Publié il y a 11 ans - Mise à jour le 07.02.2013 - coralie-mollaret - 3 min  - vu 311 fois

SALLE DE SHOOT Les politiques frôlent-ils l'overdose ?

Voilà un sujet qui va encore faire jaser au comptoir des Halles ! Lundi, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a donné son feu vert pour l'expérimentation à Paris de la première salle de consommation de drogue supervisée, plus communément appelée "salle de shoot".  Une décision qui, après celle du mariage gay, a lancé un nouveau débat dans la société, n'enchantant pas particulièrement nos élus de l'opposition... Dont certains succomberaient, trop vite, à la prise de postures idéologiques, plutôt qu'à la réelle contradiction, vecteur de valeur ajoutée, dans l'apport de solutions pour endiguer la toxicomanie.

"Il faut rappeler que le dispositif est lancé à titre expérimental", lance Fabrice Verdier, député de la 6ème circonscription du Gard, pointant "la surréaction de certains hommes politiques", à l'image de "Gilbert Collard, qui s'emballe sur tout ". Son homologue du rassemblement bleu marine, opposé au dispositif, avait lancé sur le plateau de Canal + : "Des salles de shoot ? Et pourquoi pas des salles de viol, de crime et de vol".  

Salle de shoot, mode d'emploi 

Les salles de shoot ne sortent aucunement du chapeau de la ministre de la santé, Marisol Touraine. C'est en 2010, que l'élégante appellation apparait dans le débat public, alors que sa prédécesseur, Roselyne Bachelot, se déclarait favorable au dispositif. Soit dit en passant, cela lui aura valu une fin de non-recevoir en bon et due forme de son patron, le Premier ministre François Fillon.

Notre mémoire nous jouant parfois des tours, rappelons que Jacques Chirac avait autorisé la vente libre de seringues en pharmacie, désireux de diminuer notamment la propagation du SIDA. Si l'on remonte encore le fil de temps, l'emblématique Simone Veil (UDF), avait autorisé les premières « cliniques » où les héroïnomanes auront accès à la méthadone puis au Subutex. Les morts par overdose, diminuèrent ainsi de 79%.

Marisol Touraine veut aussi apporter sa pierre (socialiste) à l'édifice de la lutte contre la toxicomanie. Dans une salle à Paris, dont on ignore encore l'emplacement précis et la date de sa mise en oeuvre, les drogués pourront se faire leur injection, dans un endroit "propre et sous la surveillance de personnel médical".

"L'enjeu est de savoir si le dispositif parviendra à sortir de la clandestinité les toxicomanes et les amener sur le chemin de la désintoxication", assure Fabrice Verdier. Une mission compliquée, les toxicomanes étant, pour certains, en dehors de la société, difficile d'imaginer leur coopération au dispositif. "Les associations sauront faire de la médiation pour les sensibiliser", ajoute le député.

Les espoirs et les craintes

Dans l'opposition, quelques inquiétudes sont nourries. Pour le maire de Nîmes, Jean-Paul Fournier, c'est carrément la seringue sur le gâteau : "après la fragilisation de la famille avec le mariage pour tous, voila que l’exécutif donne un très mauvais signal dans la lutte acharnée que nous devons menez contre les trafics de drogue et leurs consommations, notamment par les plus jeunes". Et d'ajouter que le dispositif "encourage indirectement la toxicomanie et banalise l’usage de drogue, qui est, apparemment, toujours interdit par le Code pénal".

"M. Fournier est soit aveugle et sourd, soit hypocrite, rétorque Fabrice Verdier, et tout le monde s'accorde à dire que la toxicomanie a augmenté. La répression ne fait pas tout. La salle de shoot s'inscrit dans un large dispositif de lutter contre les drogues".

"On a peu mesuré les conséquences. Et à l’étranger, les résultats sont plus que mitigés", rétorque Jean-Paul Fournier. La France entend tenter elle-même l'expérience… Affaire à suivre !

Coralie Mollaret

coralie.mollaret@objectifgard.com

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