Publié il y a 7 mois - Mise à jour le 15.09.2023 - Propos recueillis par Abdel Samari - 6 min  - vu 1847 fois

FAIT DU JOUR Olivier Véran : "Je serai à Beaucaire pour parler mais surtout pour écouter"

Olivier Véran

Olivier Véran le ministre du Renouveau démocratique lors d'un déplacement.

- Photo MaxPPP

Le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, par ailleurs ministre du Renouveau démocratique, a choisi Beaucaire pour la Journée internationale de la démocratie. Il est d'abord en interview sur Objectif Gard.

Olivier Véran sera à Beaucaire ce vendredi et rencontrera des jeunes de la Mission locale qui ont bénéficié du dispositif « Erasmus + », puis échangera avec les responsables et des bénéficiaires de l’association Samuel Vincent. Enfin, le ministre participera à une rencontre ouverte avec des habitants autour de leur vision et leurs idées pour renouveler la vie démocratique sur le plan local et au niveau national, ainsi que leurs attentes et leurs difficultés quotidiennes. Il est en interview sur Objectif Gard.

Objectif Gard : Dans quel cadre êtes-vous présent ce vendredi à Beaucaire ? 

Olivier Véran : J’ai été invité par Juan Martinez, président de la communauté de communes dans le cadre de la Journée internationale de la démocratie, prévue comme chaque année le 15 septembre. En tant que ministre chargé du Renouveau démocratique, je viens donc pour échanger autour de la démocratie, mais également pour expliquer et parler des actions menées par le Gouvernement. En tant que porte-parole du Gouvernement mon rôle est double : porter la parole du Gouvernement auprès des Français et porter la parole des Français auprès du Gouvernement. Je serai donc à Beaucaire pour parler mais surtout pour écouter.

Un déplacement qui se télescope avec la rentrée politique du Rassemblement national dans son fief de Beaucaire. Est-ce que l’on doit y voir une volonté du Gouvernement de contrer les thèses de l’extrême-droite sur ses terres électorales ? 

Je suis porte-parole du Gouvernement et ministre chargé du Renouveau démocratique. Tout au long de l’année, je rencontre donc des Français, sur toutes les thématiques. Souvent sous forme de rencontre-débat. Je l’ai fait à Brignoles avec une cinquantaine de personnes il y a quelques mois. Je l’ai fait à Chaudon avec des enfants il y a quelques jours. C’est ce que je vais faire aujourd’hui à Beaucaire. Comme Julien Sanchez l’a lui-même écrit, aucun ministre ne s’est déplacé dans la ville de Beaucaire depuis 9 ans. Or, nous devons pouvoir aller partout. Il n’y a pas de territoire interdit au sein de la République. Je suis donc heureux d’être à Beaucaire ce vendredi. 

Sur ce territoire de Beaucaire comme ailleurs dans le Gard, la majorité présidentielle a perdu de son influence. Comment faire en sorte de reconquérir ces villes et villages ? 

Ma volonté est simple : rencontrer et échanger avec les Français, comme je le fais dans le cadre de mes déplacements et tout au long de l’année. Je ne viens pas ici pour m’opposer frontalement au RN, encore moins à ses électeurs. Je ne viens pas non plus pour donner des leçons de morale. Je viens car je veux être à l’écoute de tous les Français, recevoir leurs remarques et leurs attentes, leurs mécontentements aussi. Il faut se déplacer, aller rencontrer les Français, comprendre leurs inquiétudes. C’est pour toutes ces raisons que je suis à Beaucaire aujourd’hui. 

Olivier Véran, porte-parole et ministre chargé du Renouveau démocratique. • Photo MaxPPP

Le Gard compte aujourd’hui quatre députés RN et un député Insoumis, vos principaux opposants à l’Assemblée nationale. Est-ce que notre département est une forme de laboratoire pour les progressistes afin de mesurer, comprendre et lutter contre la colère des Français ? 

De plus en plus, nous évoluons dans des bulles, à la fois dans nos vies du quotidien mais également sur nos propres réseaux sociaux. Nous nous croisons moins, nous suivons les mêmes types de personnes, les gens qui pensent souvent comme nous. C’est devenu difficile d’être en désaccord. Il faut pouvoir ouvrir ces bulles, se croiser de nouveau, s’autoriser à être en désaccord tout en continuant à se parler et s’écouter. Je compte donc bien écouter chacun, réussir à échanger et porter leur parole et leurs attentes. 

Nîmes, capitale du Gard, est le théâtre de violences et de meurtres liés aux trafics de drogue. Julien Sanchez, le maire de Beaucaire, expliquait récemment dans nos colonnes que l’insécurité n’était pas réglée, raison de leur hégémonie. Êtes-vous d’accord ? 

La matrice idéologique du RN est la liaison entre les sujets de sécurité et de justice, afin de légitimer un supposé climat « d’insécurité » et « d’ultra violence » en France, combiné à un affaiblissement de l’autorité publique. La reconquête Républicaine est là. L’autorité de l’État est là. Les interpellations sont là et nous y consacrons tous les moyens nécessaires. Lutter contre le trafic de stupéfiants, c’est lutter contre les violences urbaines. Le Gouvernement agit sans relâche à tous les niveaux contre ces trafics : des réseaux d'approvisionnement à la distribution. Notre unique objectif est de protéger les populations. Nous avons par exemple créé un nouvel office anti-stupéfiant, l’OFAST, chef de file dans la lutte contre les trafics de drogues. Nous avons généralisé l’amende forfaitaire délictuelle (AFD) pour sanctionner les consommateurs. La procédure d’AFD a déjà démontré son efficacité : plus de 800 000 amendes forfaitaires délictuelles ont été délivrées depuis 2018, dont 330 000 AFD stupéfiants depuis octobre 2020. Enfin, un chiffre témoigne de notre action résolue sur le sujet : la suppression de plus 20% des points de deals sur le territoire depuis la fin de l’année 2020.

Et plus spécifiquement à Nîmes ? 

La CRS 8 assurait le maintien de l’ordre de jour comme de nuit 24h sur 24. Une unité de force mobile supplémentaire a été affectée à la ville de Nîmes et restera sur place plusieurs semaines. Les policiers du RAID ont été déployés et procèdent à de nombreuses interpellations. La lutte contre l’insécurité est une lutte difficile qui s’inscrit dans le temps, mais nous connaissons des résultats : + 40% de policiers à Nîmes depuis 4 ans et ce sont trois tonnes de cannabis saisies en 2022 à Nîmes, c’était une tonne il y a 4 ans. 

Notre première préoccupation pour les Français depuis le début de l’inflation, c’est de protéger leur pouvoir d’achat.

Olivier Véran

La crise inflationniste perdure. Et les hausses de l’énergie et de l’alimentaire poursuivent leur progression. Comment le Gouvernement peut-il apporter des réponses concrètes sans tomber dans des propositions rustines ?

Notre première préoccupation pour les Français depuis le début de l’inflation, c’est de protéger leur pouvoir d’achat. Depuis la fin de la crise sanitaire, nous avons pris des mesures fortes pour protéger les Français face à la flambée des prix de l’énergie et limiter l’impact de la hausse des prix du carburant. Dans ce combat contre l’inflation, l’État a fait un choix stratégique avec le bouclier tarifaire de 46 Milliards d’euros, qui permet de prendre en charge la majorité de la hausse de la facture, et donc de soulager le budget global des ménages. Le SMIC évolue quant à lui aujourd’hui plus rapidement que l’inflation. L’ensemble des minima sociaux et des retraites ont été indexés. Pour limiter la hausse des prix de certains produits alimentaires, nous avons agi collectivement en prenant des mesures adaptées. Si ces mesures ont permis de contenir l’inflation, beaucoup de Français éprouvent toujours des difficultés. 

Et le pouvoir d'achat ?

Le Gouvernement est pleinement engagé pour casser l’augmentation du prix des produits alimentaires. Le nombre de produits alimentaires concernés par des efforts tarifaires va doubler pour atteindre 5 000 références, dont les prix n’augmenteront pas ou alors diminueront. Des négociations commerciales anticipées seront mises en place pour les 75 plus grosses entreprises, afin qu’elles se concluent en début d’année 2024 plutôt qu’au printemps. Le Conseil national de la consommation sera saisi afin de rendre obligatoire pour les industriels de faire figurer le changement de contenu de manière transparente et visible sur les étiquettes. Toutes ces mesures, à différents échelons, sont les exemples de notre action de chaque instant pour améliorer concrètement le quotidien des Français face à l’inflation. 

Un dernier mot sur les crises successives que doit affronter la majorité présidentielle depuis des années. Vous avez été d’ailleurs vous-même en première ligne durant la crise covid en tant que ministre de la Santé. Aujourd’hui, porte-parole du Gouvernement, mais surtout ministre du Renouveau démocratique. C’est probablement la crise institutionnelle devant nous. Comment l’anticiper et trouver les ressorts pour convaincre les Français de s’intéresser davantage au destin de notre pays ?

Le propre d’une démocratie, comme la France, c’est l’autorisation du désaccord. Pouvoir être en désaccord, sans risquer d’être en danger, sans risquer sa vie. Lorsqu’on pense à ce qu’il se passe en Iran depuis l’an dernier, le mot démocratie prend une toute autre portée. On se rend d’autant plus compte du caractère précieux de la démocratie. Je suis ministre du Renouveau démocratique, et c’est ce que je souhaite porter, ici comme ailleurs. Je parlerai démocratie, je parlerai Europe, je parlerai services publics et je parlerai surtout aux Français, quelle que soit leur couleur politique et le bulletin qu’ils ont mis dans l’urne. Ma responsabilité en tant que porte-parole, c’est aussi d’expliquer l’action de l’État jusqu’au dernier kilomètre, avoir le courage de la nuance dans une époque qui ne jure plus que par la radicalité, apporter des réponses concrètes aux discours populistes et simplistes.

Propos recueillis par Abdel Samari

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