L'Institut national de recherches archéologiques préventives a fouillé du côté de la rue de Beaucaire. Retour dans le temps pour mieux comprendre les récentes trouvailles. Les découvertes effectuées depuis le XIXe siècle témoignent des implantations funéraires qui colonisaient les abords de la voie sur près de deux kilomètres de long.

Quatre tombes d'époque tardo-républicaine ont été mises en évidence sur le site de la ZAC des Carmes et à la hauteur de la rue Notre-Dame, où les deux axes de circulation antiques pourraient se croiser.

Elles peuvent être mises en relation avec la seconde voie. Des espaces funéraires sont implantés aux abords de la voie Domitienne à partir du IIs. av. J.-C. Ils s'échelonnent de part et d'autre de la route sans qu'il soit possible de déterminer la densité et le caractère continu de cette occupation.

Dans les zones décapées à l'occasion de précédentes fouilles archéologiques le long d'occupation de l'espace varient. Des enclos sont perceptibles avec la découverte de murs perpendiculaires ou parallèles a la voie. Certains peuvent révéler jusqu'à 14 structures funéraires dans un enclos de 18 m2 au 113 rue de Beaucaire.

Les espaces funéraires peuvent aussi être occupés par des mausolées, parfois répartis sur deux lignes parallèles a la voie, avec quelques de tombes intercalées entre les constructions.

La crémation et le dépôt dans la tombe d'une petite quantité d'os brûlés, placés dans un pot ou dispersés dans la fosse, sont majoritaires. Les ossements brûlés étaient dans la rue de Beaucaire, les modes souvent associées à des restes de faune et à des vases qui montrent l'importance des rites alimentaires et du banquet funéraire.

Quelques tombes à inhumation sont également représentées. La présence de fosses de plantation et parfois de puits peuvent évoquer l'aménagement de jardins.

En 2024, les archéologues de l'Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) fouillent, sur prescription de l'État (Drac Occitanie), les parcelles situées au 45-49 rue de Beaucaire en amont de la construction d'un immeuble d'habitation.

Ils ont pour objectif de préciser la nature des découvertes faites en 2022 lors du diagnostic archéologique. Cela permettra de compléter les connaissances sur les pratiques funéraires le long de la voie Domitienne qui constituait à l'époque romaine l'une des principales voies d'accès à Nîmes et de comprendre le rôle structurant de ce passage et des autres axes de circulation.

Les opérations archéologiques conduites ces dernières décennies de part et d’autre de l'actuelle rue de Beaucaire n'ont pas permis de mettre au jour la voie Domitienne. Elle demeure masquée par la voirie contemporaine et seuls quelques aménagements bordiers (murs ou fossés) ont ponctuellement été découverts. Les restitutions faites à partir de ces données fragmentaires indiquent que la voie romaine devait être large d'environ 20 mètres.

La fouille en cours sera l'occasion de dévoiler une seconde voie, qui suit une orientation différente de la voie Domitienne. Un sondage réalisé lors du diagnostic archéologique a mis en évidence sa largeur de 17,50 mètres. Elle est constituée d'un creusement d'une cinquantaine de centimètres de profondeur et d'au moins cinq niveaux de roulement successifs, sous la forme d'empierrements. Ils sont séparés par de fins dépôts de terre résultant probablement de ruissellement.

Les deux niveaux les plus anciens sont datés des IIe-Ier s. av. J.-C., notamment grâce a la découverte de tessons d'amphore. L'état le plus récent n'est pas daté, mais il semble indiquer une réduction de la largeur de la voie, a seulement quatre mètres.

Cette voie trouve probablement son origine dans un axe viaire urbain desservant la ville tardo-républicaine (II-I s. av. J.-C). Son statut est incertain et l'interprétation hésite entre un premier tracé de la voie Domitienne avant sa rectification rectiligne dans l'axe de la Porte d'Auguste ou la reconnaissance d'une voie gauloise d'importance en direction de Beaucaire et du Rhône.

Une journée porte ouverte est prévue le 13 avril au 45-49 rue de Beaucaire, sur le chantier des fouilles qui s’achèvent entre 10h et 12h30 puis de 14h à 17h sur réservation.