Publié il y a 8 mois - Mise à jour le 31.08.2023 - François Desmeures - 4 min  - vu 489 fois

SOUDORGUES De Fanny à Cécile, la savonnerie La Sittelle gardera le même esprit

Fanny Weltman (à gauche) et Cécile Orfila, dans les petits locaux de l'entreprise, à Soudorgues

- François Desmeures

Créée en 2015, la petite entreprise de savons et produits cosmétiques ne disparaît pas avec les envies de changement d'activité de sa créatrice. Fanny Weltman, sur le départ, a trouvé une repreneuse déjà installée à Soudorgues, Cécile Orfila. Et qui compte bien continuer à creuser le même sillon, en y introduisant ses propres nouveautés. Mais elle a encore besoin d'un petit coup de pouce via un financement participatif. 

Fanny Weltman (à gauche) et Cécile Orfila, dans les petits locaux de l'entreprise, à Soudorgues • François Desmeures

À l'heure où ces lignes sont écrites, il ne manque vraiment pas grand-chose. À peine plus de 200 € sur les 4 000 € nécessaires à la reprise de La Sittelle par Cécile Orfila. Mais la vendeuse et son acheteuse paraissent confiantes, et sont surtout ravies de s'être trouvées. Une nouvelle étape dans l'aventure d'une petite entreprise, née en 2015. "Quand je suis arrivée dans les Cévennes, ce qui m'intéressait, c'étaient les plantes médicinales, rembobine Fanny Weltman.  Et j'ai découvert le monde fascinant du savon. C'est assez ludique comme procédé, mais pas si simple."

Pourtant, énoncé par Fanny Weltman, le processus de saponification à froid paraît couler de source. "C'est une réaction chimique : on mélange de l'huile végétale avec de la soude ; le mélange se fige et ça devient du savon." Fanny choisit rapidement de parfumer ses savons avec des huiles essentielles. "Mais on peut aussi ajouter des fleurs, de l'argile, des colorants. Ou encore des graines, pour un effet exfoliant. Ou encore du miel et du lait de chêvre, pour rendre le savon plus nourrissant, pour hydrater. La palette est grande. Le produit est assez basique mais la saponification à froid permet d'obtenir un résultat qui nourrit la peau."

"J'étais jeune et insouciante, je ne me suis pas trop posé de questions."

Fanny Weltman, créatrice de La Sittelle

Si la jeune entrepreneuse maîtrise son processus et ne manque pas d'idées de développement, s'installer à Soudorgues, aux Horts, n'était pas forcément le volet le plus aisé pour trouver des débouchés. "J'étais jeune et insouciante, sourit Fanny. Je ne me suis pas trop posée de questions." Pas pour rien si la sittelle - cet oiseau capable de descendre un arbre sur ses pattes, tête la première - est devenue la marque. "Mais, en fait, la réglementation sur les cosmétiques est très compliquée." Parce qu'après les savons, Fanny Weltman décide d'élargir son offre, en commençant par plancher sur les obligations légales. "Il faut, par exemple, déposer chaque formule auprès d'un toxicologue. Et, puis, c'est devenu à la mode, et les prix des matières premières se sont envolés."

François Desmeures

Fanny Weltman insiste, en fixant le zéro déchet comme perspective à son travail. "Les cosmétiques sont devenues le deuxième produit phare, dans la vague du retour au naturel." Avec une production labellisée Nature & Progrès, Fanny s'ouvre les portes des Biocoop à proximité, ainsi que des magasins de vracs, qui n'ont plus vraiment le vent en poupe depuis la fin des confinements. La boutique de produteurs Entre thym et châtaigne, de Saint-Hippolyte-du-Fort, permet aussi une belle visibilité. Et les boutiques de créateurs sont sensibles au travail de Fanny, qui fait aussi les marchés du coin, sans croiser de concurrence. 

"Je crois que j'ai fait le tour, résume simplement Fanny Weltman pour expliquer son désir d'arrêter. J'ai envie de voir autre chose." Cette saison, elle a "pris un boulot comme ouvrière agricole, en maraîchage. C'est costaud, mais ça change de l'entreprise." Elle ne ramène plus ses comptes d'exploitation à la maison, ne dort plus en pensant aux prochaines échéances. "Ça fait du bien de se reposer et d'être salariée." Restait un souci : que La Sittelle ne disparaisse pas avec les envies d'ailleurs de sa génitrice. 

"Je n'avais plus du tout envie d'être en ville, dans de grosses structures"

Cécile Orfila, qui poursuit l'aventure La Sittelle

D'où la satisfaction "de trouver quelqu'un qui avait envie de monter sa structure". De prime abord, Cécile Orfila n'a pourtant rien à voir avec le monde  de la cosmétique. "J'étais plutôt monteuse de cinéma. Mais, en fait, je n'avais plus du tout envie d'être en ville, dans de grosses structures. J'avais toujours grandi en ville." Et puis, Cécile se montre épuisée par "les petits boulots gratuits, avec des promesses d'embauche qui n'aboutissent jamais". L'envie d'avoir un enfant clot le débat interne et, avec son compagnon, elle émigre en 2016 autour de Lasalle, après avoir vaguement entendu que quelques professionnels du cinéma habitent dans les parages.

Savons et échantillons, qui viendront notamment récompenser les financeurs • François Desmeures

Cécile Orfila assouvit son désir d'enfant, prend le temps de l'aider à faire ses premiers pas, fait un peu de couture ou envisage de se former à la mosaïque. "J'étais sans idée précise mais, pour tout dire, j'avais déjà fait un savon à la naissance de mon fils, avec mon lait maternel." Sensibilisée "à l'écologie ou au recyclage", Cécile Orfila produit un premier shampoing solide, à Noël, pour offrir à ses proches. "J'ai voulu créer ma propre recette. Je me suis inscrite sur un site pour connaître la saponification." Et avec la production, l'idée, encore floue, qui trotte dans la tête affine ses contours. 

"Ma voisine avait travaillé avec Fanny pendant sa grossesse. Elle m'a dit qu'elle arrêtait." Cécile y voit d'emblée l'opportunité d'obtenir des conseils. "Mais en fait, moi je vendais tout", explique Fanny. Le prix paraît exorbitant pour les finances de la potentielle acheteuse. Mais, finalement, à force d'en parler et de faire appel à la solidarité familiale, il ne manquait que 4 000 € à Cécile Orfila. D'où un financement participatif demandé sur le site Kisskissbankbank (*), où Cécile explique dans le détail pour quelles raisons elle fait appel à la générosité (qui, au passage, est récompensée) et quels sont ses projets. 

François Desmeures

"Je ne conserverai pas tous les produits, notamment parce que certains marchent moins que d'autres, se projette déjà Cécile Orfila. Mais je reste dans le domaine des savons et des produits cosmétiques." Elle garde aussi l'idée de produire sur place et de vendre sur place, "peut-être aussi en allant démarcher des gîtes et des campings"

"C'est un grand soulagement de savoir que tout est repris, c'est quand même huit ans de travail." Les deux femmes ont réalisé le "tuilage" cet été, "et sinon je serai à côté", rassure Fanny Weltman. "Pour moi, cette reprise, c'est du temps de travail gagné", constate Cécile Orfila. Et, pour les deux, ce sont surtout de nouvelles perspectives de vie, en accord avec leurs principes et leurs envies. 

(*) https://www.kisskissbankbank.com/fr/projects/la-sittelle/tabs/description

https://lasittellecosmetiques.com

François Desmeures

François Desmeures

Economie

Voir Plus

A la une

Voir Plus

En direct

Voir Plus

Studio