Publié il y a 11 ans - Mise à jour le 25.07.2012 - tony-duret - 3 min  - vu 1638 fois

NÎMES : Bienvenue dans la Tour infernale !

La Tour de l'Evêque à Nîmes

La résidence de la Tour de l'Evêque, dans le sud de Nîmes, porte mal son nom. Ici, on ne croise ni religieux, ni bonnes sœurs. En revanche, la résidence pourrait être rebaptisée la Tour infernale. Car si vous vous y étiez aventuré il y a quelques jours encore, vous auriez pu tomber sur David, locataire du quatrième étage, que tout le monde surnomme dans la résidence "l'emmerdeur" ou le "fou". C'est au choix. N’y voyez pas de la méchanceté gratuite de la part des voisins. Les sobriquets ont souvent une explication. Voici à quoi ressemble une journée avec David, le terrifiant locataire.

La porte fracassée d'un voisin de David. Les plaques de bois sur la droite cachent des trous.

« Dans la journée, tout se passait bien », explique un habitant de la Tour. « Je voyais David descendre les poubelles ou promener son chien. Il était poli, disait bonjour, ça allait ». Un voisin apporte une autre explication : « Vous savez pourquoi ça se passait bien la journée ? C’est parce qu’il dormait… ». Si le carrosse de Cendrillon attendait minuit pour se transformer en citrouille, David, lui, se transforme en voisin tyrannique à partir de 23 heures. Moment où le mélange de drogue et d’alcool commence à faire effet.

« Tous les soirs, à 23 heures, c’était parti ! Il pétait un plomb », développe un voisin de David. Le festival commence ! David, 38 ans, grand, très maigre, le crâne rasé et des « yeux de fous : on ne voyait que ses pupilles »,  détaille une habitante de l’immeuble, se rend sur son balcon. Alors que tout le monde s’apprête à s’endormir car le voisinage travaille le lendemain, notre énergumène se colle à sa rambarde et hurle de toutes ses forces, pendant de très longues minutes : « Enculé », « Salope » ou « Maman vient manger » ! Un homme s’étonne : « Je n’arrive toujours pas à comprendre comment il faisait pour avoir autant de voix. J’ vous jure, il ameutait tout le quartier. »

Quand un voisin ose protester, David a une arme imparable. Avec son fidèle compagnon, un gros beauceron qui impressionne le quartier, l’homme sort de chez lui, marteau en main, et s’en prend, tel un forcené, à la porte du voisin mécontent. « Vous voyez les trous sur les portes ?, montre un voisin, c’est son œuvre. Il sortait de son appartement avec un marteau ou un couteau et frappait jusqu’à l’arrivée des policiers. » Quand les forces de l’ordre se présentent sur les lieux, David a déjà filé dans son appartement. Pas vu, pas pris.

Les anecdotes ne manquent pas. David gare son véhicule sur le parking de la résidence et raye une voiture en se stationnant. Le propriétaire de la voiture lui signale. Ni une, ni deux, notre David national s’empare d’un cric et défonce la vitre de la voiture de son voisin. La moquette posée au sol du couloir du quatrième étage n’est pas à son goût, il l’arrache, au beau milieu de la nuit, avec son couteau. Un voisin courageux lui demande d’arrêter ses sottises, il lui jette de l’ammoniac en pleine figure. Depuis, l’homme a préféré quitter son appartement. Enfin, comme un bon « emmerdeur », David répand et applique soigneusement les crottes de son chien sur les poignées de portes de ses voisins. Charmant !

La moquette n'était vraiment pas au goût de David...

Mais après un an de d’enfer, un homme se décide enfin a porter plainte : « J’ai changé deux fois ma porte à cause de lui ». Convoqué à deux reprises par la justice, David ne s’est pas présenté aux audiences. Lundi, petit événement, il était présent. Ses voisins défilent et expriment leurs griefs. David se défend : « C’est peut-être mon chien qui dérange ! », ose-t-il. Son discernement ayant été altéré au moment des faits qui lui sont reprochés, David a été condamné à un mois de prison ferme pour coups et blessures. Un mois d’interdiction de remettre les pieds dans la résidence de la Tour de l’Evêque et une obligation de soins. « Je crois que maintenant il vit à Alès, chez ses parents. Et ben, je plains ses nouveaux voisins ! », confie un locataire de la Tour. Un autre est plus inquiet : « Il peut revenir à tout moment pour se venger. En plus, il se prenait pour le patron de l’immeuble. Il aimait bien dire ‘ici, c’est moi qui fait la loi’. On n’est pas hyper rassurés. Du coup, on change toutes les serrures de l’immeuble pour qu’il ne puisse plus rentrer ». Peut-être le seul moyen pour que la Tour de l’Evêque retrouve enfin un peu de sérénité.

Tony Duret

tony.duret@objectifgard.com

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