Publié il y a 6 mois - Mise à jour le 04.10.2023 - Anthony Maurin - 5 min  - vu 174 fois

NÎMES Écologie d’un autre temps et miroir des temps modernes

Le public passionné par les propos des experts (Photo Anthony Maurin).

Nouveau cycle thématique "Homo Detritus", à découvrir au Musée de la romanité jusqu’au 31 mars 2024.

Ça bosse dur dans l'auditorium du Musée de la Romaité pour cette journée d'étude (Photo Anthony Maurin).

Les déchets des sociétés du passé représentent aujourd’hui une véritable mine d’or pour les archéologues. L’étude de ces déchets et des traces de l’activité humaine sur son environnement permettent de mieux comprendre ces sociétés, mais aussi d’interroger nos usages actuels. À travers ce cycle, qui s’étend de septembre à mars, c’est une réflexion active qui est proposé afin d’aller de l’avant.

Déjà, une exposition (sans supplément) réalisée par l’Inrap vous prend par la main et vous embarque à la découverte de quatre poubelles de l’histoire (néolithique, gallo-romaine, médiévale et contemporaine).

La poubelle est le réceptacle de tout ce que les hommes jettent et abandonnent. Présente à travers l’histoire, elle est pour l’archéologue un instantané de la vie à la période durant laquelle elle a été constituée. Le chercheur y trouve des matériaux et des objets témoignant d’habitudes alimentaires, de modes de vie et de savoir-faire.

À l’instar des poubelles des siècles passés, nos poubelles contemporaines se révéleront, pour les générations futures d’archéologues, de vraies mines de renseignements sur nos habitudes de vie. Elles seront des marqueurs temporels essentiels à la compréhension de l’époque que nous vivons.

Des conférences pertinentes

Des conférences seront aussi au programme de ce cycle. La première aura pour thème "Garrigues et activités humaines : quels enjeux environnementaux ? Hier, aujourd’hui et demain". Elle sera donnée le mercredi 8 novembre à 18h30 par Sylvain Olivier, maître de conférences en histoire moderne à l’université de Nîmes .

Les arènes vues depuis le Musée de la Romanité (Photo Anthony Maurin).

Les garrigues ont une histoire. Certaines ont constitué jadis des réservoirs de terres à défricher. Les vestiges bâtis témoignent de l’existence d’abris pour accueillir les hommes, leurs outils et leurs récoltes, ou de murs de délimitation et d’épierrement. Les activités de cueillette ont, elles aussi, été nombreuses et variées. Cependant, de nos jours, les garrigues se transforment, tiraillées entre déprise agraire, mitage urbain et menaces diverses. Les gérer, les protéger, voire en exploiter à nouveau les ressources nécessite de mieux comprendre leur histoire.

Relever le défi et interpréter les déchets

Autre conférence, "L’aventure Plastic Odyssey : pour faire face au challenge plastique" par Maîté Abos, directrice de l’association Plastic Odyssey, le mercredi 22 novembre à 18h30, dans le cadre de la Semaine européenne de la réduction des déchets.

En à peine 60 ans, le plastique a envahi nos vies. Aujourd’hui, on ne sait plus se nourrir sans plastique, cultiver le sol sans plastique, s’habiller, habiter, se divertir sans plastique. Plus qu’un matériau, le plastique semble être devenu notre seule façon d’habiter le monde.

Pas le choix, pas d’alternative... Vraiment ? La jeune équipe de Plastic Odyssey a lancé une expédition de trois ans autour du globe afin d’élucider un mystère contemporain : on voudrait tous se passer de déchets plastiques, mais peut-on imaginer se passer de plastique ? L’équipe sillonne le monde à la recherche d’alternatives aux plastiques et se penche avec attention sur les usages de communautés anciennes ou actuelles qui ont su s’en dispenser.

Le public passionné par les propos des experts (Photo Anthony Maurin).

Le mardi 12 décembre, à 18h30, c’est au tour du thème "Déchets et interprétation dans l’Antiquité romaine : l’exemple du dépotoir du Rhône arlésien" de convoquer le public. David Djaoui, archéologue territorial au Musée départemental de l’Arles antique et chercheur associé par convention au CCJ/CNRS sera le parfait passionné chargé de vous éclairer.

De l’Antiquité à nos jours, les déchets générés par les populations sont de diverses natures. Ordures ménagères, encombrants ou encore déchets artisanaux et industriels font irrémédiablement l’objet d’une gestion plus ou moins maîtrisée.

Qu’ils soient recyclés de façon opportuniste et/ou systématique, enterrés dans des fosses ou entassés dans des décharges, ces déchets portent des informations sur les sociétés qui les ont constitués. Mais comment écrire l’histoire d’une civilisation passée à partir de ses seuls rebuts ?

Pour l’Antiquité romaine, et à partir, entre autres, de l’immense dépotoir subaquatique du Rhône arlésien, l’archéologue David Djaoui développera la notion d‘interprétation en archéologie. Il s’agira alors d’élucider des énigmes vieilles de plus de 2000 ans.

Forêts et poubellocène

Mardi 16 janvier 2024, à 18h30, "Forêts et sociétés humaines : quinze millénaires d’interactions pour quel avenir ?" sera le thème d'une conférence donnée par Stéphanie Thiebault, directrice de recherche au CNRS (Unité Trajectoires-CNRS-Université de Paris 1 Panthéon Sorbonne).

La forêt, en France métropolitaine comme en Europe, est le produit de plusieurs millénaires d’aménagements, de coutumes, de codes, d’ordonnances et de lois, d’artisanats et de prélèvements de ressources multiples, et surtout d’un imaginaire collectif forgé par les innombrables contes et légendes, signes identitaires, remis au goût du jour par le romantisme forestier du XIXe siècle.

La forêt aujourd’hui doit être considérée comme telle, c’est-à-dire qu’elle ne doit plus être vue sous le seul prisme de l’économie, des nombreux services qu’elle rend ou comme un espace de rapport. Sa valeur n’est pas celle des arbres que l’on abat, que l’on vend pour en faire du carton, de la pâte à papier, du combustible ou des meubles.

Le Musée de la romanité (Photo Anthony Maurin).

La forêt a une valeur intrinsèque qui doit être considérée comme telle et respectée. Si la forêt française n’a jamais été aussi développée territorialement avec ses 17 millions d’hectares dans l’Hexagone et huit millions dans les territoires ultramarins, elle est de plus en plus menacée, en mauvaise santé, et toujours trop mal exploitée pour être rentable.

Dernière conférence du cycle "Homo Detritus" du Musée de la romanité, "L’Anthropocène est-il un poubellocène ?" par Baptiste Monsaingeon, sociologue et maître de conférences (Laboratoire Regards, université de Reims Champagne-Ardennes).

Cette conférence se tiendra le mercredi 27 mars 2024. Partant du constat de l’omniprésence actuelle des déchets, notamment plastiques, dans les milieux naturels, il s’agira de réfléchir à la façon dont les sociétés contemporaines œuvrent malgré elles à la production d’un futur archéologique qui pourrait s’avérer inhabitable. Pour autant, est-il seulement souhaitable d’aspirer à un monde sans déchets ?

Et plus encore...

Enfin, trois dernières dates à cocher si vous voulez jouer le jeu, le 19 novembre 2023, le 4 février 2024 et les vacances de février de la même année.

L'auditorium du Musée de la Romanité (Photo Archives Anthony Maurin).

Le 19 novembre, de 10h à 13h et de 14h à 17h, dans le cadre de la Semaine européenne de la réduction des déchets, le Musée de la romanité accueillera une sensibilisation à la réduction des déchets : déchets antiques/ déchets contemporains.

En partant de quelques exemples de récipients et emballages antiques, devinez avec les animateurs quels sont leurs équivalents contemporains et découvrez pour ces derniers leur durée de vie, leurs impacts, etc. et comment les réduire.

La projection-débat du documentaire L’homme a mangé la Terre (Production Arte/Cinéphage Productions), en présence du réalisateur, Jean-Robert Viallet, sera quant à elle au programme du dimanche 4 février à 15h.

De la révolution industrielle à aujourd’hui, ce documentaire met en lumière à travers des archives audiovisuelles la course au développement qui a marqué le point de départ de l’ère de l’anthropocène et avec elle, la détérioration continue de notre environnement. La projection du documentaire sera suivie d’un échange avec le réalisateur.

Le Musée de la Romanité (Photo Archives Anthony Maurin).

Pendant les vacances de février, les enfants auront de quoi s’amuser tout en réfléchissant sur les poubelles des uns qui peuvent être les trésors des autres. Jeter, réutiliser, recycler, remployer : les hommes du passé aussi produisaient des déchets. 

Imaginons que vous soyez un archéologue projeté dans le futur pour fouiller un site de l’année 2024. Qu’allez-vous retrouver ? Quelles traces ont-elles été laissées par cette civilisation du XXIe siècle ? Qu’allez-vous retrouver ? Quelles hypothèses allez-vous bien pouvoir élaborer ?

À travers cette programmation riche et variée, le cycle thématique "Homo Detritus" propose donc d’aller à la découverte des sociétés passées par le biais des déchets ou des traces de l’impact de l’Homme sur son environnement, mais aussi de s’interroger : que disent les déchets d’hier des sociétés passées ?

Demain, que diront de nous les déchets d’aujourd’hui ? Quels enjeux au XXIe siècle ? Enfin, ce sera également l’occasion d’aborder et de partager avec les plus jeunes la démarche scientifique de l’archéologie.

Anthony Maurin

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