Publié il y a 11 ans - Mise à jour le 05.08.2012 - tony-duret - 3 min  - vu 190 fois

PORTRAIT DU DIMANCHE – Spécial initiative : Ouvert à tous, le repas du soir à la mosquée de la gare

La rupture du jeûne est un moment convivial

Il est 21 heures, au 8 boulevard Sergent Triaire, à quelques mètres seulement de la gare de Nîmes. Le soleil décline dans le ciel. Plus bas, sur le trottoir, une poignée de personnes patiente devant un large portail grand ouvert. En jetant un œil à l’intérieur, on découvre une cour toute en longueur, très calme, quasiment déserte. Un calme de façade. Car soudain, vers 21h15, plusieurs centaines de fidèles sortent des bâtiments jouxtant la cour. Les personnes qui attendaient sagement sur le boulevard pénètrent à leur tour dans le bâtiment. Le grand moment que tout le monde attend est enfin arrivé : le repas du soir de la mosquée de la gare est servi.

« Tout le monde est le bienvenu »

La mosquée de la Miséricorde, plus communément appelée la mosquée de la gare, a été ouverte en 1977. Elle est la première mosquée nîmoise. En 1995, le père d’Hamid Mimoun, l’actuel président du lieu, a eu l’idée d’organiser un repas destiné aux fidèles mais aussi aux plus démunis. Hamid Mimoun, 52 ans, qui a pris la relève, nous explique l’idée de ce repas : « Ici, tout le monde est le bienvenu. On ne fait pas de distinction de religion. Tous les soirs, on sert un repas quotidien pendant la période du Ramadan. » Et c’est vrai, la porte est ouverte à tous. Nul besoin d’être musulman pour venir dîner ici. Beaucoup de personnes dans le besoin viennent donc régulièrement reprendre des forces. « Vous savez, explique Hamid, le Ramadan est un mois sacré, un mois pendant lequel on pense aux autres, pendant lequel on pense aux pauvres. »

Pour faire honneur à ses invités d’un soir, le président de la mosquée de la gare a quelques secrets : « D’abord, on a Momo, un super cuisinier ! Et puis, on a une très bonne équipe de bénévoles qui l’accompagne tous les jours pendant un mois. Le but, c’est que le temps d’une soirée, les gens se sentent comme au restaurant. » Mieux qu’un restaurant, à la fin, personne n’apporte d’addition. Le repas est complètement gratuit. Les invités donnent s’ils le veulent et s’ils le peuvent. « On se débrouille, ajoute le président de la mosquée, certains ramènent des baguettes, il faut en acheter 50 tous les jours ! D’autres apportent des fruits, de la viande. Chacun fait comme il peut. »

80 couverts par soir

L’organisation des repas est quasi militaire. Dès 15 heures, le chef Mohamed - que tout le monde surnomme « Momo » - investit la cuisine et rassemble tous les ingrédients dont il a besoin pour le dîner. Chaque soir, le menu est identique : soupe, tajine et dattes en dessert. On sort de table repu. En moyenne, pendant une heure environ, 80 personnes viennent déguster la cuisine de Momo. Un chiffre qui a de quoi faire pâlir beaucoup de restaurateurs du département. « On est complet tous les soirs ! », sourit Hamid Mimoun. Quelques minutes avant le repas, comme dans un vrai restaurant, on s’affole en coulisse. Dans une vaste pièce prévue pour l’occasion, les bénévoles installent la table, apportent l’eau fraiche, coupe le pain pour chaque invité. Dans sa cuisine, Momo s’active et remplit d’impressionnantes marmites de soupe. Quelques instants avant que les premiers « clients » ne s’assoient, la soupe est servie, bol par bol.

Les tajines préparées par Momo

Vient l’heure du repas. Un moment de plaisir, de partage. « Ce qui est bien, c’est qu’on a toutes les nationalités ici. Des marocains, des algériens, des français, des turcs… Et quand ils nous quittent, ils ont tous un grand sourire. C’est ça qui fait plaisir », se réjouit Hamid. Le « restaurant » fermera ses portes le 19 août, jour qui signe la fin du Ramadan. Sinon, il faudra patienter jusqu’à l’année prochaine pour goûter la cuisine de Momo.

Tony Duret

tony.duret@objectifgard.com

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