ÉDITORIAL Le Gouvernement expérimente, les Restos du cœur donnent à bouffer
Les Restos du cœur lancent ce mardi leur campagne annuelle. Dans une atmosphère morose même si le dévouement des 70 000 bénévoles est toujours au rendez-vous. Alors que l'association a accueilli, lors de sa dernière campagne annuelle, près de 1,1 million de personnes et distribué 142 millions de repas, l'année 2022 s'annonce comme une année record. Rien qu'au cours de ces six derniers mois, les Restos dénombrent une hausse de 15 % des demandes. Avant même le début de la période hivernale ! Rappelons que 40 % des personnes aidées sont des mineurs, souvent des enfants de familles monoparentales. Près de 30 % des personnes accueillies ne déclarent aucune ressource, contre 20% l’année précédente. La crise sanitaire et ses conséquences ce n'étaient rien. La crise inflationniste vient frapper encore plus fort. La dégradation de la situation des personnes accueillies est prégnante. Depuis plus de deux ans, les Restos du cœur alertent en vain. Et désormais sont dans l'obligation de modifier leurs règles. Elles prennent en compte les revenus, le loyer, mais aussi à présent les frais de chauffage des ménages modestes. Pour répondre à la demande croissante, l'association chère au regretté Coluche redouble aussi d'effort pour convaincre les Français d'être généreux. Sera-ce suffisant ? En 2022, comment en est-on arrivé là ? D'autant qu'Emmanuel Macron, prompt à la critique, n'est pas resté les bras croisés sur le sujet. Les chiffres le montrent : le taux de pauvreté est resté stable en France malgré le choc covid. Probablement qu'il aurait dû aller plus loin. Déjà sur la question du revenu universel d'activité, qui n'a pas pu être mené à son terme. Mesure phare de la "stratégie nationale de lutte contre la pauvreté" de septembre 2018, expérimentée dans plusieurs dizaines de conseils départementaux, les résultats seraient mitigés selon le ministre du Travail, Olivier Dussopt. Des freins ont été relevés sur l'accès à l’emploi, le logement ou encore la question autour des mobilités. Aujourd'hui, il souhaite expérimenter le RSA délivré sous condition d’activité hebdomadaire. Une dizaine de départements vont tester le dispositif début 2023. Un énième test pour quel résultat ? L'avenir le dira. En attendant, la queue s'allonge devant Les Restos du cœur...
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