Publié il y a 7 mois - Mise à jour le 24.09.2023 - Marie Meunier - 4 min  - vu 463 fois

FAIT DU JOUR Maxime Lemesle, "un passeur d'histoire" combattant l'oubli

maxime lemesle collection uniforme guerre

Maxime Lemesle avec la veste de son père. 

- photo Marie Meunier

Inéxorablement, Maxime Lemesle plonge dans le passé. Le Bagnolais est passionné d'histoire, d'uniformologie, de généalogie et de reconstitution historique. Dans sa maison, il a constitué au fil des années une jolie collection de tenues militaires, de képis, d'insignes... Les premières pièces lui viennent de son père, le bien connu et regretté Francis Lemesle, et de ses amis anciens combattants.

Gamin déjà, Maxime Lemesle passait son temps à l'Amicale des anciens combattants. Il était fier de défiler au côté de son père et des vétérans qu'il considérait comme ses "grands-pères". Fier de porter les gerbes au monument aux morts. Fier de tenir le coussin au moment des remises de décorations. Il était l'un des seuls jeunes au sein de l'association bercée par des valeurs d'union, d'honneur et de famille.

Mais ses camarades de classe ne le comprennent pas. Pire, ils se montrent railleurs devant ces hommes qui défilent, ce qui met le jeune Maxime dans une colère noire. Il est encore marqué par cette époque post-68 et plutôt anti-militariste : "Ça me blessait profondément. Je pense que nos anciens sont nés à la mauvaise époque, ils n'ont pas eu le choix. Pour moi, servir son pays, être prêt à mourir pour la patrie, doit inspirer le respect."

Être militaire, "ça aurait peut-être changé ma vie"

Lui-même aurait aimé suivre une carrière de militaire mais il n'en a pas eu l'opportunité. "Ça aurait peut-être changé ma vie... Mais ça ne m'a pas empêché de rester passionné d'histoire militaire, d'uniformologie...", dit-il en haussant les épaules. Ado, il commençait déjà à récupérer quelques pièces. Les premières lui viennent de son père. Aujourd'hui, il possède des centaines de tenues, de coiffures, de décorations militaires ainsi que quelques armes, dont un fusil de 1866. "Je les ai récupérées à droite, à gauche par des amis de papa ou par des anciens combattants", indique-t-il. 

Maxime Lemesle possède plusieurs centaines d'objets militaires.  • photo Marie Meunier

Pour autant, Maxime Lemesle ne se définit pas comme un collectionneur. Loin de lui l'idée d'investir à tout va des milliers d'euros dans des objets prestigieux. Il se décrit plutôt comme un "passeur d'histoire", désireux de transmettre les souvenirs renfermés au sein de chaque objet. De faire perdurer la mémoire de ceux qui les ont possédés. 

Des objets militaires des XIXe et XXe siècles

Sur le mannequin, il désigne la tenue de 1886 ayant appartenue à Edmond Glastron, né à Orsan, lieutenant du 120e régiment d'infanterie territorial. À côté, une autre tenue qui fut portée pendant la Guerre de 14 par Charles Boissin, instituteur à Bagnols. Il était rentré dans le bataillon des chasseurs alpins et en est sorti sous-lieutenant avec la croix de guerre. C'est sa fille qui en a fait don à Maxime Lemesle. 

La tenue de 1886 ayant appartenue à Edmond Glastron. • photo Marie Meunier

Mais celle qui reste "la plus belle", c'est la veste de son père, qui a été en Indochine de 48 à 50. Sur l'épaulette, pend encore la fourragère qui a distingué son unité la flottille amphibie Indochine nord région Tonkin en mars 1949. Sans oublier la croix de guerre des TOE (Théâtres d'opérations extérieurs). "Quand j'avais 14-15 ans, j'avais emmené la veste en voyage scolaire. Mais elle a été trouée par les mites, je m'en suis toujours voulu. En rentrant en France, je ne l'ai plus touchée", raconte le Bagnolais. Il a un profond respect pour son père Francis, qui est aussi allé en Centrafrique avant de s'installer à Bagnols-sur-Cèze pour travailler à Marcoule. "Il n'avait pas hésité à se jeter à l'eau en 1958 lors des inondations de Codolet pour porter secours à un couple d'amis qui gardait mes deux soeurs. Il fut aussi le premier agent du CEA à entrer au conseil municipal de Bagnols", se remémore Maxime avec tendresse. 

Une grande célébration pour le 80e anniversaire de la Libération de Bagnols-sur-Cèze l'an prochain

Dans sa maison, il conserve aussi "l'un des plus beaux cadeaux" qu'on lui ait fait. Il s'agit d'une dague transmise par un ancien combattant qui s'en est servi durant un combat au corps-à-corps avec un soldat nazi. Il dispose aussi d'un uniforme de la Garde républicaine lui venant d'un grand oncle ou une cartouchière-gibecière d'un régiment de génie. "J'essaie de garder les objets en lien avec les histoires qui m'intéressent, auxquelles je peux me raccrocher. Quand on collectionne, plus on en sait sur les pièces que l'on possède, plus on est heureux", estime Maxime Lemesle. De son grand-père Lucien Lemesle, il garde également un sac en toile de jute, vestige de son passé d'aubergiste/grainetier. "C'est une des seules pièces que j'ai réussi à sauver du déménagement", assure son petit-fils.

Le public bagnolais pourra découvrir une partie de ces objets ainsi que d'autres collections l'année prochaine, durant une exposition évènement célébrant le 80e anniversaire de la Libération de Bagnols-sur-Cèze le 25 août 1944 et le commando Vigan-Braquet. Elle sera organisée par la municipalité avec l'amicale des Anciens combattants (dont Maxime Lemesle est encore porte-drapeau aujourd'hui) et le comité du Souvenir français (dont il a été président-fondateur). L'association la Guilde de l'histoire, dont il est aussi membre, devrait aussi participer à la cérémonie. 

Le passé pour tirer des leçons

"Je me suis découvert une passion pour la reconstitution médiévale sur le tard. Je suis féru de généalogie depuis mes 23 ans également", ajoute Maxime Lemesle. Au fil des années, il s'est familiarisé avec la paléographie, le latin et le décryptage des "pattes de chat". Lui-même papa de quatre enfants, il a réussi à remonter une des branches de son arbre familial jusqu'au XVIe siècle.

Maxime Lemesle ne se lasse pas de farfouiller les livres, les registres, les archives pour assouvir sa soif insatiable du passé. Ce n'est pas parce que le présent ne mérite pas d'être vécu, comme il nous le dit dans une boutade. C'est parce qu'il est essentiel de se souvenir pour ne pas reproduire l'horreur. Même si ce n'est pas gagné : "Il y a eu deux grosses boucheries au XXe siècle avec les deux Guerres mondiales. Et pourtant, l'Homme n'a toujours pas compris. Il y a eu le Kosovo, le Rwanda... À chaque fois, j'ai l'impression qu'on ne tire pas les leçons des erreurs du passé."

Marie Meunier

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