Publié il y a 11 ans - Mise à jour le 04.10.2012 - coralie-mollaret - 3 min  - vu 419 fois

Nîmes : Les avocats s'alarment des conditions de détention des prisonniers

Au centre, le Bâtonnier de Nîmes, Me. Chantal Chabanon-Clauzel

Hier, à l'occasion de la 11ème édition nationale de la "Journée Prison", l'ordre des avocats de Nîmes a alerté magistrats et opinion publique sur les conditions de détention. Surpopulation, violences et récidives… "On ne doit pas transformer des primo-délinquants en fauves à leur sortie de prison ! "

La prison, un thème sensible et sensiblement méconnu… C'est à partir de ce constat que la conférence des bâtonniers de France et d'Outre-mer a initié la "Journée Prison". Cette 11ème édition a deux objectifs : "attirer l'attention sur les conditions de rétention extrêmement alarmantes", affirme Chantal Chabanon-Clauzel, Bâtonnier au barreau de Nîmes. Mais aussi, "réfléchir" aux diverses solutions qui pourraient être mises en place pour éviter les récidives et les violences dans les établissements pénitentiaires. Ca tombe bien, la ministre de la justice, Christiane Taubira, est actuellement en train de plancher sur une nouvelle politique pénale !

3 détenus dans 9 !

S'appuyant sur un rapport de 2011, présenté au préfet en avril lors de la réunion du conseil d'évaluation de la maison d'arrêt, la porte-parole des avocats fait état de la "surpopulation carcérale" nîmoise : + 200% au dernier trimestre 2011 ! Le résultat, d'une politique du "tout sécuritaire (…) populiste", alimentée ces dernières années au grès des faits divers.

"La moyenne des détenus par cellule et de 3 personnes pour 9", relève Chantal Chabanon-Clauzel, aussitôt reprise : " Excusez-moi, mais nous sommes très loin de la réalité. J'ai un détenu qui dort part terre, dans une cellule de 20 m², avec 8 autres personnes", interpelle Me Jean-Faustin Kamdem. "C'est le principe de la double peine : la promiscuité est ajoutée à la détention", explique Mr Guyard, professeur de philosophie dans les prisons.

Tous s'accordent à dire que "le taux de récidive est en augmentation". En outre, le budget "prison" alloué à Nîmes a diminué de 13% pour l'année 2011 ! Une diminution qui n'est pas sans rappeler le rang de la France : 37ème sur les 43 pays du Conseil de l'Europe en matière de budget consacré à la justice.

"D'où les difficultés à prendre en charge l'enseignement, le suivi médical et de la préparation à la sortie des prisonniersSi on ne prépare pas un individu à sortir, on prépare un criminel", alerte Me Nogier. "On peut priver un homme de pain mais pas de culture (…) Il ne faut pas que l'on transforme des primo-délinquants en fauves à leur sortie de prison", rajoute le professeur.

Les projets du gouvernement

"La prison n'est pas le 'Club Med' que l'on pense", ironise Me Nougier, qui appellent les magistrats et élus à se rendre dans les prisons pour "se rendre compte des conditions de détentions". "Systématiquement les magistrats en correctionnel donnent de la prison, alors qu'il y a d'autres alternatives comme les travaux d'intérêt généraux", s'exclame Me Tourel.

Les avocats ont émis 7 voeux lors de ce conseil d'évaluation de la maison d'arrêt, dont : la création d'un poste de professeur des écoles, d'un deuxième agent Spip (Service Pénitentiaire d'Insertion et de Probation) et de 100 places de prison supplémentaires. Le Barreau de Nîmes ne réclament pas la construction tout azimut de nouvelles maisons d'arrêt, mais plaide pour le développement de peines alternatives type travaux d'intérêt généraux ou bracelets électroniques.

Candidat, François Hollande avait promis de créer 5000 postes de plus dans la justice et de supprimer les peines planchers*. Mercredi dernier, en conseil des ministres, la garde des Sceaux, Christiane Taubira, a affirmé faire de la lutte contre la récidive une priorité de sa politique pénale, notamment en mettant en place un "meilleur suivi" et en faisant en sorte que "le temps de détention soit un temps utile". Reste à savoir si le président Hollande, lui en donnera les moyens...

Coralie Mollaret

coralie.mollaret@objectifgard.com

*Les peines planchers sont des peines minimales, imposées par la loi, en cas de récidive.

Coralie Mollaret

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