NÎMES Incendie du centre des impôts : le gilet jaune suspecté, relaxé par le tribunal
C'est un dossier épais, qui a nécessité des semaines d'enquête et de lourdes investigations en téléphonie et en visionnage de caméras de vidéosurveillance.
Et pourtant les preuves rassemblées sont bien maigres à l'encontre du prévenu de 27 ans qui comparaissait jeudi soir devant le tribunal correctionnel de Nîmes. Il était suspecté de "dégradation ou détérioration du bien d'autrui par un moyen dangereux pour les personnes", et "dissimulation volontaire de visage, sans motif légitime afin de ne pas être identifié lors d'une manifestation sur la voie publique faisant craindre des atteintes à l'ordre public".
Des faits qui se sont déroulés le 12 janvier 2019 en conclusion d'une manifestation des gilets jaunes dans les rues de Nîmes. En soirée, près de 3 000 manifestants se rendent en cortège devant le centre des impôts. Lancé par un individu, un engin incendiaire va occasionner près de 57 000 euros de dégâts dans l'édifice public.
Un jeune homme va devenir le suspect numéro 1, celui qui est aperçu le plus près du futur sinistre, quelques secondes avant que l'incendie ne se déclare. "Cet homme pris en photo, ce n'est pas moi", répète depuis son interpellation quelques semaines après les événements le prévenu. À la barre d'audience du tribunal correctionnel il n'en démord pas et les magistrats sont également dubitatifs lorsqu'ils scrutent les photos présentées par les services d'enquête.
Sur une autre photo on aperçoit le prévenu qui ne porte pas le même pantalon que l'homme vu près de l'incendie ! Ce pyromane "jaune", est également repéré près des Arènes le même jour en train d'incendier une poubelle. Il n'a pas la même physionomie que l'homme présent à la barre du tribunal.
"S'il y a une culpabilité dans ce dossier sensible où un symbole de la République a été attaqué, c'est nécessairement 2 à 3 ans de prison. Mais je ne suis pas en mesure, par rapport aux photographies et aux éléments d'enquête, de retenir la culpabilité du prévenu", déclare le vice-procureur, Patrick Bottero qui ouvre une porte à la relaxe.
"Il est évident que vous avez aujourd'hui devant vous une personne victime d'une erreur ou plutôt de la mauvaise foi des enquêteurs qui ont maintenu leurs versions alors que toutes les éléments objectifs étaient contre eux dans ce dossier", poursuit maître Margaux Expert, avocat du gilet jaune mis en cause. Un homme qui a obtenu de la juridiction pénale, jeudi à 22h30, une relaxe au bénéfice du doute.
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