Publié il y a 11 ans - Mise à jour le 21.03.2013 - coralie-mollaret - 2 min  - vu 296 fois

SEMAINE DE LA FRATERNITE Comprendre et combattre les discriminations

Premier temps fort de la Semaine de la fraternité : la table ronde sur la citoyenneté et le vivre ensemble. Invités du débat : le sociologue Laurent Mucchielli, l'ancienne ministre de la santé Gorgina Dufoix; les préfets Jean-Christophe Parisot et Régis Guyot, Nourredine Boubaker, délégué régional de l'Acsé et Marion Barlges, jeune diplômée de Sciences Po, engagée en service civique.

Régis Guyot, préfet délégué à la lutte contre le racisme et l'antisémitisme

Au menu des discutions, les discriminations qui sont rappelons-le, punies par l'article 225-1 du code pénal ! Laurent Mucchieli a d'abord mis en avant un outil, le "testing" pour évaluer ces phénomènes.

Réalisée en 2007, une étude a mesuré la discrimination à l'embauche : un Français de nationalité, avec un nom et prénom  français devait envoyer 19 CV pour décrocher un entretien, contre 227 pour un étranger et 54 pour un Français avec un nom de consonance maghrébine.

Ces discriminations, selon la couleur de peau ou la religion réelle ou présumée, prennent leur racine "dans l'histoire sociale et politique des territoires", selon le sociologue. Et de mettre en avant, une minorité qui en tout temps est "porteuse de haine vis à vis de l'étranger". Pointée ici l'extrême droite au XIXème siècle contre les juifs, puis la fin de la guerre d'Algérie et l'immigration où le racisme s'est développé envers les arabes et aujourd'hui le bouc emissaire musulman.

La Fraternité, ce concept pourtant accolé aux frontons des bâtiments républicains est mise à mal. Les ghettos, qu'ils soient riches ou pauvres font cohabiter des catégories de personnes qui n'échangent pas, du moins, pas dans le quotidien. Pourtant, "l'échange permet à combattre la peur de l'autre par la connaissance", explique le préfet, Régis Guyot.

Dans son discours ponctué d'anecdotes, ce dernier, lourdement handicapé raconte : "imaginez, je suis à la caisse d'un magasin et un enfant demande à ses parents 'qu'est-ce qu'il a ce monsieur?' (…)  Si les parents lui disent tais-toi, ne regardes pas, l'enfant aura peur de moi. Alors que si ils lui expliquent, l'enfant pourra comprendre et n'aura pas peur".

Dans un contexte de crise, de mondialisation, le vivre ensemble reste la condition sine qua non à la "survie" de l'espèce humaine, pour l'ancienne ministre de la santé, Gorgina Dufoix, qui appelle à combattre "son côté sombre", présent en chacun de nous et désireux de faire prévaloir l'intérêt personnel ou catégoriel de l'intérêt général.

Sortir du "politiquement correct"

A la fin du débat, Laurent Muccheli sort du politiquement correct pour évoquer deux problématiques : "je vais faire une stratégie de rupture, comme l'appellent les avocats. On ne vit pas dans le monde des bisounours". Et d'appeler à "rentrer dans la réalité" pour pointer "la bêtise de la minorité intellectuelle (…) qui aurait le pouvoir de faire changer les choses (…) Cette islamophobie rampante est de droite comme de gauche. Elle est présente chez les journalistes et même chez les professeurs d'université". En outre : "je trouve insuffisante les mobilisations des politiques face à ces phénomènes", évoquant la non-existence "d'un ministère public ou d'une politique pénale ". Une politique qui ne pourra entrer réellement en application que si les victimes parviennent à briser la loi du silence.

Coralie Mollaret

coralie.mollaret@objectifgard.com

Coralie Mollaret

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