Les militants de l'Aspiq ne seraient donc pas que de vilaines langues de vipère, promptes à cracher leur venin sur tous les dossiers mal ficelés de Nîmes-Métropole. Telle est en tout cas l'appréciation du rapporteur public du Tribunal administratif de Nîmes, qui a donné droit aux requérants de l'association citoyenne, engagée depuis des lustres dans un bras-de-fer judiciaire avec les promoteurs du Trambus : un vulgaire tortillard à soufflet, facturé au prix d'un tramway, engloutissant chaque jour des centaines de litres de gas-oil et embouteillant, aux heures de pointe, le giratoire du Colisée. En proposant à ses collègues magistrats d'annuler purement et simplement les deux délibérations communautaires autorisant l'aménagement de cette première ligne de transports en commun en site propre, le rapporteur public - dont les conclusions sont généralement partagées - met la communauté d'agglomération dans la mouise. Et fait sans doute regretter au président Jean-Paul Fournier d'avoir poussé ce dossier au forceps et mis en quelque sorte la justice devant le fait accompli, en inaugurant en grandes pompes son Tango +, quelques jours seulement avant l'audience publique du Tribunal administratif. "Je ferai tout pour faire aboutir ce chantier, n'en déplaise à la poignée de réactionnaires à la vision archaïque, qui multiplient les recours et référés pour faire capoter ce projet ! ", s'était emporté, en substance, le président de Nîmes-Métropole, excédé par l'acharnement de l'Aspiq, soupçonnée de dérouler ses arguments à la façon d'un serpent à sornettes. D'ici une dizaine de jours au plus tard, Jean-Paul Fournier saura si les couples en costume-cravate, robe longue et bas résille, qu'il avait conviés à virevolter sur le podium inaugural et sur le bandonéon argentin de Carlos Gardel, ne seraient finalement pas rentrés au bercail dans une voiture-balai.