ÉDITORIAL Quand il n'y a plus d'eau, il y en a encore
Ce jeudi, à 19 heures, presque 200 personnes se sont rassemblées devant la préfecture du Gard pour soutenir les blessés après les affrontements avec les forces de l'ordre lors de la manifestation interdite contre les mégabassines à Sainte-Soline (Deux Sèvres).
C'est à l'appel de la Confédération paysanne du Gard que des soutiens se sont rassemblés devant la préfecture du Gard, hier soir. Une manifestation pour dénoncer les violences policières et apporter du soutien aux blessés. Des blessés du côté des manifestants mais aussi des forces de l'ordre, rappelons-le, en conséquence samedi dernier à un rassemblement du mouvement Les Soulèvements de la Terre, qui a dégénéré dans les Deux-Sèvres. Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, tient d'ailleurs pour responsable les organisateurs et appelle à la dissolution du mouvement. En déplacement ce jeudi, le président de la République est sur la même longueur d'onde. Il a dénoncé "des scènes de violences inacceptables (...) de la part de milliers de gens venus pour faire la guerre." Difficile de le contredire à la vue des images. Et de comprendre ce niveau de violence, que rien ne peut excuser. Mais de quoi parle-t-on précisément ? De seize retenues d'eau d'une capacité de plusieurs centaines de milliers de mètres cubes qui doivent être construites à Sainte-Soline. Face à la sécheresse liée au changement climatique, il s'agit tout bonnement d'une solution pour retenir l’eau en hiver afin que les agriculteurs puissent l'exploiter l'été. Financées par les agriculteurs et l'État, ces réserves d'eau sont remplies par pompage dans les nappes phréatiques. Les opposants refusent cette solution et les multiples risques qui en découlent. Seize bassines, c'est l'équivalent de plus de 1 500 piscines olympiques. Si demain, la sécheresse progresse à l'intérieur des autres saisons, combien d'eau devra être pompée ? Ces réserves d'eau artificielles vont aussi à l'encontre de l'histoire. Alors qu'un changement de pratique est absolument essentiel face à la menace climatique, ces bassines encouragent l'agriculture intensive. Enfin, dans son dernier rapport, le Giec, le groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, présente les risques à long terme de ces réserves. Notamment le risque d'épuisement des sols et son coût financier. Sans compter les impacts environnementaux négatifs en particulier dans les zones déjà affectées par le réchauffement climatique. L'exemple espagnol est déjà frappant. De nombreuses bassines ne parviennent même plus à se remplir. Même en profondeur, il n'y a plus d'eau... Difficile de comprendre alors, au regard des arguments clairs comme l'eau de roche, pourquoi les détracteurs de ces projets ont préféré utiliser le mauvais conduit plutôt que le débat ?
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