Publié il y a 6 mois - Mise à jour le 14.10.2023 - Anthony Maurin - 4 min  - vu 545 fois

NÎMES Andres Roé fait revivre l’histoire locale du flamenco

Andres Roé dans les arènes de Nîmes (Photo Anthony Maurin).

L’artiste nîmois sort un documentaire de 52 minutes qui sera à découvrir au cinéma CGR ce 17 octobre à 20h30. Tarif six euros.

  Andres Roé (Photo Anthony Maurin).

« Le flamenco c’est la rumba, il faut arrêter de regarder cela de haut, c’est la fête mais il y a des moments pour tout. J’espère que ce film va resserrer les liens entre les aficionados a los toros et les amateurs de flamenco car ils sont liés dans l’histoire que je raconte. C’est une culture ancrée, pas un art solitaire. Ce film déroule l’histoire parfois tragique de gens qui sont morts dans l’abandon. Pourtant, Nîmes avait la chance d’avoir un fort art de vivre à l’espagnole. »

Roé est un personnage de la cité. Artiste accompli qui a toujours suivi son sillon, il est à l’initiative de bon nombre d’événements nîmois quand on parle de flamenco. Natif de Barcelone et fils d’une mère qui poussait la chansonnette et qui était elle-même de Cadix, « La belle de Cadix » comme il aime à le rappeler avec un sourire, Roé est dans la période de sa vie d’artiste et d’homme où il doit répondre à des questions qu’il se pose.

« En janvier 2015, j’apprends le suicide d’un ami, Constant Aubry. Il avait été parmi les pionniers du flamenco à Nîmes, mais il a été exclu de ce qu’est devenu le flamenco ici. Il fallait que je fasse une enquête pour savoir comment on en était arrivé là ! »

Andres Roé dans les arènes de Nîmes, haut lieu symbolique pour l'histoire du flamenco dans la cité des Antonin (Photo Anthony Maurin).

Et Roé, quand il a une idée en tête, il ne l’a pas ailleurs. Au caractère fort et à l’esprit serein, l’artiste se mue en journaliste documentaliste. Pour cela, il doit parler et trouver de bons clients. En premier, le frère de celui qui a enraciné la culture flamenca dans la cité des Antonin.

« J’ai commencé avec Alain Montcouquiol, le frère aîné de Nimeño II qui était déjà un amateur de flamenco. Il m’a raconté comment, à 13 ans, Christian Nimeño II, allait rue du Cirque Romain, chez les gitans, non loin de là où j’habite actuellement. Cela a changé la vie de Nimeño II et Nimeño II a changé le flamenco à Nîmes. À chaque fois qu’il allait en Espagne, il revenait avec des trésors et c’est lui, je pense, qui a contaminé d’autres toreros et tout cela a fait boule de neige. »

Roé retrace ainsi la naissance du flamenco à Nîmes dans les années 1960. Tourné sous forme d’enquête policière, « La Passion selon Nîmes, flamenco et toros » met en lumière comment la naissance du flamenco nîmois est intimement liée au toro et à Nimeño II.

Pourquoi Nîmes ?

« J’axe le documentaire sur trois personnes. Nimeño II, mais aussi Constant Aubry et José Piles. Cela n’a pas été facile de réunir les documents… Il y a beaucoup de suicides dans l’histoire de flamenco à Nîmes. Chanter la mort, crier la mort ou encore toréer la mort donne une furieuse envie de vivre. Ces gens étaient impliqués, passionnés, vivants. »

Rythmé par des témoignages de personnalités, le documentaire de Roé fait revivre ces pionniers hors normes qui ont influé sur le destin de la ville. Mais pourquoi Nîmes et pas une autre ville, plus grande ou plus proche des Pyrénées ?

« Nîmes est le centre du flamenco en France, c’est la capitale du flamenco qui ne fait l’amour avec lui qu’une fois par an et c’est pour cela que nous proposons des animations tout au long de l’année. On essaie de faire sortir les jeunes, de transmettre le témoin et de développer le futur car nous avons, notamment chez nos danseuses, un vivier incroyable et plein d’avenir ! »

Andres Roé dans les arènes de Nîmes (Photo Anthony Maurin).

Pourquoi se lancer dans ce genre de création sans demander d’aide financière, juste par passion ? « Je ne vais pas au secours des migrants mais je m’intéresse aux gens que je croise et à leur état. C’est mon dada et c’est très valorisant ! On doit retrouver le sens de la fête populaire en proposant aux Nîmois des animations intergénérationnelles. On sait ce qu’est la mort grâce à la tauromachie, et on sait ce qu’est la fête grâce au flamenco, pas à la Romanité ! Transmettons ces choses qui sont tout autant précieuses que nos pierres, retrouvons l’humain. »

Au générique apparaissent ainsi Christian Montcouquiol, Constant Aubry et José Piles, donc mais aussi Alain Montcouquiol, Antonio Moya, Jean-Pierre Vidal, Chinito, Tony Pervenchon, Eddie Pons, Clara Tudela, José Luis Ortiz Nuevo, Cathia Poza, Thierry Aubry, Cristina Serrano, Pascal Ginac, Jean-Marc Stetka, Ana Maria Cortes, Daniel Jean Valade.

Des moments émouvants, forcément, mais aussi des instants plus légers avec entre autres Eddie Pons en tête de gondole qui se gondole. 52 minutes d’une histoire méconnue que les Nîmois (et pas que) pourront découvrir et se coucher moins bêtes et plus humains.

Comment évolue le flamenco à Nîmes quelques décennies après cette première ornière. « Montpellier, Arles, Béziers sont des villes qui sont en train de passer devant Nîmes car elles organisent beaucoup de choses sur le flamenco ! Les villes s’impliquent et les agglos organisent. À Nîmes, il faut retrouver la passion car elle existe encore mais, comme pour tout, il faut ranimer la flamme, faire acte d’amour. »

Anthony Maurin

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