Publié il y a 11 ans - Mise à jour le 26.07.2012 - stephanie-marin - 4 min  - vu 823 fois

GARD : Les pompiers tout feu tout flamme pour lutter contre les incendies de forêts

Frédéric Philip, un pompier professionnel de la caserne de Sommières, est resté percher en haut de la vigie de Sinsans toue lajournée de mercredi, à guetter le moindre départ de feu. Photo DR/S.Ma

Chaque été, c'est la même chose. Le soleil rayonne, les cigales chantent, les touristes affluent dans les villes et les sentiers du département. Mais l'envers de la carte postale est beaucoup moins idyllique. Car dans le Gard, territoire dont 49% superficie globale est recouverte par la végétation, les risques de feux de forêt sont omniprésents et mobilisent plus de 300 pompiers. Objectifgard.com a rencontré ces soldats tout feu tout flamme postés sur différents sites du département à l'affût de la moindre fumée suspecte. Reportage.

Perché tout en haut de sa vigie plantée dans les hauteurs de Sinsans non loin de Calvisson, jumelle à la main, Frédéric Philip, 34 ans, pompier professionnel à la caserne de Sommières, est aux aguets. Il a pour mission de signaler à l’état-major du poste de régulation forestier la moindre fumée qui s'échapperait des terres sur un rayon qui peut aller jusqu'à 30 kilomètres. "On surveille, on détecte, on signale. Mais selon l'importance du feu, on garde un œil dessus pour donner à nos collègues des compléments d'informations sur l'évolution du feu" précise Frédéric. Et c'est ainsi toute la journée, de 11 heures à 19 heures.

Pour l'aider, le pompier reçoit des bulletins météo dans lesquels sont indiqués les températures bien sûr, mais aussi la pluviométrie et la vitesse du vent. "Aujourd'hui -- mercredi 25 juillet -- c'est plutôt calme, la visibilité est bonne malgré une faible brume. Le vent et la chaleur s'intensifient mais il n'y a rien à signaler pour le moment." Oui, seul en haut de sa vigie, Frédéric avoue que parfois le temps peut paraître long. "C'est vrai que c'est beaucoup moins physique qu'en caserne. On apprend à réfléchir sur soi" s'amuse-t-il se consolant comme il peut : "ça ne dure qu'une journée, demain ce sera un autre pompier." Autre consolation, Frédéric n'est pas le seul dans ce cas. En période estivale, les dix vigies gardoises sont activées.

Au volant d'un Dangel, Alexandre Bourguet, pompier volontaire, et Pierre De Marin, patrouilleur forestier saisonnier, interviennent sur desdéparts de feu avant l'arrivée des secours. Photo DR/S.Ma

En bas de la tour de guet, une radio dans un véhicule se fait entendre. Un départ de feu a été détecté sur le département. "Ce n'est pas notre secteur" lance Pierre De Marin, 23 ans, patrouilleur forestier saisonnier depuis trois ans. Avec Alexandre Bourguet, lui aussi âgé de 23 ans, ils forment l'un des 27 duos du dispositif de coordination entre forestiers et pompiers "qui n'existe que dans le département du Gard" se satisfait le Lieutenant-Colonel Yves Chapon, responsable de la direction de la communication et des services généraux au SDIS 30. Au volant d'un Dangel, un 4x4 chargé d'une réserve de 600 litres d'eau, ils inspectent un secteur défini et interviennent sur des départs de feu. Quand Alexandre, pompier volontaire à la caserne de Sommières, éteint l'incendie, Pierre gère lui, la pompe à eau motorisée et la radio. "Le plus difficile, c'est d'évaluer l'importance du feu et d'anticiper son parcours car nous n'avons pas beaucoup d'eau, alors il faut faire au mieux le temps que les secours arrivent s'il s'agit d'un gros incendie" explique le jeune pompier.

Ces incendies sont souvent l’œuvre de personnes qui font fi, volontairement ou pas d'ailleurs, de l'interdiction préfectorale (jusqu'au 15 septembre) d'allumer un feu à l’intérieur et jusqu’à une distance de 200 mètres des bois, forêts, landes, maquis, garrigues, plantations et reboisements. Là encore, le Gard a un dispositif bien particulier pour le volet prévention voire répression : les patrouilles vertes créées grâce à un partenariat associant l'Office nationale des forêts (ONF) la Direction départementale des territoires et de la mer 30 (DDTM) et le Conseil Général. Le même partenariat qui permet le fonctionnement du dispositif des Dangels. Ainsi, six patrouilleurs verts à l'instar de Vincent Plasse, 35 ans, technicien forestier, arpentent le département divisé en secteurs, pour aller à la rencontre des touristes ou des locaux. Ils les informent mais peuvent aussi les verbaliser s'ils constatent une infraction qui coûtera à l'auteur la somme de 135€.

Y'a pas l'feu...

L'adjudant-Chef Tessier, chef de groupe d'un des six GIFF, et ses 16 hommes sont prêts à intervenir en cas de départ de feu. Photo DR/S.Ma
L'adjudant-Chef Tessier, chef de groupe d'un des six GIFF, et ses 16 hommes sont prêts à intervenir en cas de départ de feu. Photo DR/S.Ma
L'adjudant-Chef Tessier, chef de groupe d'un des six GIFF, et ses 16 hommes sont prêts à intervenir en cas de départ de feu. Photo DR/S.Ma
Un peu plus loin en direction de Quissac, à Vic-le-Fesq plus précisément, dans un coin reculé dans la nature, nous croisons le chemin d'un Groupe d'Intervention Feux de Forêt (GIFF). En tout, ce sont 16 pompiers du Gard sous les ordres de l'Adjudant-Chef Teissier, chef de groupe, qui sont en alerte, prêts à grimper dans les quatre véhicules feux de forêt équipés d'une citerne de 4 000 à 6 000 litres d'eau, dès que le CODIS 30 aura donner le signal de départ. Un signal parfois transmis pas l'Horus, un avion de reconnaissance qui survole le département avec à son bord deux pompiers, l'un pilote, l'autre l'observateur. Mais en attendant que ce signal arrive, il faut faire passer le temps. Certains bouquinent, d'autres refont le monde, d'autres encore jouent à la pétanque. Ce qui leur vaut parfois quelques critiques des passants qui ne comprennent pas trop ce que font ces sapeurs-pompiers. C'est pourtant simple, ils anticipent le danger. Tous les jours, lors de la période estivale, six (maximum) GIFF sont positionnés dans le Gard sur des points stratégiques, selon le bulletin météorologique du matin qui détermine, en recoupant plusieurs critères, les zones à risques. Ainsi, dès qu'il y a un départ d'incendie et donc le feu au lac, le groupe le plus proche peut intervenir au plus vite. Ce n'est qu'une question d'anticipation.

De bons résultats

Le dispositif de lutte contre les incendies gardois est ainsi imposant mais très efficace. "L'été dernier, seulement 18 hectares de forêt ont brûlé. Ce n'est vraiment pas beaucoup. Et cette année, nous sommes sur la même lignée même si la tendance peut s'inverser du jour au lendemain avec un incendie de 300 hectares" glisse le Lieutenant-Colonel Chapon. Pour comparer, lors de la présentation de la campagne 2012 des feux de forêt, Thierry Laurent, le directeur de cabinet du préfet du Gard, avait parlé de 3 500 hectares brûlés  à la même période il y a 30 ans.

Stéphanie MARIN

stephanie.marin@objectifgard.com

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