Publié il y a 8 mois - Mise à jour le 05.09.2023 - François Desmeures - 4 min  - vu 855 fois

LA GRAND'COMBE Pour le collectif 2shuz, la mairie n'a pas souhaité de dialogue autour du bâtiment squatté du quartier de la Pise

Lors de la destruction du bâtiment début août

- DR

Après la municipalité, le collectif 2shuz, qui occupait le bâtiment squatté du quartier de la Pise, livre sa version des faits à travers un communiqué. Alors que la maire, Laurence Baldit, dit avoir tenté d'entrer en contact avec des membres du collectif, sans succès, 2shuz affirme ne pas avoir eu accès à un interlocuteur malgré plusieurs tentatives. Si la destruction du bâtiment - situé sur le dessin d'une prochaine avenue - paraissait inéluctable, certains plaident, en mairie, pour renouer le dialogue. 

Lors de la destruction du bâtiment début août • DR

"Notre âme, même blessée, est vivante, éveillée et ardente", entame les membres du collectif 2shuz qui ont rédigé le communiqué pour donner leur version des faits sur la démolition d'un bâtiment squatté, quartier de la Pise (relire ici). Un collectif qui revendique, au fil du texte, 700 adhérents et 50 membres actifs. Remerciant "les personnes qui ont donné vie à ce projet", le communiqué rembobine l'histoire : "Le 2shuz a duré un peu moins d’un an et ensemble nous avons réussi à faire vivre un mouvement et une dynamique solidaire hors des sentiers de rentabilité, de marchandisation, d'exploitation et de domination".

"Nous avons créé : un espace de gratuité où nous avons expérimenté le prix libre, l’autogestion, détaille 2shuz. On y trouvait un espace de répétition, de création, de recherche et d'expérimentation, un hébergement d’urgence, une scène indépendante éclectique, souvent ouverte et très active, des groupes de paroles pour et par des personne en difficulté, un infokiosque de tout horizon, un atelier sérigraphie, un ateliers soudure, un atelier couture, un cybercafé, une gratiferia, une salle commune, et une porte ouverte sur de la lumière à tous les étages, à toute heure, pour toustes."

"Une autorisation de démolition qui ne respecte pas le délai d'affichage"

Le collectif assure avoir "entretenu et réparé le lieu, nous l’avons rendu salubre avec peu de moyens et nous sommes sans mots face à ce qui s’est passé le 7 août 2023. Devant les gravats de nos constructions, a été fraîchement affiché un document. C’est une autorisation de démolition qui ne respecte pas le délai d'affichage. Aucune information ne nous a été communiquée malgré les tentatives de prise de contact avec l’huissier et la mairesse Mme Baldit, que nous croisons très régulièrement dans la petite ville où nous cohabitons". 2shuz affirme que le dernier contact avec un élu municipal date de mars 2023, via l'ancien maire, Patrick Malavieille, qui "nous a invité à rapidement contacter la mairie pour trouver une solution autre qu’une procédure d’expulsion auprès d’un tribunal, chose que nous avons essayé de faire sans succès, nos appels téléphoniques et demandes de prise de rdv sont restés sans suite".

Selon le collectif, c'est la mauvaise volonté municipale qui a empêché tout dialogue, quand la mairie rappelle sa responsabilité en cas d'accident dans un lieu squatté. "La plupart des associations que nous hébergions avait tenté de demander à la mairie, celle-ci répondait, quand elle daignait répondre, qu’il y avait déjà beaucoup trop de monde qui attendait un local et que ce n’était même pas la peine de laisser un dossier de présentation de projet. Alors que nous pouvons compter par dizaine les bâtiments vides dans la ville sinistrée." 

Le collectif revient ensuite sur le jour de la destruction du bâtiment, où le quartier a été bouclé par les forces de police, qui auraient dit aux membres présents "que toutes les affaires ont été récupérées, pour calmer la tension palpable". Sans possibilité, pour les membres du collectif, de s'approcher : "Nous regardions de loin le tractopelle d’une entreprise locale démolir un bâtiment salubre avec tous nos effets personnels et outils de travail à l'intérieur. Tour à tour volaient parmi les décombres des instruments de musique, des culottes et des albums photos." 

Le bâtiment démoli • François Desmeures

"Indignés que le fossé se soit aussi pronfondément creusé" avec "une ville, pourtant de gauche et communiste", le collectif liste ensuite le peu d'affaires récupérées, dans un container, par rapport à ce qui s'y trouvait. "Sachant que le bâtiment était entièrement occupé et faisait plus de 400m2 sur deux étages, nous ne nous attendions pas à récupérer grand-chose dans cet unique petit container. Dans une pièce pleine d'effets personnels, documents importants, d'une collection de disques vinyl de plus de 30 ans d’un passionné, de photos de famille accrochées au mur, de livres, ils ont récupéré une échelle. Dans une autre pleine d'outils, d'œuvres et de tableaux, représentant des milliers d'heures de travail destinés à des expositions, nous avons retrouvé uniquement 5 toiles." 

"Nous ne souhaitons pas parler ici de ce que nous avons perdu en dignité, poursuit 2shuz, ni parler de la précarisation de toutes les personnes qui ont perdu leur matériel de travail (...) Nous souhaitons parler de ce qu' il nous reste. Il nous reste la détermination de lutter contre les loyers trop chers et la gentrification. Même dans l’une des villes les plus pauvres de France, nous souhaitons continuer à construire tout ce qui nous sort de l'isolement et de l'individualisme. Il nous reste l’envie de continuer à vivre et non pas à survivre."

Le collectif 2shuz conclut en soutenant laz compagnie de trhéâtre les Géants du Sud, qui "de par leur notoriété (...) ont endossé la médiatisation de cette catastrophe mais ce n’était qu’une compagnie en transit parmi tous les autres projets indépendants que le collectif 2shuz a pu accueillir". Un convoi funèbre avait été organisé, sur le marché de La Grand'Combe, le 12 août, en protestation, pour ces marionnettes "laissées sur place lors de la démolition quand quelques instants seulement auraient suffi à les sauver"

Selon nos informations, la tendance serait à l'apaisement en mairie de La Grand'Combe, après une période de tension. Une mairie qui sert, rappelle-t-on côté municipalité, de poste restante pour bon nombre d'associations culturelles et de collectifs sans adresse.

François Desmeures

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