Publié il y a 11 ans - Mise à jour le 08.04.2013 - coralie-mollaret - 2 min  - vu 294 fois

CHIBANIS. Une mission parlementaire s'intéresse aux vieux travailleurs immigrés du Gard

Denis Jacquat, président de la mission parlementaire. La députée gardoise Françoise Dumas.

Aujourd'hui une mission parlementaire fait escale dans le Gard pour évoquer la question des "Chibanis". "Première mission officielle du genre de l'Assemblée nationale", selon son président et député de Moselle, Denis Jacquat, l'objectif est de dresser un bilan de la situation de ces vieux travailleurs immigrés en France, et dans le Gard. Originaires du Maghreb, la France, dans ses années prospères d'après guerre, a fait venir massivement des travailleurs étrangers.

"Ces populations sont venues il y a quelques dizaines d'années pour travailler et envoyer de l'argent dans leur pays (…) Et nous avions pas prévu qu'ils ne retourneraient pas dans leur pays", explique le président de la mission parlementaire. A ses côtés, la députée gardoise, Françoise Dumas. Ensemble, ils vont auditionner, tout au long de cette journée, des acteurs de notre territoire, au contact de ses populations invisibles. "Ce qui nous a poussé à venir dans le Gard, c'est la particularité de ce territoire rural. En France, les Chibanis ont surtout travaillé dans des secteurs industriels (…) où ils étaient tous recensés", assure Denis Jacquat.

Dépression et tentative de suicide. 

"Dans le Gard, nous comptons 6293 étrangers de plus de 65 ans, dont 2983 Marocains et 1673 Algériens", introduit Jean-Philippe d'Issernnio, secrétaire général de la préfecture du Gard.  Sans foyer ADOMA, le département regroupe à la fois des Chibanis en milieu urbain et rural, avec des problématiques similaires : la précarité et les pathologies et surtout les difficultés d'accès à leurs droits, en raison d'une méconnaissance des rouages de l'administration publique.

Selon une étude de la MSA, conduite en 2008 : "Un tiers de ces vieux immigrés présenteraient des symptômes dépressifs, des maladies neurodégénératives. (…) Certains ont déjà fait des tentatives de suicide", évoque Johanne Mongrain, chargée de mission auprès du directeur régional de la cohésion sociale. En outre, "deux tiers ne sont jamais allés à l'école et un tiers ont des difficultés à communiquer en Français".

Repoussoir bureaucratique

"Aujourd'hui l'enjeu est de savoir comment on adapte nos services sociaux dans la prise en charge de ces situations", lance le président Jacquat, qui doit présenter d'ici la fin juin, un rapport au gouvernement. Pour Yvan Ferrier, directeur général adjoint du développement social au conseil général, le premier problème est l'information: "comment peut-on coordonner nos structures pour construire un système d'information ? (…) On renvoie des impressions, qui ne sont pas forcément fondées sur des constats. Et quand j'entends des études qui datent de 2008, c'est très bien, mais ça fait déjà quatre ans!"

Concernant l'accès au droit, Yvan Ferrier poursuit : "Il y a une certaine réticence chez les vieux immigrés à passer la porte des services sociaux. (…) Ne faudrait-il pas soutenir les associations pour qu'elles aillent à leur rencontre ?". L'effet "repoussoir" de la bureaucratie, "la barrière de la langue", et la numérisation des procédures administrativesAutant dire que la mission parlementaire a du pain sur la planche pour proposer des pistes, afin de rétablir dans leur droit ces travailleurs qui ont contribué à l'essor de la puissance économique française.

Coralie Mollaret

coralie.mollaret@objectifgard.com

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