Publié il y a 11 ans - Mise à jour le 15.10.2012 - coralie-mollaret - 3 min  - vu 139 fois

AGRICULTURE : "Moins 250 paysans chaque année dans le Gard !"

"Chaque année dans le Gard, nous perdons 300 agriculteurs lorsque seulement 50 s'installent", s'alarme Jean-François Bianco, porte-parole de la Confédération Paysanne du Gard. A l'occasion de la Fête des paysans à Saint Génies de Malgoires, le responsable syndical revient, pour Objectifgard, sur la situation "préoccupante" des agriculteurs et de la filière qui doit prochainement connaître d'importantes réformes. 

"Tous les ans, on organise une fête ouverte au grand public, avec les paysans et d'autres partenaires comme ATTAC ou Sortir du nucléaire, pour échanger sur nos activités où les faire découvrir", explique Jean-François Bianco, porte-parole de la Confédération paysanne du Gard. Un syndicat agricole créé en 1887, qui milite pour une agriculture paysanne respectueuse de l'environnement.

Dimanche, la 9ème édition de la Fête des Paysans à Saint Génies de Malgoires, a proposé diverses activités : un marché de produits bio et/ou locaux, des ateliers sur le travail paysan ainsi que des projections-débats. De quoi susciter de longs échanges sur la condition "préoccupante" de certains agriculteurs.

"Nous sommes la profession où le taux de suicide est le plus important et dépasse même celui des cadres", lâche Jean-François Bianco. Loin d'attirer, la filière  repousse : "notre département perd 250 agriculteurs chaque année", sur les 5.000 qu'il compte. Si la situation n'est pas bonne, le responsable sait faire la part des choses : "nous sommes quand même dans l'autosuffisance alimentaire".

L'agriculture reste un secteur clef en matière d'indépendance. Elle tire d'ailleurs son épingle du jeu dans le marasme économique actuel en enregistrant 8 milliards d'excédent dans la balance commercial pour 2011 ! Le secteur gardois est à l'image du français : diversifié. " Il y a des circuits courts, type AMAP et des boutiques paysannes, mais aussi de l'agriculture intensive. On retrouve des secteurs en difficultés comme l'élevage, victime de la flambé du cours des céréales ou les fruits et légumes", explique Jean-François Bianco.

2013 : de grandes réformes à l'horizon

Reçu par le ministre de l'agriculture, Stéphane Le Foll, en juillet dernier lors des « Premières rencontres nationales des agricultures pour des territoires vivants », Jean-François Bianco garde espoir dans le "changement" : "Il a été attentif à nos revendications. Il va faire remonter nos remarques et propositions à la Commission européenne pour la réforme de la PAC".

La fameuse Politique Agricole Commune, crée en 1947 pour définir les règles de l'agriculture européenne, notamment en matière d'attribution de subventions, va revoir certains principes pour une nouvelle période qui s'étendra de 2013 à 2020.

Parmi les doléances des agriculteurs gardois : la réforme des conditions d'attribution des aides. " Elles sont attribuées en

Jean-François Bianco, porte-parole de la Confédération paysanne du Gard

fonction de la superficie d'une propriété ( NDLR : avec un statut agricole du propriétaire) et non en fonction de la zone exploitée. Il vous suffit de vous agrandir pour toucher plus d'argent alors que vous n'avez exploité pas plus"."Une aide aussi pour les fermiers", qui ne touchaient rien auparavant devrait être attribuée, ce serait une sorte "de reconnaissance".

En 2013, le gouvernement français va lui aussi préparer une loi agricole. Au cœur des problèmes français, le sempiternel manque de foncier. "On perd un département en surface agricole tous les 5 ans", assure Jean-François Bianco. Déclassement des SAU (Surfaces Agricoles Utiles) pour créer des projets immobiliers, faire passer des TGV, ou des "projets de photovoltaïque, comme c'est le cas à Arles"… "C'est très difficile de s'installer dans le métier", reconnait Delphine Krolikowski, maraichère.

Autre échéance en 2013, les élections aux chambres d'agriculture : "dans trois mois nous allons élire des représentants" qui définiront par la suite les "grandes orientations de la politique agricole locale".

"Il faut que l'on sache quelle société nous voulons mettre en place ? Quel modèle ?", une réflexion quasi philosophique de la part du responsable syndical qui favorise les circuits cours et le basculement vers le Bio. " La France détient  un potentiel formidable et une grande expérience, qu'il faut impérativement transmettre aux générations futures pour faire perdurer le modèle" et conserver notre indépendance alimentaire…

Coralie Mollaret

coralie.mollaret@objectifgard.com

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