Publié il y a 11 ans - Mise à jour le 28.01.2013 - coralie-mollaret - 3 min  - vu 1035 fois

PORTRAIT DU DIMANCHE : Gérard Harmand, le dernier joyau Gardois !

Vous l'ignorez peut-être, mais le métier de "lapidaire", tailleur de pierres précieuses, est en voie de disparition… A 73 ans, le Nîmois Gérard Harmand a retrouvé goût à la vie, grâce à ses joyaux, qu'il va dénicher dans le monde entier. 

Cette histoire, celle de Gérard Harmand, est comme qui dirait, "une belle histoire". Dramatique, émouvante mais aussi porteuse d'espoir. Joyeux et enthousiaste, qui pourrait croire que ce petit artisan nîmois, a traversé les épreuves les plus difficiles que la vie puisse un jour vous offrir ?

Présent au salon des fossiles, à la salle des Costières, Gérard Harmand court dans tous les sens, ses outils de lapidaire à la main : "Vous avez vu Philippe ?, demande-t-il à l'un (…) Oui ça c'est une améthyste chère madame !, répond-il à l'autre (…) Laure, vient faire une photo, dit-il à une troisième". Bref, il n'arrête pas.

Gérard Harmand est une espèce en voie d'extinction ! "Je suis l'un des derniers lapidaire de France et probablement le dernier Gardois", explique t-il. Loin d'être fier de sa rareté, Gérard s'inquiète de "la relève" et organise dès que possible, des formations pour les férus de cailloux précieux, désireux de se retrousser les manches.

Une succession de miraculeuses rencontres

"C'est un homme calme, mais extrêmement passionné", témoigne sa femme, Laure Harmand. Une passion qui n'a pas coulé de source, mais qui a, en quelque sorte, "sauvé" la vie de son mari. En, 1980, le destin de Gérard Harmand a pris un tournant tragique. Lui qui était chef de chantier a perdu une jambe dans un accident… "J'étais en pleine ascension. Et soudain, je me retrouvais invalide à 80 %", raconte Gérard.

"Vous savez pendant 4 ou 5 ans, je n'avais envie de rien. Mais, il me fallait rebondir. J'ai commencé à me chercher. Je devais trouvez un métier assis… J'étais 'un manuel'". En 1985, une rencontre bouleversa de nouveau sa vie : "par hasard, j'ai rencontré un papé près de Calvisson, qui taillait des pierres. Il m'a appris le métier. Et j'ai rebondi grâce à lui", explique Gérard.

Avec sa tête et ses 10 doigts, Gérard Harmand a d'abord taillé des pierres précieuses et semi-précieuse dans son atelier, avant de rencontrer "Philippe", un exposant "qui m'a sorti de ma pièce toute noir". "Les bijoutiers ne font presque plus appel aux lapidaires. Ils commandent des pierres taillées d'Asie", assure l'artisan. Alors, pour "mettre du beurre dans les épinards", Gérard enchaine les salons : "je suis complet jusqu'en mai".

Le soucis de transmission 

Grande préoccupation de Gérard, la transmission : "Aujourd'hui, dès que je le peux, je forme. Ce qui est marrant, c'est que beaucoup de personnes sont intéressées, de tous les âges et catégories sociales". Le monde des minéraux, "un milieu très fermé". " En France, il n'y a pas d'école nationale. Ce ne sont que des écoles privées, assez coûteuses". De plus, "les informations ne circulent pas beaucoup". "D'ailleurs, j'ai dû me mettre à l'anglais pour comprendre certaines techniques américaines. Eux, ils publient tout sur Internet".

Assise à ses côtes, Violaine, 25 ans, en formation sanitaire et sociale, est une élève assidue : "je fais cela pour le plaisir. Gérard est un passionné, très pédagogue". A 73 ans, toujours bon pied bon œil, Gérard Harmand ne perd pas le nord et reste entouré des plus belles pierres précieuses, qu'elles soient minérales ou humaines !

Coralie Mollaret

coralie.mollaret@objectifgard.com

Coralie Mollaret

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