FAIT DU JOUR Été compliqué à Dourbies, après trois mois sans Internet
La maire, Irène Lebeau, a vu la ligne fixe - enfin - rétablie ce jeudi, l'internet était espéré pour hier soir. Mais l'été fut isolé à Dourbies, sans Internet depuis début juin, et sans portable non plus la semaine du 14 juillet. Une manifestation plus tard, Orange s'est enfin emparé du problème. Non sans mal. Retour sur un été de galère, tant le numérique est désormais aussi indispensable aux activités en ville que dans ce village isolé du Gard, frontalier de l'Aveyron.
Trois mois que l'agence postale communale est fermée. Impossible ne serait-ce que d'éditer des timbres. Inséré dans la mairie, le bureau reste dans le noir. Tandis que la secrétaire de mairie se démène tant bien que mal avec le partage de connexion de son téléphone portable personnel, heureusement chargé en gigas. "Mais si la pièce jointe fait plus d'un méga, ce n'est même pas la peine", soupire-t-elle. Seule solution qui s'offre à elle - et à la continuité des services municipaux - embarquer son ordinateur de bureau à domicile, où sa maison est connectée à l'Internet par satellite. À Dourbies, l'huile de coude fait partie des habitudes...
Une lente détérioration, jusqu'à être finalement coupés du monde. C'est ce que vivent les habitants depuis le mois de novembre 2022. "Le débit avait baissé, on subissait des coupures, explique la maire, Irène Lebau. Orange était déjà venu à plusieurs reprises remettre la ligne. Puis, en juin, coupure totale. Mais on arrivait encore à faire des partages de connexion." Seul problème, si le village est bien équipé d'un répétiteur, "il est relié au câble cuivre de l'ADSL", poursuit Irène Lebeau.
"Les terminaux de paiement des commerces ne pouvaient pas fonctionner, alors qu'on était en pleine saison."
Irène Lebeau, maire de Dourbies
Reste l'antenne mobile du col des Rhodes, en direction de Trèves, qui atteint certains points du village. "Elle devait connaître des travaux pour être réhaussée à dix mètres, pour couvrir plus de territoire, et les travaux devaient finir en juin." Peine perdue, ils ne sont pas effectués. "Jusqu'à la semaine du 14 juillet, où on n'avait plus rien, ni fixe ni portable. Les terminaux de paiement des commerces ne pouvaient pas fonctionner, alors qu'on était en pleine saison, comme celui de la Maison d'accueil d'entrée du village. En plus, on a deux ou trois personnes âgées qui sont vraiment tributaires du fixe. Et puis, les artisans commandent maintenant leurs pièces sur Internet... Et cela fait trois mois que le bus France services n'est pas passé." Sans compter l'impossibilité de produire des attestations d'employeurs pour les saisonniers, qui se retrouvent bloqués dans leur demande d'indemnisation Pôle emploi.
Le téléphone est revenu. "Mais il a fallu qu'on s'énerve en juillet", poursuit la maire de Dourbies. Des sous-traitants sont envoyés, "sans plus de résultat". Finalement, les habitants organisent une manifestation le 7 août, dont une banderole est encore déployée devant la mairie. "J'ai fini par appeler Orange tous les jours." Et le responsable des relations avec les collectivités s'est finalement déplacé, le 24 août. "Il nous a expliqué que plusieurs pannes, plus bas, avaient mobilisé ses agents suite à des vols de câble. Tout en nous assurant qu'on était aussi prioritaires que la plaine. Et que tout était géré par des sous-traitants", regrette Irène Lebeau, qui soupire : "Avant, Orange était une vraie boîte de service public".
"Apparemment, seuls les anciens d'Orange connaissent cette technologie."
Irène Lebeau, maire de Dourbies
Avec une transmission de connaissance : "Le câble qui apporte le fixe est enterré, pas gainé, explique la maire. C'est une vieille technologie et les pièces ne sont plus vraiment fabriquées. Apparemment, seuls les anciens d'Orange connaissent cette technologie." Et des anciens ont finalement débarqué. "Ils se sont rendu compte que les précédents n'avaient pratiquement rien fait. La première chambre, qu'ils ont ouverte, c'était du n'importe quoi..., soupire Irène Lebeau. Il y avait des boîtes électroniques ouvertes, pleine d'eau."
Depuis hier, c'est donc un début de soulagement à Dourbies. La maire espère désormais la fibre, tout en regrettant d'être la dernière commune sur la liste, ou pas loin. "À L'Espérou, quatre maisons de la commune sont éligibles. Camprieu, Lanuéjols et Trèves sont déjà reliées. Si on l'a à la fin de l'année, ce sera bien", espère Irène Lebeau, qui pense que la tranchée sera ouverte prochainement en provenance du col des Rhodes. Tout en espérant une année 2024 plus connectée...
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