Publié il y a 11 ans - Mise à jour le 18.02.2013 - coralie-mollaret - 3 min  - vu 186 fois

NÎMES-TUNISIE : La Révolution dans les yeux de Mohamed Amani

Les yeux fixés sur l'autre rive de la Méditerranée, le Nîmois Mohamed Amani, suit de très près la Révolution du jasmin. Après l'assassinat de l'opposant et ancien camarade, Chokri Belaïd, Mohamed Amani appelle à la coordination de la société civile tunisienne afin d'organiser des élections locales. Une base solide, capable d'accoucher d'une véritable "démocratie". 

Dans ses yeux : la passion, l'émotion et une bonne dose de militantisme... Voilà ce que dégage le Nîmois Mohamed Amani. A 50 ans, cet ancien professeur tunisien s'est réfugié en France en 2006, après avoir traduit un livre qui avait fortement déplu au dictateur Ben Ali. Si quitter son pays natal n'a pas été chose facile, Mohamed Amani, engagé dans le secteur associatif gardois, continue de suivre l'actualité de ce petit pays du Maghreb, qui en 2010 s'embrasa soudainement après l'immolation de Mohamed Bouazizi. "J'y suis allé cinq fois depuis 2011". Date à laquelle le célèbre slogan populaire "Zenga, Zenga (NDLR : Dégage en arabe)", se traduit dans les faits, avec le départ de Ben Ali et de sa chère et tendre épouse pour l'Arabie Saoudite.

Avec l'Egypte, la Libye ou la Syrie, les printemps arabes ont été appréhendés avec émotion... avant que l'hiver islamiste ne fasse surgir quelques craintes. L'assassinat, le 6 février dernier, de Chokri Belaïd, opposant du parti de gauche. Les patriotes démocrates, fut pour Mohamed Amani, "un acte diligenté par les islamistes". Ces derniers se sentant menacés par "le musulman modéré" qu'était l'avocat Belaïd. "Pour Ennahda (nom du parti des islamiste en Tunisie) Chokri Belaïd empiétait sur leurs plates-bandes électorales (…) Musulman revendiqué, il expliquait que l'islam d'Ennahda n'avait rien à voir avec notre islam", expose le Nîmois, constatant que le voile revient vite à la mode.

En outre " Chokri Belaïd avait proposé des pourparlers avec les partis de l'Assemblée constituante (NDLR : Parlement tunisien) pour établir un gouvernement de technocrates, sans étiquette politique mais compétents", rajoute Mohamed Amani. Puisqu'il l'affirme aisément : "depuis le début de la Révolution, les mobilisations, manifestations, agressions et  autres répressions n'ont jamais cessé". Et de dénoncer : "la façade qui se présente en tant que démocratie mais qui n'est qu'un nouveau despote désireux de détruire la Révolution".

Elections "bidon". Les sources de l'actuelle crise politique tunisienne résultent des élections d'octobre 2011. "Toutes les élections ne sont pas démocratiques. Regardez en Russie... ", tient à préciser Mohamed Amani. Et de s'en prendre à la loi électorale qui "fixa les règles d'un mode de scrutin pourri où seules les grandes listes, organisées et financées, pouvaient se présenter au suffrage. Les candidats libres n'ont pas eu le droit de le faire…". Pour le Nîmois, la société civile revendicatrice n'étant pas organisée, la composition de l'Assemblée, n'a pas pu refléter les aspirations au changement du peuple.

"J'ai connu Chokri Belaïd. Nous avons milité ensemble lorsque nous étions étudiant. Et puis nos chemins ont divergé", explique le révolutionnaire gardois. Si le réformisme, avec l'introduction de ces fameux "pourparlers",  n'est pas la tasse de thé (à la menthe ?) de Mohamed Amani, ce dernier reconnaît que l'opposant proposait une idée qui aura pu faire bouger les lignes.

Appel aux Gardois. Si aujourd'hui le Premier ministre et membre d'Ennahda, Hamadi Jebali, entend proposer de nouvelles discussions entre les partis, Mohamed Amani n'est pas dupe : "c'est un faux-semblant (…) Il faut que la société civile, le syndicat UGTT qui rassemble 750.000 militants, se mobilisent afin d'organiser des élections locales, régionales puis nationales qui permettront ainsi d'établir une véritable démocratie", lance Mohamed Amani. Et d'appeler le peuple gardois et Français à "être solidaire" avec leurs voisins Tunisiens, loin des discours politico-politiques. Et qui sait, peut-être que l'hexagone aurait aussi à apprendre de ce mouvement...

Coralie Mollaret

coralie.mollaret@objectifgard.com

Coralie Mollaret

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