karim, « Je ne comprends pas la décision du maire. Moi, la religion m’a rendu sage. Aujourd’hui, j’ai une famille et un appartement… Je ne suis pas Ben Laden ! ».
« Si vous voulez mon avis, tout cela c’est de politique, c’est pour mettre les musulmans à l’extérieur du centre ville », vilipende un autre. De son côté, le deuxième locataire de l'immeuble, le président de l'association APTI Mathieu Roger penche plutôt pour une « opération immobilière » à venir.
Pour l’heure, Dominique Mimoun ne sait pas quels contours donner à ce mouvement : « dans nos statuts, nous n’avons pas le droit de manifester ». Alors ce soir, « nous revendiquons simplement notre droit de contestation ». À suivre.
Coralie Mollaret
*À suivre demain à 7h, notre Fait du jour : Nîmes : le maire ordonne la fermeture de la « mosquée de la gare »
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