Publié il y a 6 mois - Mise à jour le 05.10.2023 - Propos recueillis par Stéphanie Marin - 4 min  - vu 443 fois

NÎMES Zaho de Sagazan : "Sur scène, j'ai envie d'aller plus loin, surtout dans la danse."

Zaho de Sagazan à Paloma ce mercredi 4 octobre à Paloma. Ouverture des portes à 20h.

- Emma Picq

Zaho de Sagazan s'offre une halte à Nîmes, ce mercredi soir. Pour la première fois, l'auteure-compositrice-interprète nazairienne, âgée de 23 ans, foulera la scène de Paloma, une rencontre autour d'un premier album La symphonie des éclairs, ponctué de poésie et de sons électros, sorti au mois de mars dernier. Interview. 

Objectif Gard : Quelle entrée fracassante dans le paysage musical français. On connaît tes inspirations, Brel et Barbara, entre autres. Des chanteurs, des interprètes bien plus encore. De ton côté, la chanson, c’est parti de l’écriture, de la voix, de la musique ?

Zaho de Sagazan : J'ai vu Tom Odell chanter à son piano, un mec que je sentais très sensible, lui aussi, qui sortait quelque chose de lui en criant. Ça faisait du bien à mes oreilles, mais ça semblait aussi lui faire beaucoup de bien. Donc j'ai vu le piano à côté de moi et je me suis dit : "il faut que je fasse pareil." Plus que de l'interprétation, j'avais besoin de sortir des trucs... J'étais très très sensible, je gardais beaucoup de choses pour moi, et j'avais toujours un peu envie d'exploser. Là, je sentais que je pouvais exploser à mon piano sans faire de mal aux autres. Après, petit à petit, est venue l'envie de raconter les histoires, et donc le rapport aux mots, etc.

La symphonie des éclairs, ton premier album est sorti au mois de mars. Te souviens-tu de la première phrase écrite que l’on retrouve dans l’une des chansons ?

Je pense qu'une des premières est la chanson Les garçons écrite quand j'étais en Seconde et que j'étais en crush sur tous les garçons. Une chanson qui est peut-être la plus simple, la moins tristoune... Mais y'a peut-être moyen que ce soit pour Les Dormantes, qui au contraire est la plus triste. En tout cas, j'ai le souvenir de moments où je sors des phrases, tout en sachant qu'elles resteront.

Les garçons, tu étais en Seconde quand tu l'as écrite. Des années plus tard, elle fait encore partie de toi au point de vouloir l'inclure dans cet album ? 

Pendant très longtemps, j'ai complètement oublié cette chanson et puis quand on a commencé à travailler à fond sur l'album, on s'est dit que ce serait bien d'avoir une chanson plus légère. Mais au-delà de ça, je la trouve intéressante dans le sens où elle raconte des choses auxquelles je crois complètement encore. Ce n'est pas seulement le fait de dire "je suis amoureuse de tous les garçons". Cette chanson me rassure. Je suis tombée amoureuse de gens différents, pour des raisons différentes, c'est un peu une ode aux différentes personnalités, au fait que tout le monde a au moins une raison d'être aimé. Ça fait déjà du bien de l'entendre et de se dire que quand on a aimé quelqu'un, il y aura toutes les raisons du monde d'en aimer un autre aussi. Ça rend l'amour un petit peu moins précieux dans le sens où il n'est pas unique. Je parle beaucoup d'amour dans cet album...

Et dans tous ses états, effectivement.

Parce que je trouve que l'amour est une façon de parler d'autre chose. Je passe par ce biais-là pour parler d'autre chose. Mon inconnu, on pourrait croire que c'est une chanson d'amour mais c'est surtout une chanson sur l'imagination et la manière dont elle façonne des rêves et des fantasmes. Dis-moi que tu m'aimes, c'est plutôt une chanson sur la confiance en soi, Je rêve, c'est sur le deuil. On peut penser que je ne parle que d'amour, mais si on va plus loin, ça ne parle pas vraiment d'amour. Même Langage où je dis 50 fois le mot "amour", c'est pour moi une chanson qui parle du pouvoir des mots et de l'importance du langage, d'apprendre le langage de l'autre. 

Trouver ces mots, la façon d'exprimer ta sensibilité, a été un travail de longue haleine ? Y-a-t-il eu beaucoup de ratures ? 

J'écris très lentement. Je reviens à peu près 78 fois sur chaque phrase donc ça me prend beaucoup de temps. Un bon auteur, une bonne autrice, ce n'est pas forcément quelqu'un qui sort de lui toujours de belles choses, mais quelqu'un qui est capable de savoir lesquelles sont belles, lesquelles sont inintéressantes. C'est une histoire de tri, d'exigence. Je ne sais pas si j'ai plus de talent que quelqu'un d'autre pour écrire, par contre je suis très exigeante et très patiente. Donc j'ai très longtemps cherché ces mots-là. 

Il y a le temps d'écriture et puis le temps sur scène que tu es en train de vivre depuis plusieurs mois. Parle-nous de tes sensations... 

La scène est un vrai exercice. Là encore, je suis très exigeante et j'ai très envie d'aller plus loin. Je pense être à 0,5% de mes capacités sur scène. J'ai envie d'aller plus loin, surtout dans la danse. Sur scène, tu peux embrasser plein d'arts en même temps. Le chant bien sûr, mais aussi la danse, le théâtre, le contact avec le public où tu peux te faire un petit one woman show entre les morceaux...

Tu t'amuses, quoi...

Ah oui, je trouve que c'est important que les gens se sentent concernés. Je n'ai pas envie qu'ils se sentent dans l'ombre, au contraire, j'aime les emmener avec moi, enlever ce mur qu'on pose entre l'artiste et le public. J'aime l'idée de leur montrer déjà que je suis une meuf totalement normale. Ça casse un peu la mystification avec laquelle je ne suis pas très à l'aise. Et puis ça me permet de raconter mes chansons, ce qui selon moi, à un impact sur l'écoute après. Donc la scène, c'est un endroit où je me sens bien et qui aussi me permet de réaliser ce qui se passe autour de moi. Il n'y a rien de mieux que de rendre heureux les gens et je m'en rends vraiment compte grâce à la scène. 

Zaho de Sagazan ce mercredi 4 octobre sur la scène de Paloma. Première partie : Petite Noire à partir de 20h. 

Propos recueillis par Stéphanie Marin

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