Publié il y a 10 mois - Mise à jour le 30.05.2023 - Propos recueillis par Norman Jardin - 5 min  - vu 1199 fois

L’INTERVIEW Steeve Calligaro, président du RCN : « On fera mieux l’année prochaine »

Photo Yannick Pons

Après avoir terminé premier de sa poule de Nationale 2, le Rugby Club Nîmois a échoué en quart de finale face à Vienne. Le montée en Nationale ne sera pas pour cette année. Après cet échec, Steeve Calligaro, le président du RCN, fait le bilan de la saison écoulée. Il présente les objectifs de la prochaine et rappelle qu’il sera très difficile de grandir sans un soutien financier plus important des collectivités locales.

Objectif Gard : Quel bilan dressez-vous de la saison qui s’est achevée par cette élimination en quart de finale de N2 ?

Steeve Calligaro : Le sportif est très positif. Nous avons un groupe en partie pluriactif, en partie professionnel et la mayonnaise a pris. C’est un grand motif de satisfaction. On est premier de notre poule et l’équipe a tenu son rang.

Mais la saison s’arrête en phase finale, pour ne pas avoir été à la hauteur sur un match. Ce n’est pas un peu frustrant ?

C’est injuste et frustrant, mais c’est la beauté de ce sport et des phases finales.

Avez-vous digéré cette élimination contre Vienne, qui avait terminé cinquième de votre poule ?

Collectivement on a loupé une marche, mais avec un peu de recul il y a plein d’explications et ça pose des questions... Les joueurs sont-ils tous dans l’optique de monter ? Avons-nous bien préparé ces phases finales ? Avons-nous sous-estimé l’importance du capital confiance de Vienne qui avait gagné à Niort ? On s’est loupé et on reprend humblement nos billes et on fera mieux l’année prochaine, mais il ne faut pas croire qu’elle est gagnée d’avance.

« Pas si facile de s’adapter dans des clubs remplis de réboussiers »

Quel regard portez-vous sur la première saison du coach Guillaume Aguilar ?

C’est un motif de satisfaction car il devait avoir le niveau pour hisser l’équipe et gérer un groupe pluriactif. Ce n’est pas si facile de s’adapter dans des clubs remplis de réboussiers. On est capable de brûler ce que l’on adoré. Guillaume Aguilar est déterminé, compétent et il fait moins de bruit que nous les méditerranéens. Il est complémentaire avec Jean-Baptiste Poulon (en charge des lignes arrière) qui a toutes les qualités et les défauts des sudistes. C’est le feu et l’eau.

Que souhaitez-vous changer pour faire mieux la saison prochaine ?

Il nous faut revoir la profondeur de banc car quand nous avons eu des blessés, nous avons marqué le pas. Nous tablons sur un groupe de 37 à 38 joueurs dans lequel il y aura trois ou quatre jeunes. Je souhaite que nous utilisions plus souvent les jeunes du club.

Comment préparez-vous la saison 2023-24 ?

Quand on est président, on est toujours en train de préparer quelque chose. Le gros du recrutement est fait avec cinq arrivées.

« On n’est pas actionnaire chez Free, mais on a la capacité à amener des acteurs nationaux à s’intéresser au RCN »

La prochaine saison sera-t-elle celle de la montée ?

Oui, normalement. On a un club qui peut se maintenir en cas de montée. Nous avons des bases solides au niveau commercial, au niveau communication. Le club d’entreprises compte 250 partenaires, bientôt 300. Le staff médical va se renforcer avec deux ou trois contrats à temps plein. Pour faire grandir un club, il faut de l’argent.

Êtes-vous bien armé dans ce secteur ?

Il faut une volonté politique de construire un club professionnel. Il y avait des efforts à faire par le RCN et nous sommes en train de les faire. Je n’ai à me plaindre de personne. Cet automne, il y aura l’installation d’une pelouse synthétique, la livraison de l’espace partenaire, le remontage de la petite tribune qui date de 1970 et j’en remercie la Mairie, l’Agglo et le Département. Mais on n’est pas au niveau de ce que peut-être le club.

« Nîmes est une ville de foot, et un peu de handball et de rugby, mais en termes de financement public c’est une ville de handball »

Pouvez-vous développer ?

Par exemple, la salle de musculation ne peut pas accueillir plus de cinq personnes. Ce n’est pas la faute de la ville de Nîmes si, par ses errements, le RCN est tombé en fédérale 3 et a mis neuf ans à revenir à un certain niveau. Mais on n’a pas les infrastructures pour aller plus haut. Je veux valider la volonté politique de le faire et pas seulement de la ville de Nîmes. Je pense aussi à l’Agglo et au Département. Historiquement, Nîmes est une ville de foot et un peu de handball et de rugby, mais en termes de financement public c’est une ville de handball. J’ai le plus grand respect pour ce qu’a construit David Tebib avec l’aide des collectivités. Au RCN, on n’est pas actionnaire chez Free, mais on a la capacité à amener des acteurs nationaux à s’intéresser au RCN, dès lors qu’il y aura une volonté locale de le développer.

Votre ambition est de faire pareil que l’USAM ?

Non, parce que pour hisser le RCN au cinquième rang français, il faut un budget entre 30 et 50 millions d’euros. Mais nous sommes à quelques centaines de milliers d’euros d’avoir un budget de Nationale, ce qui est synonyme de droits télé. On peut s’y maintenir avec un budget de 2,5 à 2,7 millions d’euros. En revanche, on n’y arrivera pas avec ces infrastructures. Elles ne sont pas au niveau.

À moyen terme, la Pro D2 est-elle envisageable ?

La plus petit budget de pro D2 est de cinq ou six millions, ce n’est pas du tout inatteignable. C’est simplement hors de propos aujourd’hui.

« J’ai vu Toulouse et Toulon perdre à Kaufmann »

Quelle est l’importance de la formation au RCN ?

Elle est centrale et dans l’ADN du club. On a décidé d’avoir deux équipes par catégories. Une qui jouera toujours au meilleur niveau. Par exemple, nous sommes le seul club de Nationale 2 à avoir une équipe en Crabos. Puis une seconde équipe qui fera vivre une expérience rugby à tous les enfants qui voudront porter le maillot du RCN. Il est hors de question qu’un petit Nîmois qui veut jouer au rugby ne puisse pas signer chez nous parce qu’il n’est pas assez bon. Nous sommes condamnés, au moins pour les années qui viennent, à perdre nos meilleurs joueurs chaque année. Ils iront peut-être tenter l’aventure en top 14 à Montpellier ou à Toulon.

Votre équipe féminine senior a jeté l’éponge, faute de joueuses. Va-t-elle faire son retour prochainement ?

On n’a pas réussi à maintenir une équipe féminine de haut niveau. Mais on va soutenir, dès la saison prochaine, une équipe qui sera en entente avec Marguerittes qui a un savoir-faire. L’objectif à deux ou trois ans est d’avoir une équipe regroupant les forces du territoire pour tutoyer le haut niveau.

Au niveau du public, on a l’impression que vous êtes déjà au niveau supérieur.

Depuis février, on est sur une affluence de 2 500 à 3 500 spectateurs. Ce sont des chiffres de Nationale et parfois de Pro D2. Notre public nous tire vers le haut. Ce club a une réelle identité. J’ai vu Toulouse et Toulon perdre à Kaufmann. Pierre Fra parle encore de son cadrage débordement sur Émile N’tamack. Ce n’est pas rien. Ici, il y a merguez-saucisses, des jeux pour les enfants, des animations avant et après, un vrai traiteur, une brasserie et puis il y a un spectacle sur la pelouse. On n’a pas une équipe au jeu restrictif, sinon on aurait pas les mêmes affluences. On n’est pas des fous furieux, on ira peut-être jamais en Pro D2 et ce n’est pas grave. Mais faire réexister le rugby dans l’esprit des Nîmois, c’est la seule victoire à laquelle on s’attend.

Propos recueillis par Norman Jardin

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