Publié il y a 12 ans - Mise à jour le 15.03.2012 - stephanie-marin - 4 min  - vu 214 fois

LA SÉCHERESSE SÉVIT DANS LE GARD : "LA SITUATION EST PRÉOCCUPANTE SANS ÊTRE CATASTROPHIQUE"

Depuis le mois de novembre, les pluies se font rares dans le Gard. Quant à la neige, source de "recharge fantastique" des nappes phréatiques exceptionnelle, elle a carrément boudé le département, malgré quelques épisodes très médiatisés qui n'ont fait que passer sans grande conséquence. C'est une certitude, la sécheresse climatique a bien pris le Gard en otage. Conséquence, les sols sont secs et le niveau des nappes phréatiques et des cours d'eau ont chuté de manière considérable, avec un débit très inférieur à la moyenne enregistrée au mois de mars des années précédentes. Gabrielle Fournier, directrice-adjointe à la Direction départementale des Territoires et de la Mer du Gard (DDTM 30), revient sur ce phénomène climatique qui n'est pas nouveau.

Objectif Gard : Le niveau des nappes phréatiques et des cours est-il inquiétant ?

Gabrielle Fournier : La situation de sécheresse climatique, c'est-à-dire le fait qu'il ne pleut pas, est préoccupante. Mais l'an dernier, nous avons vécu la même situation, et nous avons eu un bon été en terme de débit dans les cours d'eau. Actuellement nous sommes très largement en dessous de la moyenne, mais aucune mesure de restrictions n'a été prise tout simplement parce qu'en cette période de l'année, les prélèvements d'eau dans les nappes phréatiques et les cours d'eau ne sont pas importantes. Les exploitations agricoles ne sont pas irriguées à outrance et la saison touristique n'a pas encore commencé. Il ne reste que la consommation d'eau potable que les débits actuels peuvent supporter à ce jour. Le véritable problème se posera si les pluies ne tombent pas au mois d'avril et de mai car il faut que le niveau des nappes phréatiques et les cours d'eau se rechargent avant que l'été, saison de forte consommation en eau, n'arrive.

O.G. : Dans le cas contraire, que se passerait-il ?

G.F. : S'il pleut en avril et mai, cela permettra de maintenir un niveau correct de l'eau. Dans le cas contraire, il faudra appliquer des restrictions d'eau. Mais ne soyons pas trop alarmistes, il reste encore deux mois pour observer l'évolution climatique. La situation est préoccupante sans être catastrophique. La campagne de mesures dans les cours d'eau -- via une station de jaugeages gérée par le Service Prévisions des Crues -- et des nappes phréatiques -- avec un piézomètre, un dispositif installé par forage -- s'est intensifiée et la Commission sécheresse réunissant les représentants de l’État, le Conseil général, les gestionnaires des cours d'eau, la DDTM etc, se rencontrera le 20 mars prochain pour engager un débat sur la situation. (Habituellement, la Commission sécheresse se réunie au mois de juillet. L'avancement de la date en dit long sur les inquiétudes générées par cette absence de pluie, Ndlr). Météo France alarme la population avec des prévisions qui n'annoncent pas de pluies dans le Gard pour la semaine à venir. Mais qui peut dire ce qui va se passer dans un mois ? Personne.

O.G. : Vous parliez de restrictions. Si cette situation perdure, les robinets des consommateurs pourraient-ils être coupés ?

G.F. : Non. Les robinets des consommateurs ne sont jamais coupés en cas de restrictions. Ils restent prioritaires. La seule raison qui pourrait faire qu'un jour, l'eau potable d'une commune pourrait être coupée concerne un critère de qualité de l'eau. Les restrictions concerneraient les exploitants agricoles et les particuliers pour l'usage de l'eau dans le domaine du jardinage par exemple.

 O.G. : Doit-on d'ores et déjà freiner notre consommation d'eau ?

G.F. : En situation de crise ou non, l'eau doit être utilisée avec précaution pour la protection de l'environnement. Nous sommes dans une société où l'on ne pense qu'au développement sans voir le gaspillage que l'on peut faire. L'État a quelques torts dans cette histoire. Par exemple, il a donné l'autorisation des prélèvements dans les cours d'eau et les nappes phréatiques avant même de mener des études pour savoir si ces cours d'eau et nappes phréatiques pouvaient les supporter en terme de débit. Les études ne commencent que maintenant.

Alors, à présent, dès que l'on parle de faire des économies d'eau, on vous accuse de vouloir faire de l'anti-développement. Ce n'est pas le cas. Ce que les gens doivent comprendre, c'est que dans le Gard comme dans tous les départements du sud de la France, l'eau est très importante pour le secteur agricole, mais aussi pour le tourisme. Et si on ne préserve pas cette eau, dans le long terme l'attractivité du département va s'affaiblir.

O.G. : Quelques bonnes astuces pour arrêter de gaspiller...

G.F. : Dans le domaine de l'agriculture, il est préférable d'utiliser l'aspersion au goutte à goutte plutôt que l'irrigation en continu. Et puis, nous recommandons l'investissement dans une réserve d'eau commune à plusieurs exploitants, une retenue collinaire. C'est une sorte de bassin de rétention qui permet aux exploitants de récupérer et de stocker l'eau de pluie afin de l'utiliser sur leurs exploitations.

Les maires ont aussi un rôle à jouer dans la restriction du gaspillage d'eau, notamment en entretenant ou rénovant les réseaux d'eau potable qui sont souvent détériorés. La consommation d'eau est multipliée par 10 lorsqu'un réseau d'eau potable qui sert à alimenter les administrés est percé. L’État encourage les maires à faire un état des lieux de ces réseaux et à les rénover en leur attribuant des subventions. Ce qui, par ailleurs, permettra aux consommateurs de faire une économie sur leur facture d'eau.

Pour les particuliers, il s'agit de faire des gestes simples mais importants comme par exemple préférer les douches aux bains. Et puis, ne pas planter du gazon, très gourmand en eau, ne pas remplir chaque année l'eau de sa piscine. En la traitant tout l'hiver, l'eau peut-être réutilisée d'une année à une autre.

Stéphanie Marin

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