VIOLENCES SCOLAIRES "L'école est loin d'être un lieu calme", pour le pédopsychiatre Thierry Fouque.
Françoise* est inquiète. Le mois dernier, sa petite fille de 5 ans, refusait d'aller à l'école. "Nous avons déménagé il y a quelques mois. Ma fille, Anaïs, s'est subitement plainte de maux de ventre et m'a dit qu'elle voulait retourner à son ancienne école". Scolarisée dans le quartier nîmois du Mas de Mingue, la mère d'Anaïs finit par avoir le fin mot de l'histoire : "ma fille s'est faite agresser à l'école. Un de ses camarades a tenté de l'étrangler". Quelques jours plus tard, une autre mère du quartier de Pissevin, est en colère : "ma fille a reçu des coups de poings dans le thorax, ce n'est pas normal".
Les violences scolaires, un phénomène qui a toujours été et qui existera toujours, selon Thierry Fouque, pédopsychiatre. Le chef du service psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent au CHU Carémeau de Nîmes affirme néanmoins "que les violences scolaires ont tendance à augmenter dans les quartiers pauvres". Des zones où se concentrent de multiples difficultés économiques et sociales.
"L'école est loin d'être un lieu calme (…) C'est un lieu où l'on se mesure à l'autre", rappelle le spécialiste. Et de décrire les ambiances de la cour de récré où "les garçons se sautent dessus, jouent au catch comme ce qu'ils voient à la télé". Cette violence n'est pas forcément synonyme de pathologie : "au primaire, c'est très rare qu'il y ait l'intentionnalité de faire mal à l'autre. Ça peut être le cas au collège". Outre la démonstration de virilité, la violence dans le primaire peut aussi s'exprimer chez un enfant "victime". "C'est un peu la tête de turc d'un groupe. L'enfant a une faiblesse détectée par le groupe. Les enfants vont se moquer de lui pour le faire sortir de gonds et qu'il se fasse punir", rajoute le dr Fouque.
"Il faut que les parents, les enfants en parlent à un adulte de référence comme un enseignant", poursuite le spécialiste. Une veille nécessaire pour ne pas que ces bagarres se transforment en véritable violences intentionnelles, une fois arrivé au collège. Un univers -rappelons-le- impitoyable d'adolescents en affirmation identitaire, désireux de franchir joyeusement les interdits !
"Cela se travaille dès la maternelle", affirme Therry Fouque qui veut pointer la question des quartiers défavorisés et des différences qui existent dans notre société. "Sur 5 élèves arrivés au collège, 2 seulement accèdent a la seconde générale", alerte-t-il. Un échec scolaire entraine aussi des violences… Si il y a une lutte à mener, elle devrait commencer par là !
Coralie Mollaret
coralie.mollaret@objectifgard.com
* Les noms ont été changés.
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