LE PORTRAIT DU DIMANCHE Huit gendarmes nîmois partent traquer les chercheurs d’or en Guyane
« C’est une superbe expérience », témoigne Alain, 34 ans, gendarme mobile de l’escadron de Nîmes. Alain est l’un des rares militaires de la bande à s’être déjà rendu en mission en Guyane pour tenter de mettre un terme aux pratiques de chercheurs d’or - des orpailleurs - sans scrupules. Début février, ce trentenaire nîmois y retournera avec sept autres de ses camarades : Franck, Philippe, Maxime, Thomas, Cédric, Yoann et Zine. Mais une telle aventure se prépare.
Ce qui attend les huit militaires nîmois est digne d’un film d’action. Ils vont être plongés au cœur de la forêt amazonienne, dans un climat chaud mais très humide, et n’auront que deux possibilités pour se déplacer : la pirogue et leurs jambes. On oublie les voitures et les routes bien tracées. Là-bas, c’est forêt, fleuves et rivières, et rochers dissimulés dans l’eau pour compliquer la tâche des gendarmes. « Nous sommes obligés de faire appel à des piroguiers locaux. Ils sont impressionnants. Ils connaissent la forêt et les cours d’eau par cœur et se repèrent de jour comme de nuit. J’ignore comment… », reconnaît un militaire. Mais pour ne pas être trop dépendant, pour apprendre à piloter une pirogue, les huit casse-cou se sont entraînés toute la semaine à la base nautique du Grau-du-Roi sous les ordres du Commandant Hugues Caumette et de l’Officier nautique zonal Laurent Gigneys. Alternant théorie et pratique, les gendarmes mobiles de Nîmes sont désormais incollables sur leur embarcation, sur les règles de sécurité, sur l’écologie, la météo. Ils savent aussi naviguer, accoster, appareiller et secourir un homme qui serait tombé à l’eau.
L’autre danger, hormis les risques naturels, provient des orpailleurs. Sans foi ni loi, prêts à tout pour ramener chez eux quelques grammes d’or qui leur assurent quelques années de farniente, ces orpailleurs – majoritairement des brésiliens – sont de plus en plus organisés. Ils traversent les eaux guyanaises sur d’imposantes pirogues de plusieurs tonnes, armés, et prêt à faire feu en cas de danger. Pour contrer ces professionnels des « go-fast » à la sauce amazonienne, les gendarmes doivent constamment innover. Equipés de caméras thermiques, ils patientent dans la noirceur des nuits guyanaises, en silence, avec les cris parfois inquiétant des bêtes sauvages, à l’affut du moindre bruit de moteur.
Ce sera le quotidien des huit gendarmes de l’escadron de Nîmes. Les militaires resteront en Guyane pendant trois mois avant de rentrer en métropole où, enrichi par cette formidable expérience, ils prêteront main forte aux unités nautiques qui sillonnent les côtes gardoises durant l’été.
Tony Duret
tony.duret@objectifgard.com
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