Publié il y a 7 mois - Mise à jour le 30.08.2023 - Anthony Maurin - 6 min  - vu 1382 fois

FAIT DU JOUR La santé est-elle une priorité dans la reconstruction de Pissevin ?

La MSP Trait d'union à Pissevin (Photo Anthony Maurin).

Avec le renouvellement urbain le quartier de Pissevin s’apprête à vivre sa mutation. Pour cela, il faut faire des travaux, un chantier de plusieurs années qui bouleverse les habitudes du secteur.

La MSP Trait d'union à Pissevin (Photo Anthony Maurin).

Ils sont (encore) nombreux et ne veulent pas laisser le quartier en plan. Pourtant, pour les riverains de Pissevin, il est probable que la maison médicale Trait d’Union ferme définitivement. Les docteurs Adam, Brunot, Castellani, Nogues, Ramassamy et Sidhoun n’ont plus de visibilité sur leur avenir.

Tout part du chantier en cours sur l’ancien emplacement du Carrefour Market (Trait d’Union) qui sera le futur local de GGL aménagement. Le but du jeu à Pissevin ? Faire de lourds travaux sans faire partir les commerçants. Mais à côté est implantée une Maison de Santé Pluridisciplinaire. Il faut des réponses que les médecins n’ont pas.

Pas de réponses aux questions qui portent sur les délais de début et de fin des travaux des locaux GGL (fin des travaux en 2025 ?), sur les loyers, sur les charges et sur le prix proposé à l'achat.

Pissevin et ses 15 000 habitants (Photo Anthony Maurin).

« Par respect et par transparence, vis à vis de nos patients et habitants du quartier qui nous font confiance, nous transmettons ce mail à toutes les associations du quartier, au conseil citoyen et au comité de quartier. Ce mail faisant office d'un préavis de départ d'un ou plusieurs ou de l'ensemble des médecins de notre cabinet, si la situation de notre activité médicale devenait critique. » La situation pour le corps médical qui n’a pas été entendu est maintenant claire, l’ultimatum est lancé à la SPL Agate en charge de la situation.

Après plusieurs propositions qui ne satisfont ni les uns ni les autres, l’affaire est au point mort. Une dernière offre de la SPL Agate voulait délocaliser le cabinet à l’emplacement de l'ancien Crédit Agricole.

Pissevin a besoin de structures sanitaires (Photo Anthony Maurin).

« Au vu de toutes les contraintes, malgré toute notre bonne volonté, mettez-vous à notre place, nous sommes certains, que vous êtes de notre avis : déménager l'ensemble de notre cabinet pour deux bureaux de plus, avec toutes ces contraintes et nuisances qui en découleront, autant continuer à exercer dans nos locaux actuels. »

Il est bon de rappeler que l’objectif premier était un agrandissement de l’actuel local dans le but de permettre à deux jeunes médecins, les docteurs Castellani et Sidhoum, associés à la MSP depuis avril 2023, d’avoir des bureaux et de continuer à exercer dans de bonnes conditions car ils ne travaillent que quand les autres médecins sont absents.

Retour en arrière

Pourtant, la MSP était intégrée au programme Kennedy car Pissevin, avec ses 15 000 habitants, nécessite une offre de santé très importante et il paraît indispensable d'y avoir un pôle de santé. Dès le début du programme NPNRU en 2016, la MSP a été créé pour regrouper les professionnels de santé afin de maintenir et de développer l'offre de soins dans le quartier. Lors d’une première réunion en mars 2021 la MSP découvrait ce qu’on lui proposait pour rester dans le quartier.

C'est ici qu'aurait pu s'implanté la MSP qui n'est qu'à quelques mètres... Mais les contraintes sont trop nombreuses (Photo Anthony Maurin).

« On nous a imposés nos futurs locaux au 2e étage ou au mieux au 1er étage dans un des trois bâtiments R+5 avec ascenseur commun avec le reste des futurs habitants du bâtiment ! Le rez-de-chaussée étant réservé aux commerces de bouche, agences de voyage… les personnes âgées, handicapés, mamans avec les poussettes n'étaient pas leur priorité. Notre mécontentement fut grand. L’agencement de notre MSP au rdc était une condition indispensable pour l’accueil de nos patients et nous sommes restés très fermes sur cette dernière. »

Une réponse en plusieurs points

« Mais malheureusement, si vous arrivez à la limite de votre capacité à agir, ce que nous pouvons comprendre, on en restera là. Car nous, n'ayant pas d'autres solutions, nous arrivons au bout de nos efforts, et de nos possibilités à faire face à la demande exponentielle de soins primaires, de consultations dans notre quartier Pissevin. »

À savoir que trois des six médecins du cabinet, ayant de sérieux problèmes de santé, ne pourront plus continuer à travailler dans ces conditions. Aussi, la réduction des plages horaires de consultations sera réduite, les patients pris sans rendez-vous ne le seront plus.

« Nous voulions juste avancer, et essayer de sauver la médecine dans ce quartier Pissevin, les habitants nous étant très attachés, conscients de notre situation, la plupart sont prêts à nous suivre si nous quittions le quartier. »

La MSP (Photo Anthony Maurin).

Après une première réunion, la MSP a obtenu une partie de ses requêtes, notamment grâce à la pharmacie. Mais de nombreux problèmes se posaient encore comme le stationnement, le prix bien plus élevé que partout ailleurs ou la dangerosité de l’accès…

« Depuis 2016, nous sommes locataires de la SPL Agate, et nous leur payions un loyer annuel de 45 000 euros pour notre cabinet actuel de 160 m2 (soit 23,4 euros/m2/mois) alors que le loyer médian du quartier est de 12 euros/m2/mois. À partir de 2019, grâce au fonds de l'ANRU, la rénovation importante du quartier devant impacter dans la durée les commerçants, il leur a été proposé une baisse significative des loyers (plus de 30 % y compris les radiologues, pharmacies…) sauf les médecins ! »

Des locaux trop onéreux

Après multiples et « épuisants » échanges, il a été décidé en accord avec la ville de Nîmes, de réviser ce loyer (hors charges) de 10 %. En 2022 une prise en compte des difficultés d'exercice et de la déprise médicale sur le quartier a entraîné fort logiquement une nouvelle baisse de loyer a été octroyée.

« Depuis nous payons 31 636 euros annuels (soit 16 euros/M2/mois) donc une baisse de 30 % après plusieurs années d’acharnement alors que nous réclamions juste le même traitement de faveur que les autres professionnels du quartier »

Les médecins essaient de trouver toutes les solutions possibles et inimaginables, dans l'intérêt de la population de Pissevin, face à la désertification médicale et à l'explosion de la demande de soins de santé dans le quartier. « 22 médecins à Pissevin en 2000, sept actuellement. Dans 5 ans ? 40 % de médecins dans le Gard partiront à la retraite ! Face au manque de place dans notre local actuel (NDLR quatre bureaux pour six médecins, et une salle d'attente devenue exigüe), et n'étant que locataires et dépendant de la SPL Agate nous avions proposé plusieurs solutions."

L'emplacement du CACN (Photo Anthony Maurin).

La première ? Déménager à l'ancienne PMI (proposée en 2018), mais le local fut attribué au CACN (centre d'art contemporain Nîmes) en 2021. La mise à disposition des préfabriqués, demande refusée 2022 parce qu’il va y avoir un bassin de rétention. L’extension du local actuel. La demande a été refusée au motif de zone inondable... « Toutes nos propositions, nous ont systématiquement été refusées, au grand désarroi des habitants de Pissevin. C’est nous qui ne vous comprenons pas ! »

Alors, la solution la plus simple pour les médecins serait justement celle des préfabriqués. Deux accolés aux murs de la MSP mais pour cela la SPL et la Mairie doivent être en accord et valider le projet dans le projet.

On essaie mais on s'épuise 

Dernière proposition en date, donc, délocaliser le cabinet sur le site de l'ancien Crédit Agricole. On revient au départ. Vacant depuis des lustres, délabré, enclavé dans le centre commercial Trait d'union, accolé à l’opticien dont le local a brulé récemment, autant dire que la proposition n’a pas plu. Mais les médecins ont essayé de chercher des solutions mais trop de contraintes étaient mises au jour.

L'ancien Crédit Agricole (Photo Anthony Maurin).

« En effet, lors de la revisite des locaux, nous avions fait remarquer que nous ne pouvions pas délocaliser l'entier cabinet de 160 m2 à l'ancien CA de 150m2 en passant de quatre à six bureaux avec une surface de salle d’attente plus conséquente, et avions évoqué le coût très important pour rénover ce local délabré. Du coup la mairie nous proposait un deuxième local en face pour deux autres bureaux… Cherchant coûte que coûte des solutions pour que la médecine du quartier ne périclite, nous attendions depuis avril 23, les nouvelles propositions et plans que nous venons enfin de les avoir. »

Et, là encore, c’est la désillusion. Les bureaux, plus petits que les actuels(16,17m2 contre 20, 21 m2), certains sans fenêtres. Pas de WC ni de WC privé pour le personnel. La salle d'attente n’est pas plus grande que l’actuelle, l'interconnexion du réseau informatique et de la téléphonique n’est pas possible, la visibilité est minorée, sans compter sur la perte de temps et d'énergie pour le déménagement (il faudra encore déménager quelques mois plus tard) de tout le mobilier.

À droite, la galerie Wagner et au bout de cette vaste place, le centre Trait d'union (Photo Anthony Maurin).

Pour minimiser ces aspects négatifs, il faudrait aménager ces locaux et cela coûterait au bas mot 80 000 euros et la livraison pourrait se faire en novembre 2023, d'après l'architecte Triaire, sollicité pour l’occasion.

« L'extension de 60 à 100 m2, en préfabriqués qui seraient accolés à notre cabinet actuel couterait moins cher et serait construite en un à deux mois. Trois Algecos coûtent 60000 euros pour 2 ans avec assurances et l’installation se fait en une semaine. Cela nous permettrait de continuer à travailler sans incidence lors de ses installations, et les câblages internet, réseaux téléphoniques, edf, eau… seraient directement tirés de notre cabinet sans nouveaux abonnements. »

Anthony Maurin

Nîmes

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