Publié il y a 1 mois - Mise à jour le 06.03.2024 - Thierry Allard - 2 min  - vu 366 fois

GARD RHODANIEN « L’alliance parfaite » des brebis et de la vigne

Élus, Chambre d'agriculture, éleveur et exploitant agricole main dans la main pour développer le vitipastoralisme

- Photo : Thierry Allard

Des paysages qui ressemblent à la Toscane, une grande bâtisse en pierre, des soeurs orthodoxes qui produisent principalement du vin : le Monastère de Solan, entre Cavillargues et La Bastide-d’Engras, est une exploitation agricole presque comme une autre.

Et, comme dans de nombreuses exploitations, notamment viticoles, « nous voulons une agriculture qui soit respectueuse du vivant », pose soeur Yossifia. De l’autre côté, Florian Couhault, éleveur à Saint-André-d’Olérargues, à dix minutes du Monastère, qui fait face à une sécheresse de plus en plus prégnante et à des prix du foin qui explosent. Depuis quelques jours et pour encore une petite semaine, 25 bêtes de l’éleveur pâturent dans les vignes du Monastère.

« C’est l’alliance parfaite, s’enthousiasme soeur Yossifia, qui cherchait depuis des années à mettre en place du vitipastoralisme sur l’exploitation. Un mouton, c’est une barre de coupe à l’avant, et un sac de fumier à l’arrière. » En d’autres termes, les moutons et les brebis permettent « que le sol soit couvert mais pas débordé par l’herbe, et leurs déjections enrichissent les sols », reformule la religieuse. Important quand on fait face à la sécheresse, face à laquelle « il faut maintenir le sol couvert pour qu’il absorbe chaque goutte d’eau », reprend-elle, évoquant « une symbiose », le sol accueillant aussi nombre d’insectes.

Côté éleveur, « ça m’évite de dépenser du foin, et on n’aurait de toute façon pas la qualité de cette herbe-là », explique Florian Couhault. Pour lui, l’économie est tout sauf négligeable : « sur tout mon troupeau, j’économise de 30 à 40 euros de foin par jour, précise-t-il. Si je fais ça pendant deux ou trois mois, j’économise de 2 000 à 4 000 euros. » « C’est du gagnant-gagnant », résume Gabrielle Martel, chargée du vitipastoralisme à la Chambre d’agriculture du Gard, d’autant que le dispositif est gratuit des deux côtés.

25 brebis de Florian Couhault ont investi le vignoble du Monastère de Solan • Photo : Thierry Allard

« C’est très bien parti pour la fin de l’année »

Florian Couhault inaugure le projet mené par l’Agglomération du Gard rhodanien et la Chambre d’agriculture, qui a donné lieu à trois réunions il y a quelques semaines entre viticulteurs et éleveurs. L’idée est de « pouvoir réintroduire les brebis dans les vignes à une époque où la vigne est en dormance, mais aussi sur des terres en friche, c’est une façon des les nettoyer et de lutter contre les incendies, et on peut imaginer aussi travailler sur l’entretien des pistes DFCI », avance la conseillère communautaire déléguée à l’Agriculture Véronique Herbé.

La vigne est donc le premier échelon, et le projet vient de démarrer avec deux éleveurs, avant probablement de monter en puissance à l’automne prochain. « C’est très bien parti pour la fin de l’année, entre octobre et début mars », avance Gabrielle Martel, qui table sur une dizaine d’éleveurs à ce stade. Pour en attirer davantage et développer le dispositif, l’Agglo réfléchit à « un calendrier d’intervention des bergers pour leur assurer une présence continue sur le territoire avant de repartir en estive », affirme Véronique Herbé.

Pas dans les vignes : exit les brebis après le débourrement, lorsque les bourgeons éclosent, ce qui se produira quand quelques jours, « sinon elles les mangent et on n’a pas de raisin », sourit soeur Yossifia. Si tout va bien, les brebis reviendront à l’automne.

Thierry Allard

Bagnols-Uzès

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