Publié il y a 5 mois - Mise à jour le 18.11.2023 - Anthony Maurin - 4 min  - vu 889 fois

FAIT DU JOUR Le Gard agricole est un exemple en France

Magali Saumade Sébastien Windsor (Photo Anthony Maurin)

L’agriculture connaît une crise importante. Pour faire avancer les choses, le terrain apporte des solutions ou des perspectives au bureau.

Magali Saumade et Sébastien Windsor (Photo Anthony Maurin)

Magali Saumade, présidente de la Chambre d’agriculture du Gard, recevait Sébastien Windsor, président national de Chambres d’agriculture France pour présenter et échanger sur les problématiques agricoles gardoises et nationales.

Les représentants de l’État tels que le préfet Jérôme Bonet ou encore le responsable départemental de la direction régionale de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt étaient eux aussi de la partie en compagnie de parlementaires pour assister à une session de la Chambre d’agriculture du Gard un peu spéciale.

Trois fois l’année, les élus de la Chambre se réunissent pour parler des actions menées, des budgets et des stratégies mises en place. Ce vendredi en plus de cela il a fallu se montrer didactique car l’assemblée voyait ainsi quelques nouveaux venus. En priorité, les discussions ont porté sur l’économie agricole, la gestion de l’eau et les enjeux d’installation-transmission des exploitations.

Magali Saumade Sébastien Windsor (Photo Anthony Maurin)

« Je suis agriculteur en polycultures en Seine-Maritime, près de Rouen. Tout est différent d’ici, je fais du lin ou de la betterave, j’élève des porcs, les nourris avec mes céréales et transforme leur viande… Je suis aussi président national des Chambres d’agriculture donc je suis heureux de venir pour voir directement sur place ce qu’il s’y passe », entame Sébastien Windsor.

Et le président de poursuivre sur sa venue gardoise : « Cela nous apporte des échanges plus efficaces, plus directs pour défendre notre agriculture car nous n’avons pas, en Normandie, le même problème que vous avec l’eau. Il en va de même pour les remontées salines en Camargue ou sur les mutations de la viticulture ! Ces échanges nous servent au quotidien, on en ramène de l’expérience car les techniciens gardois, notamment sur le changement climatique, sont au top. »

Pour Magali Saumade, le moment est important. Il est certain que le Gard sans agriculture ne tiendrait plus la route. Le paysage serait chaotique et, au vu du climat, les gourmets perdraient les saveurs de nombreux produits… « Nous nous nourrissons de ces expériences sur le terrain que nous avons depuis hier soir. C’est comme ça que nous parviendrons à avancer ensemble, nous avons besoin du soutien de Sébastien et il faudra qu’il garde en mémoire les spécificités gardoises pour pérenniser l’agriculture sur notre territoire. »

Pour cela, il faut mettre en place des schémas économiques et viables pour assurer le renouvellement des générations, chose loin d’être acquise.

Présentation des produits gardois pour le déjeuner à la Chambre d'agriculture ce vendredi 17 novembre à midi (Photo Anthony Maurin).

« Nous sommes persuadés que le bémol économique déstabilise les filières. Il faut que les Chambres puissent avoir les moyens pour intervenir. » C’est ici, sur cette courte notion, que le président national peut peut-être aider. Il faut sécuriser les revenus agricoles et minimiser les contraintes. Pour cela, quelques pistes sont à l’étude.

« Les gens veulent travailler ! Mais on ne trouve plus personne pour travailler sur une exploitation 7j/7. Il faut limiter les contraintes en bâtissant un nouveau modèle. Pourquoi ne pas imaginer, quand on est seul avec 50 vaches, de se regrouper à trois et d’avoir 150 vaches ? », évoque Sébastien Windsor. Pendant les vacances de l’un, les autres bossent et l’exploitation tourne normalement ou presque. « Il faut aussi sécuriser l’eau car elle permet l’installation. Être résilient, nous savons faire mais ça coûte cher car il faut mettre l’argent public dans la gestion de l’eau par exemple alors que les choses partent actuellement dans le sens contraire... Il faudra aussi se pencher sur le système assurantiel. »

Affaire à suivre (Photo Anthony Maurin)

Un exemple a été donné. Le Rhône est actuellement en crue. Forte crue. Son eau douce se jette à la mer, beaucoup d’eau douce part à la mer. Et en été ? Nous en manquons ! Si on captait, neuf heures durant le débit du fleuve, l’agriculture aurait suffisamment d’eau pour l’année ! Et elle ne grignoterait rien aux nappes phréatiques… Ce n’est qu’un exemple, bien sûr, mais quand même.

Les gens en responsabilité, les représentants de l’État cités plus haut, doivent entendre ce discours et essayer de comprendre cela. « Il n’y a pas de grande bataille à gagner mais de nombreuses petites, les unes après les autres. En tout cas, il faut faire passer le message et en même temps embarquer les citoyens avec nous ! », espère Magali Saumade.

Sébastien Windsor parle des installations : « Une loi d’orientation est en préparation et il se trouve que son schéma est proche de celui utilisé par le Gard. Il faut aussi sensibiliser les jeunes en école primaire en les faisant visiter des exploitations car ils n’ont plus, comme c’était le cas par le passé, de lien avec le monde rural ou agricole. »

eau potable
La gestion de l'eau sera un des enjeux de l'avenir Photo d'illustration • Photo DR

Si les choses bougent, et c’est nécessaire, la Chambre répondra à l’appel. Elle sera présente au côté des siens et pour un avenir meilleur. « Restons optimistes car nous faisons le plus beau métier du monde ! Et nous avons de nombreux enjeux devant nous comme la décarbonisation… », avoue Magali Saumade.

C’est le président Windsor qui en touchera un mot : « Nous devons arriver à nous passer des énergies fossiles. C’était à peu près le cas au Moyen Âge et nous devons avancer et essayer. Nous devons produire plus qu’aujourd’hui pour faire du renouvelable, nous devons ouvrir de nouvelles voies, les pistes sont larges et avec de nombreuses petites choses à mettre en place dans les exploitations mais on peut faire beaucoup ! Même stocker du carbone pour d’autres filières… »

Le Mas des agriculteurs (Photo Anthony Maurin).

Le Gard a d’ores et déjà les spécificités requises pour tenter certaines de ces belles aventures. Un dernier souvenir du Gard et de sa visite ? Le sourire vient immédiatement aux lèvres de Sébastien Windsor. « Le Mas des agriculteurs. J’ai adoré ! Chapeau car il est rare d’avoir autant de circuit court et de transformation en local… C’est un très bel outil que d’autres départements envisagent sérieusement. Encore une fois le Gard a été précurseur. »

Dans un autre registre, la Chambre d'agriculture part à la rencontre des passionnés pour échanger avec eux sur l'actualité agricole. Rendez-vous les 7 décembre à St-Privat-des-Vieux, 11 décembre à Salinelles, 14 décembre à Beaucaire, 11 janvier 2024 vers St-Alexandre et le 18 janvier du côté de Lirac.

Anthony Maurin

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