Et dès son arrivée dans le Sud, à Nîmes, le jeune pompier né d'une union franco-marocaine est immédiatement "intégré par la population gitane de Montpellier. J'y avais quelques connaissances de vacances." Être intégré par la population gitane, une volonté qui pour Mehdi relevait du défi. Enfin, c'est ce qu'il pensait. Mais sa passion pour la musique gypsy et son désir d'apprendre, ont donné aux Gitans, au sens le plus noble du terme, l'envie de le connaître et même de le faire jouer à leurs côtés. Et il ne faudra pas longtemps pour qu'il forme un groupe, Salamanca, à peine un an après avoir débarqué sur la capitale gardoise. Quelques dates de concerts commencent à s'afficher sur son agenda. Mehdi se lance dans l'arène et propose ses compositions dont Salam. Le titre ne vous dit peut-être rien et pourtant. "Nous répétions cette chanson dans un studio à Montpellier. Les musiciens du groupe Alabina (dont la chanteuse, Ishtar s'était faite connaître en France grâce au titre Como tù interprété avec les Gipsy Kings, Ndlr) qui étaient juste à côté l'ont entendue. Ils m'ont demandé de leur céder les droits" se souvient-il dans un sentiment mitigé entre humilité et fierté. Et on le comprend bien, sa chanson a figuré dans l'album d'Alabina intitulé Salam sous le titre Salam la paz al final.

La reconnaissance et un Olympia

Les années passent et les marques de reconnaissances défilent. Mehdi est un artiste gypsy à part entière. En 1999, Manero, un ancien chanteur de "Chico et les Gypsies" décide de se lancer dans une carrière solo. "Il cherchait des musiciens et il est venu frapper à ma porte pour me demander d'intégrer sa formation musicale en tant que guitariste et choriste." Mehdi n'avait alors d'autre choix que d'accepter. C'est aux côtés de Manero en 2000 que le pompier-artiste s'est retrouvé sur un plateau de télévision dans le cadre d'une émission diffusée sur TF1, dédiée à Charles Aznavour. "C'était un grand moment, nous étions certainement les moins connus de toute la programmation. Nous avions repris La Mama. Une reprise qui est d'ailleurs sortie en single produit par Heben production." Celle-là même qui produisait la chanteuse Lââm avec qui Mehdi et le reste de la formation de Manero sont montés sur la scène de l'Olympia en 2001 pour interpréter trois titres. "Un Olympia, ça vous marque une vie." Suite à cet événement, les dates de concerts se sont enchaînées en France comme à l'étranger. Le Nîmois d'adoption se souvient notamment de cette "clôture du Festival d'Agadir au Palais Royal". En 2005, Manero décide de dissoudre son groupe; Mehdi en profite pour créer le sien: Kema.

Avec cette formation composée de cinq musiciens, Mehdi rend hommage aux grands artistes espagnols, "ceux que l'on voit rarement" dans un registre Rumba Flamenca. Et puis, il y a deux ans, le pompier à la guitare se lance dans une carrière solo avec un nouveau répertoire, "Cocktail Flamenco", un savant mélange de Rumba, de Flamenco, le tout agrémenté d'un rien de pop, de musique latine et orientale. Un cocktail détonnant. Il reprend et adapte des chansons d'artistes reconnus comme Manzanita ou encore Diego El Cigala mais aussi des chansons françaises telles que La Vie en Rose ou La Javanaise... Il ose tout et s'impose partout. En 2011, avec ses musiciens, il monte sur la scène de Placette à Nîmes lors de la Feria de Pentecôte et enthousiasme le public avec ses airs de Rumba Latine Jazz. À cette occasion d'ailleurs, il a enregistré et autoproduit un album "Mehdi Live" (1 000 exemplaires) qui est sorti à la fin de l'année 2011. 2012, Mehdi est revenu chanter pour la Feria, sur le parvis des arènes de Nîmes, en première partie du Collectif Métissé, s'il vous plaît.

Un album solo en projet

Le pompier professionnel a une vie d'artiste déjà bien chargée. "Ce n'est pas évident de gérer les deux parfois, mais pour le moment j'y arrive. Vous savez, être pompier, c'est une vocation, c'est ce qui me permet d'être stable, psychologiquement et financièrement aussi. Il faudrait qu'il y ait une opportunité bien particulière pour que je mette de côté mon métier de pompier" glisse Mehdi. Mais cette opportunité pourrait bien pointer le bout de son nez à la suite de l'enregistrement d'un album en studio cette fois, si le succès frappe à sa porte. C'est en tout cas le projet du "gypsy". "Dans cet album, il n'y aura que des compositions". Des composition écrites par Mehdi lui-même : "Quand j'écris, je laisse parler mon cœur. Tout m'inspire, ma famille, mes origines, ce que je vis, ou ce que les autres vivent, je prends l'inspiration comme elle vient et j'écris."

Découvrez le talent de Mehdi Benaïssa sur http://fr.myspace.com/554466232 et suivez-le sur sa page Facebook : Mehdi Flamenco.

Stéphanie MARIN

stephanie.marin@objectifgard.com