Finis les tableaux noirs, les craies, les éponges pour effacer le tableau. A Cruviers-Lascours, petite commune du Gard située entre Nîmes et Alès, l’école est à la pointe de la modernité. Depuis quatre ans, les élèves travaillent et apprennent leurs leçons sur quatre tableaux numériques interactifs. Frédéric Barral, directeur de l’école, explique le concept de ce tableau ultra-moderne : « Le tableau est relié à un ordinateur par un câble et transmet les images, grâce à un système de vidéoprojection, sur un écran blanc ». Dans la classe de CE1, qui a été équipée de cet appareil il y a quelques jours à peine, l’institutrice laisse la place au directeur pour une petite démonstration : « Vous voyez, avec ce stylet, je peux écrire sur le tableau comme si c’était une page blanche ou sinon on peut aussi intégrer des lignes. Tout est possible ! »

Les cinq professeurs de l’établissement se sont donc adaptés à cette nouvelle forme d’enseignement. Ils scannent les cahiers de leurs élèves pour montrer aux enfants les fautes à ne plus reproduire ou pour distribuer les bons points. Les autres avantages, c’est le proviseur qui les explique : « J’ai fait apprendre Göttingen de Barbara à mes élèves. Grâce aux tableaux, ils ont pu écouter la version originale en moins de cinq minutes. Ce n’était pas possible avant. Ou alors quand je fais un cours sur le Louvre ou le Château de Versailles, ils le visitent en même temps ».

Du haut de ses 32 ans d’enseignement, Frédéric Barral a conscience d’entrer dans une nouvelle ère de l’enseignement. Les écoliers, eux, semblent plus concentrés, plus attentifs. « Ils suivent plus facilement, ils sont moins distraits », confirme le directeur. Les notes s’en ressentent-elles pour autant ? « C’est dur à dire. Je ne sais pas si les enfants sont plus intelligents ou plus cultivés qu’avant. En revanche, oui, ils ont plus d’ouverture d’esprit ». Quatre des cinq classes que compte l’école primaire de Cruviers-Lascours sont équipés de tableaux numériques (3 500 euros pièce) achetés par le maire de la ville, Emmanuel Schor. Seule la classe de CM1 n’est pas encore dotée de l’appareil. « On devrait acquérir ce dernier tableau numérique dans les semaines à venir », promet le maire avant d’ajouter : « Il n’y a pas de raison pour que les villages ruraux comme le nôtre ne bénéficient pas des mêmes conditions que les villes. En revanche, je reste prudent sur l’utilisation de ces tableaux, notamment sur l’addiction à l’écran que pourraient ressentir les élèves. Je me pose la question d’une année scolaire sans tableau numérique ». Un retour en arrière qui s’avèrerait extrêmement compliqué tellement les élèves et professeurs semblent avoir adopté ce petit bijou de technologie, devenu en quelques années, quasiment indispensable.

Tony Duret

tony.duret@objectifgard.com