FAIT DU JOUR Cévennes : remplir les barrages plutôt que les rivières
Le territoire gardois est connu depuis des siècles pour ses épisodes cévenols, caractérisés par des orages parfois violents et des pluies diluviennes souvent dévastatrices. Après le déluge de 1958 sur les Cévennes provoquant des inondations catastrophiques sur le département, une réflexion collective s'engage pour aménager des barrages qui permettraient de limiter les effets des crues en amont d'Alès, Bessèges et Sommières.
10 ans plus tard, un premier barrage naît de cette réflexion menée par les acteurs locaux, le Conseil général du Gard et les services de l’État. La construction de quatre ouvrages suivront les années suivantes, tous aménagés avec les savoirs-faire de la Direction départementale de l'équipement (DDE) et des ingénieurs publics de l’État. Leur vocation : écrêter les crues et assurer pour l'un d'entre eux un soutien d'étiage, c'est-à-dire être en capacité d'augmenter le débit d'un cours d'eau en période de sécheresse.
Trois barrages "à sec" se sont dressés au fur et à mesure sur le bassin versant du Vidourle : Ceyrac en 1968, La Rouvière en 1971 et Conqueyrac en 1982. Au-dessus d'Alès, deux autres ont été aménagés, d'abord en 1967 avec celui de Sainte-Cécile-d'Andorge suivi en 1977 par celui de Sénéchas, le plus grand du département. En 1955, le barrage des Cambous, situé en amont de la Haute-Levade, a été construit par les Houillères pour alimenter la centrale thermique du Fesc près de La Grand-Combe. Aujourd'hui, il est uniquement utilisé pour le soutien d'étiage et les activités de tourisme et de loisirs.
Conçus pour faire face à des crues centennales
Jusqu'en 2007, la DDE assure l'exploitation de ces barrages avant que celle-ci ne soit confiée au Conseil général du Gard qui met alors en place un nouvelle organisation avec une équipe dédiée à la "mission barrage" comprenant, sur chaque secteur, un surveillant habitant sur place. Sur le Vidourle, "les barrages écrêtent régulièrement" note Patrice Thomas, chef de service Eaux et rivières à la direction de l'eau, de l'environnement et de l'aménagement rural du Conseil général. Leur rôle est ainsi "particulièrement bénéfique pour la ville de Sommières, notamment en 2002 avec des crues qui ont dépassé les centennales" explique t-il. Pour preuve, le barrage de la Rouvière avait débordé à ce moment-là. Si les barrages remplissent pleinement leur fonction, "sur les phénomènes exceptionnels, l'eau prend sa place quand même" et l'aménagement n'aura plus d'efficacité. Si les épisodes pluvieux se produisent en-dessous des barrages, ces derniers ne présentent pas d'intérêt non plus. D'autant que leur construction a été réfléchie au regard de la catastrophe de 1958 "où il avait plu très haut dans les Cévennes" mais aussi en fonction de la forme de la vallée. Sur la partie haute du Gard, les barrages de Sénéchas et de Sainte-Cécile-d'Andorge ont été beaucoup moins sollicités "et jamais sur des volumes très importants".
Et la production d'hydroélectricité ?
Aucun des six barrages gardois n'a pour vocation de produire de l'électricité. "Nous ne pouvons pas leur faire jouer tous les rôles que nous voulons" justifie Patrice Thomas. Mais à l'heure où le débat autour de la transition énergétique et du développement des énergies propres et renouvelable bat son plein, des questions se posent chez les pouvoirs publics et les acteurs locaux. Pour y répondre, le Conseil général du Gard mène actuellement une réflexion pour un projet hydroélectrique sur le barrage de Sénéchas, le plus approprié pour une production d'électricité grâce à une hauteur de chute de 50 mètres de haut et une capacité maximale de 16 millions de m3. Le département se positionnera sur le sujet en 2014.
Elodie BOSCHET
elodie.boschet@objectifgard.com
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