Publié il y a 5 mois - Mise à jour le 28.11.2023 - Anthony Maurin - 3 min  - vu 674 fois

FAIT DU SOIR Nettoyer le passé pour viser un avenir

Dans le respect des lieux, les jeunes s'attaquent maintenant aux stèles en les brossant de manière vigoureuse pour enlever mousse salissures (Photo Anthony Maurin).

Depuis plus de 20 ans, Bonjours Groupe Présence 30 s’engage auprès des jeunes qui résident dans les quartiers prioritaires de la politique de la Ville grâce à ses chantiers éducatifs et chantiers d’insertion.  

Les jeunes font ça bien, dans la concentration et avec un bon état d'esprit (Photo Anthony Maurin).

Depuis le mois de novembre, des jeunes issus des quartiers Pissevin et Valdegour entretiennent et rénovent le carré militaire du cimetière Pont de Justice qui comporte plus d’un millier de sépultures de toutes confessions.

Aïcha, cheffe de chantier et cheffe d’orchestre de l’opération, aime ces jeunes : « Le chantier dure quatre semaines à raison de quatre heures par jours et de cinq jours par semaines. Pour certains, c’est un premier contrat de travail. Pendant le chantier, ils ont un bilan de santé, des ateliers sur toutes les addictions, on leur ouvre des droits et l’idée c’est qu’ils prennent la routine de se lever le matin et d’avoir des consignes. »

Dans le respect des lieux, les jeunes s'attaquent maintenant aux stèles en les brossant de manière vigoureuse pour enlever mousse salissures (Photo Anthony Maurin).

Après une dizaine de jours passés sur le chantier, le nettoyage des tombes a bien avancé. Il ne manque qu’un petit carré à traiter et les jeunes sont motivés. « D’abord, ils ont fait le désherbage manuel puis ils sont passés aux stèles. Ils ne connaissaient pas cet endroit et n’avaient pas idée du nombre de nationalités différentes… Les gens qui passent, échangent avec eux pour savoir ce qu’ils font, notamment les familles. C’est enrichissant pour eux et ça leur donne la valeur du travail. C’est comme ça qu’on s’en sort ! »

Pendant une semaine les jeunes se sont occupés du grand nettoyage automnal de la piste de cross de La Bastide. D’autres sont partis une semaine sur un autre chantier comme ce fut le cas pour Bakaso et Lydia. Le premier explique : « Nous étions avec Alexandre, un autre chef de chantier à Beauvoisin, pour rependre le transformateur. C’est ce que j’ai préféré. » Pour la seconde : « J’étais à la fac mais j’ai dû arrêter car je n’avais pas les bourses. C’est la première fois que je viens au cimetière, je suis contente car en plus c’était mon premier job et ça m’a fait sortir de la maison. »

Au boulot les jeunes ! (Photo Anthony Maurin).

Durant cette période d’un mois, les jeunes ont deux rendez-vous avec une conseillère qui peut leur proposer d’autres projets ou orienter celles et ceux qui en ont envie. En plus de cette rencontre, les jeunes voient aussi les nombreux partenaires du Bonjours Groupe Présence 30. « On établit de la confiance. Je sais ce que c’est, j’ai eu leur âge. On peut faire beaucoup de choses, ils prennent conscience de l’étendue des possibles. Je suis sûre que ces choses marquent les jeunes », explique Aïcha qui ajoute que ce chantier est mixte.

« J’ai entendu parler de Bonjours, j’avais besoin de financer mon permis de conduire. C’était une très bonne expérience et le permis se rapproche ! », se réjouit Bilel. Mohamed intervient : « Je ne connaissais pas Présence 30, c’est mon cousin qui m’en a parlé. On m’a dit que j’allais apprendre des choses et comme c’est mon premier job d’un mois, c’est vrai ! Je vais être plus fort qu’avant car j’aurai envie de me lever le matin et de chercher du travail. »

Le vaste carré militaire (Photo Anthony Maurin).

En utilisant la brosse et un grattoir doux pour ne pas abîmer les pierres tombales, les jeunes ont bien bossé. Nasser est lui aussi bien heureux d’être présent et de s’être accroché. Ces collègues vont lui manquer : « J’avais une bonne équipe et on bossait dans une bonne ambiance ! C’est très important sinon je ne serais pas resté… Et comment j’aurais fait pour me réveiller le matin ? Là, j’ai une bonne raison et même s’il faisait froid, j’étais là avec l’envie de venir ! »

Le carré militaire du cimetière du Pont de Justice à Nîmes (Photo Anthony Maurin).

« On voit la différence quand même mais nous finissons jeudi. Nous pouvons aussi les faire travailler sur leurs CV avec nos conseillers, c’est très enrichissant, ça n’a pas de prix. On voit leur évolution et quelques anciens ont pris l’habitude de venir nous voir, ça nous fait toujours plaisir, ça valorise aussi notre travail, les valeurs qui m’ont été transmises », conclut Aïcha.

Grattoir et brosse, les armes d'un souvenir qui perdure au fil des âges (Photo Anthony Maurin).

Les jeunes ont ainsi pu découvrir des histoires locales et les valeurs de la République. À quelques jours de l’arrêt du chantier, le bilan est plus que satisfaisant pour eux. De la fierté du travail accompli, des perspectives, une ouverture, et une expérience positive. Voyez, les gamins des quartiers savent aussi faire de grandes choses !

Anthony Maurin

Nîmes

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