Publié il y a 10 ans - Mise à jour le 19.08.2013  - 3 min  - vu 1014 fois

TEXTILE : A Anduze, la laine et la soie résistent à la mondialisation

Isabelle a rejoint ses parents dans la ferme "Mohair du Moulin" pour élever 120 chèvres qui produisent la laine destinée à ces créations. Ph DR/RM

"Quand j'ai commencé, en 1970 nous étions 2000 tisserands professionnels, aujourd'hui nous ne sommes plus que 60 ! C'est devenu un métier rare" explique Marjorie Verna, tisserande à Vichy. Avec des éleveurs, des filateurs, des teinturiers, des couturiers réunis par l'association "La toison d'art", le résistants de la filière textile se sont donnés rendez-vous ce dimanche à Anduze pour témoigner de leur créativité, de leur savoir-faire et de la qualité de leur productions.

"Il ne faudrait  pas faire croire au gens que c'est facile" explique Isabelle, la fille de Dany et Noël Aubert qui ont créé dans la Drôme une ferme avec 120 chèvres Mohair pour produire leur laine. Depuis que la dernière filature française de Mohair  a été démantelée après avoir été délocalisée en Afrique du Sud, une centaine de petits producteurs se sont ainsi regroupés pour faire fabriquer leur fil en Italie et pouvoir poursuivre leur créations. Après un BTS agricole Isabelle est entrée dans l'aventure, mais c'est sa maman, Dany qui crée tous les modèles.

Pour Christine Devost qui file la laine sous l’œil amusé des touristes, son atelier "La roulotte des Laines" est née au croisement d'une passion et de la nécessité de se reconvertir après la crise des plastiques à Oyonnax. "Avec Pôle emploi, j'ai pu suivre des formations en tissage et en feutre, mais il n'y avait rien pour filer la laine". Teindre et filer à la main lui permet d'obtenir à la fois des couleurs et des textures du fil très différentes et à chaque fois uniques. Mais la "La roulotte des laines" ne suffit pas entièrement à subvenir à ses besoins et elle a du monter un site plus classique de vente en ligne de fil et d'accessoires : www.leslaines.com

Laetitia travaille le feutre. Monitrice éducatrice, attirée par les activités manuelles, elle partage  également son temps dans les gites et propose des massages ayurvédiques. Mais sa passion c'est la création des ces pièces en feutre qu'elle vend depuis trois ans au travers de son atelier "Les petites mains de Laeti" à Concoules. "Au début les gens ne voient que la créations, les couleurs, les formes, ce n'est bien souvent qu'après qu'ils s'intéressent à la matière et a savoir comment je la travaille" explique-t-elle.

Pour Anahita Lours, elle aussi installée dans le Gard, à Aujac, il s'agissait juste de transformer une habitude familiale, le tricot, en une activité qui lui permette de rester à la maison avec ses enfants. L'aventure est à ses débuts, on lui a demandé des modèles de pulls pour hommes et elle espère bien se faire connaître sur les foires et au moment des marché de Noël, du coté de Génolhac...

"Ce qui réunit tous ces parcours" explique Magali Bontoux au nom de l'association "La toison d'art" à l'origine de ce rassemblement, "c'est la créativité, le savoir faire, et la volonté de le faire connaître". Son truc à elle, c'est la teinture végétale qu'elle pratique avec "L'herbier à Couleur" dans la Drôme. "Mon travail consiste à faire de la couleur avec des plantes à partir d'un savoir qui a été complètement abandonné à la fin du XIXe siècle" explique-t-elle. "Ainsi je suis à la croisée de plusieurs domaines : celui de l'histoire, celui de la chimie verte (revisitée pour être aujourd'hui plus respectueuse de l'environnement) , celui du patrimoine local, (c'est ainsi que la Garance à été remise à l'honneur), celui de l'agriculture, toutes les couleurs sont tirée de plantes (vertes à l'origine!) qu'il faut faire pousser et enfin celui des techniques de la teinture. Si on ne prends pas le temps d'expliquer ce que nous faisons, tout disparaitra !"

Magali Bontoux au milieu des plantes qui servent à élaborer les couleurs. Ph. DR/RM

Eleveurs, tisserands, teinturiers, filateurs, stylistes, créateurs, couturiers..., le lien qui les unit, c'est un produit de qualité mais surtout un produit vivant que le jeune public à bien du mal à appréhender aujourd'hui et dont il a perdu les origines et les étapes. Et encore, pour simplifier "La toison d'art"  communique essentiellement autour de la laine et de la soie mais il faudrait encore y ajouter pour être complet les fibres naturelles comme le chanvre, le lin ou encore le coton bio... La création et la confection de vêtement en fibre naturelle est d'ailleurs la spécialité de Emma H, la régionale de l'étape puisqu'elle est installée à Anduze.  Elle a sorti pour l'occasion sur le Plan de Brie sont étal de bambous que les habitués retrouveront également lors de manifestation  telles "L'arbre, le fruit et la plante" à St Jean du Gard.

Plus de renseignement sur les activités de l'association : www.latoisondart.net

Raphaël MOTTE

raphael.motte@objectifgard.com

Actualités

Voir Plus

A la une

Voir Plus

En direct

Voir Plus

Studio