Publié il y a 3 mois - Mise à jour le 01.01.2024 - Stéphanie Marin - 3 min  - vu 1551 fois

FAIT DU SOIR Lazaro, ressortissant cubain âgé de 38 ans, dans l'impasse

Lazaro Raymundo Alvarez Granados, 38 ans, marié à Justine et papa d'un enfant âgé de 6 ans.

- Stéphanie Marin

Ce ressortissant cubain, arrivé en France en 2013, d'abord à Saint-Rémy-de-Provence puis à Beaucaire depuis 2016, se sent comme pris en otage par les lenteurs administratives. Il y a pourtant urgence, sa carte de séjour a expiré le 23 décembre dernier. 

Lazaro Raymundo Alvarez Granados parle vite, très vite. Un débit de parole qui, de manière inconsciente, en dit long sur l'urgence de la situation dans laquelle il se trouve. Son titre de séjour a expiré et ce depuis le 23 décembre. Ce ressortissant cubain âgé de 38 ans, n'est en aucun cas atteint d'une phobie administrative qui l'aurait empêché d'effectuer les démarches nécessaires pour permettre l'étude de son dossier par les services de l'État compétents pour le renouvellement de son précieux sésame.

Ce n'est d'ailleurs pas la première fois qu'il se plie à ce protocole, puisque arrivé en France en 2013, Lazaro en est à son cinquième titre de séjour. "Jusque-là, je n'ai jamais eu aucun problème, tout s'est toujours bien passé", indique le trentenaire. Alors le 2 novembre dernier, c'est plutôt confiant qu'il procède à l'enregistrement de sa demande de renouvellement sur le site de l'Agence nationale des titres sécurisés (ANTS).

Lazaro Raymundo Alvarez Granados, 38 ans, marié à Justine et papa d'un enfant âgé de 6 ans. • Stéphanie Marin

Marié depuis 2020 à Justine, esthéticienne à son compte sur Beaucaire et tous deux parents d'un enfant âgé de 6 ans, Lazaro doit multiplier les justificatifs et les justifications pour prouver sa bonne intégration, posant sur la table son diplôme en langue française de niveau 2. Membre du club de baseball Les Chevaliers de Beaucaire, il est également arbitre et animateur fédéral. Même sa vie de famille constitue un sujet dans son dossier. "J'ai dû montrer les photos de mon mariage et même pour mon enfant, pour chaque chose achetée, je fais éditer des factures, afin de prouver que je m'occupe bien de lui, puisqu'on me le demande."

Le 6 novembre, Lazaro reçoit un mail de la part de l'ANTS, confirmant la bonne réception des documents pour le renouvellement de son titre de séjour. Les jours passent, sans nouvelle, il relance le service administratif concerné. Une réponse automatique lui indiquant que finalement "la demande est absente", sème tout à coup la panique au sein de la famille. Cette demande semble pourtant bien prise en compte sur la plateforme numérique, sans jamais franchir la case "en cours d'instruction". Au 28 décembre, soit cinq jours après la date de fin de validité de sa carte, l'homme n'avait toujours aucun renseignement sur l'évolution de sa démarche. 

"Un délai de traitement très important"

Lazaro s'est rendu plusieurs fois à la Préfecture, il est même allé frapper à la porte de la permanence du député de la première circonscription du Gard, Yoann Gillet. Ce genre de dossiers ne relève pas de ses compétences, "mes collaborateurs ont donc simplement contacté la Préfecture pour signaler que nous avions été contactés par cette personne au sujet des délais de traitement", indique le parlementaire. La Préfecture du Gard reconnaît "un délai de traitement très important", lié à "une augmentation significative du nombre de demandes de titre de séjour dans le département cette année et un nombre d'agents instructeurs insuffisant pour pouvoir y répondre."

Cette situation irrégulière empêche - et c'est en cela qu'il y a urgence - Lazaro, monteur et assembleur dans une usine de fabrication de mobil-homes, de signer le contrat à durée indéterminée tant attendu après des années de travail en intérim. Un contrat qui devait démarrer en date du 3 janvier 2024, selon la promesse d'embauche qui lui a été faite.

"Je suis dans l'impasse, je n'ai affaire qu'à des robots et n'arrive à rencontrer personne à la préfecture. Je me retrouve en situation irrégulière alors que mon dossier est complet, il a été envoyé via le service en ligne et par courrier. Je n'ai même pas reçu de récépissé. Je ne sais plus quoi faire", se désespère-t-il la main posée sur sa sacoche contenant tous les papiers nécessaires pour le renouvellement de son titre, le chèque de 280€ compris. Tout est prêt au cas où on l'appellerait demain...

Stéphanie Marin

Beaucaire

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